Les paris sont ouverts, rien ne va plus! Aussi courus que parfois décriés, les jeux de casino ont fait des émules sur internet avec des sites entièrement consacrés aux paris liés aux jeux, à la loterie ou aux sports. Une industrie florissante depuis des années et qui semble promise à un bel avenir. C’est en tout cas l’avis de Vincent Mivelaz, analyste chez Swissquote.

«Les publications de résultats du deuxième trimestre sont en cours et promettent d’excellents chiffres pour l’industrie des paris sportifs. La Coupe du monde de football en Russie a donné un coup de fouet à la croissance de ce secteur. Ainsi, les revenus des jeux en ligne auraient progressé de 15% à plus de 20% pour les entreprises leaders durant la période, un excellent signal pour l’industrie, qui continue de maintenir ses marges au-dessus des attentes du marché.» La banque romande a dès lors lancé un certificat (équivalent à un fonds) dédié à cette industrie au sens large. Ce certificat «eGambling» regroupe quinze sociétés sélectionnées en fonction de leurs activités. Il comprend entre autres le groupe MGM, très actif dans le monde des casinos physiques et qui se recentre sur les mêmes activités en ligne, ou encore le groupe Ceasars. Mais il existe aussi dans le portefeuille des sociétés technologiques qui créent des plateformes informatiques pour les sites, comme Playtech, ainsi que les professionnels des paris en ligne 888 Holdings, sis à Gibraltar. Le panel est donc large.

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Sommes gigantesques en jeu

«Le potentiel de ce marché continue de s’accroître, suite, notamment, à l’abolition de l’interdiction des paris sportifs par la Cour suprême des Etats-Unis. Trois Etats ont déjà légalisé le domaine, le Nevada, le New Jersey et le Delaware, poursuit Vincent Mivelaz. Le marché américain est très important et les sociétés préparent leurs armes pour l’attaquer. Les marges bénéficiaires de cette branche ne vont pas s’éroder de sitôt. L’industrie des jeux se doit de constamment innover et les entreprises évoluent en conséquence. Nous sommes persuadés que l’industrie des paris en ligne a encore de beaux jours devant elle.»

Selon les estimations, le marché mondial a en effet généré 44 milliards de francs en 2016 et ce chiffre pourrait grimper à 82 milliards en 2022. On se rend compte alors des sommes gigantesques en jeu et surtout de leurs progressions potentielles. Il est à noter que 50% des gains de cette industrie sont pour l’instant engendrés par des sociétés installées en Europe, en majorité en Suède, au Royaume-Uni ou à Malte.

Un exemple chiffré et concret parle de lui-même, il s’agit des premières publications de Betsson AB, une société suédoise possédant 17 marques différentes et gérant des sociétés de jeux en ligne à croissance rapide. Les résultats sont retentissants. En effet, durant son rapport trimestriel, Betsson a annoncé des revenus de 148,5 millions de dollars, soit une augmentation de 14% par rapport au même trimestre en 2017, fortement stimulés par la Coupe du monde de la FIFA et ses activités en Europe de l’Ouest.

Avec des croissances de revenus pour ses activités casino en ligne et paris sportifs dépassant les 15%, l’EBIT du second trimestre de Betsson a augmenté de 45% par rapport au même trimestre de l’année précédente, atteignant 33 millions de dollars. Les investisseurs actifs sur le marché n’avaient alors pas tardé à réagir. L’action de la société a bondi de 19% à la suite de l’annonce.

Une croissance de 9% par an

Quant à la Suisse, elle suit un chemin quelque peu différent de ses pays voisins. L’évolution de l’industrie du jeu en ligne chez nous est effectivement spéciale, eu égard à la récente loi sur les jeux. Seules les loteries reconnues et les 21 casinos établis ont le droit de proposer des jeux en ligne. Reste que les montants moyens annuels dépensés jusqu’alors par les Suisses sur les sites étrangers avoisineraient les 200 millions de francs par an, avec des revenus bruts situés entre 20 et 30 millions pour les opérateurs. Soit dix fois plus que ce qu’enregistrent les jeux de la Loro, Sporttip et Totogoal, ainsi que nous l’indiquait il y a deux ans dans nos colonnes Jean-Luc Moner-Banet, le directeur de la Loterie Romande.

Pour conclure, l’analyste de Swissquote relève le parcours récent de «son» certificat. «Le certificat a subi une baisse. Elle est due essentiellement aux tensions entre la Chine et les USA, qui rendent les investisseurs méfiants sur les marchés. C’est un phénomène cyclique. Mais on peut estimer la croissance de ce marché à 9% par an ces prochaines années, ce qui démontre que le potentiel est vraiment là à moyen terme.» Vincent Mivelaz ajoute un point intéressant à relever pour les investisseurs potentiels au sujet des certificats: «Ceux-ci sont bien évidemment traités sur la bourse suisse SIX. Par conséquent, tout investisseur a la possibilité d’investir dans un certificat sans nécessairement détenir un compte chez Swissquote.»

EdouardBolleter
Edouard Bolleter