Le nombre de successions dans les PME romandes ne va pas cesser d’augmenter dans les prochaines années. Or, les entrepreneurs ou les indépendants qui se rapprochent de la retraite ont des questions plein la tête concernant ce proche avenir. Que vont-ils faire de leur entreprise, qui représente pour la plupart d’entre eux leur capital de prévoyance? Avant de cesser son activité ou de remettre son entreprise à sa famille ou à des tiers, de nombreuses options sont ouvertes. Et selon celles choisies, le début de «l’opération retraite» commence. Les questions successorales, fiscales, légales et financières, notamment, seront alors très nombreuses à régler durant de longs mois.Afin d’aiguiller ces chefs d’entreprise dans leurs démarches de prévoyance, nous avons interrogé deux experts de la banque Lombard Odier, Frédéric Praz, directeur de la clientèle privée à Genève, et Samuel Meylan, responsable du conseil juridique et fiscal pour la clientèle suisse chez Lombard Odier Patrimonia.

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Etre un jeune prévoyant

«Trois facteurs convergent en 2018 en ce qui concerne la transmission d’entreprise, et la période est particulièrement animée en la matière. Le premier facteur est la notion de «papy-boomer»: des milliers de PME vont changer de mains en Suisse ces prochaines années. L’impact sur l’économie locale va être très important. Deuxièmement, les marchés financiers et les taux négatifs péjorent les rendements espérés sur les actifs de prévoyance. Inférieurs à la moyenne historique, ils peuvent avoir un impact sur la valorisation des entreprises. Tous ces mouvements ont des conséquences sur les planifications financières. Cela exige de nous, en tant que banquiers, d’aborder le patrimoine de l’entrepreneur de façon globale, en intégrant notamment une gestion fiscalement efficiente, dont l’un des outils est la prévoyance, le troisième facteur. Ce sujet, qui paraît complexe et entraîne des débats souvent passionés, est pourtant primordial. Notre rôle de banquier consiste à expliquer clairement les enjeux aux entrepreneurs et aux indépendants.»

Comment procèdent-ils lors de l’analyse d’un cas particulier? «En règle générale, on trouve d’un côté l’entreprise et ses activités, et de l’autre, l’immobilier personnel ou lié à la PME. Au centre, nous prenons en compte la notion de prévoyance, qui doit permettre de sécuriser le patrimoine et qui va influer sur sa fiscalité. Tout entrepreneur se demande comment allouer ses actifs de la manière la plus efficiente possible pour obtenir le meilleur rendement après impôts. Son banquier est là pour lui amener son expertise. La transmission d’une PME est une période extrêmement importante pour les entrepreneurs car leur société est le fruit de toute une vie. Notre particularité est d’apporter des solutions de façon globale, en prenant en compte tous les paramètres concernant la famille, le patrimoine et l’entreprise.»

La nouvelle donne PF 17

Les spécialistes de Lombard Odier cernent les objectifs de chacune des trois thématiques, puis les structurent, poursuivent-ils. «Nous accompagnons les personnes pour trouver des solutions sur le calendrier ou le financement de la cession, par exemple. L’entrepreneur va-t-il rester encore actif dans la PME ou se retirer ? C’est un des critères à anticiper. Nous conseillons alors d’évoquer ces sujets spécifiques avec l’entourage proche et de façon anticipée car il faut éviter les mauvaises surprises. Nous sommes avant tout des banquiers privés mais nous avons les compétences et la capacité d’accompagner les clients sur tous les sujets en mettant en œuvre des solutions grâce notamment aux partenariats avec des fondations de prévoyance. Lorsque les sujets sont plus spécifiques, nous faisons appel à nos spécialistes, comme des fiscalistes par exemple.» Et quelles sont les nouveautés législatives à prendre en compte? «Les grandes nouveautés seront liées à PF 17 (soit la réforme fiscale des entreprises prévue par le Conseil fédéral, ndlr). Ces lois vont changer fortement le choix d’organisation des sociétés. «L’indépendant est imposé à 45%, contre 14% demain pour les sociétés. L’activité indépendante pourrait alors disparaître pour des raisons fiscales. La donne évolue pour la prévoyance aussi. Il y a notamment des discussions pour modifier les réserves héréditaires», détaillent Frédéric Praz et Samuel Meylan.

Les deux experts livrent leurs conseils aux chefs d’entreprise avec comme maître mot anticiper pour préparer une retraite paisible et économiquement confortable:

1- Ne pas rater le changement de train: en réallouant les capitaux dans les poches à plus fort potentiel de rendement après impôt. Un des principaux moteurs de performance, une solution de prévoyance du 2e pilier – notamment le Bel-étage et les plans 1e –  a souvent été sous-estimé avant la retraite et une classe d’actif, l’immobilier, est fréquemment surinvestie.

2- Etablir une feuille de route globale: fixer les principaux objectifs sur toutes les composantes (train de vie, famille, patrimoine privé, patrimoine entreprise, financement) et établir la meilleure stratégie pour les atteindre avec un banquier expert.

3- Se comparer à un nouveau benchmark: sur les actifs financiers, valoriser le banquier capable de délivrer une performance après impôts et frais améliorée, notamment grâce à des solutions financières innovantes. Se souvenir que la performance brute n’est pas un indicateur fiable de qualité de gestion, seule compte la performance nette (après impôts et frais).

4- Accorder sa confiance aux compétences, pas seulement au style ou au brand: s’adresser à un banquier à même d’appréhender l’ensemble des problématiques (famille, prévoyance, entreprise, crédits, conséquences fiscales, etc.) de conseiller et d’implémenter les solutions de gestion appropriées et personnalisées.

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Edouard Bolleter