Lumbago, hernie, migraines, cancer, burn out… Tout comme leurs employés, les chefs d’entreprise doivent parfois faire face à la maladie. Comment faire tourner sa PME en étant cloué au lit ? Comment communiquer la nouvelle à ses collaborateurs? Existe-t-il des aides? Et comment éviter la catastrophe ? La santé des cadres et des patrons a longtemps été un sujet tabou. Mais aujourd’hui, en Suisse romande, la parole se libère. 

La vie est d’ailleurs parfois très ironique. Eric Le Royer le sait mieux que d’autres. Le Vaudois de 60 ans aujourd’hui est un brillant chef d’entreprise spécialisé dans les technologies médicales visant à prévenir les risques d’accident cardio-vasculaires. Mais le 10 janvier 2016, alors qu’il se prépare à s’envoler le lendemain vers la Jordanie pour y rencontrer d’autres entrepreneurs, Eric Le Royer est terrassé par… un AVC. 

Comme beaucoup d’autres patrons, Eric Le Royer n’a eu aucun signe avant-coureur. C’est aussi très souvent le cas chez les victimes de burn-out: «C’est un monde qui bascule. Je ne m'étais absolument pas préparé à une cessation du rythme personnel et professionnel. Il a fallu changer de focus et le mettre sur mon corps plutôt que sur l’agenda. Mais aussi apprendre à envisager le futur différemment.»

Il s'ensuit de longs mois de convalescence: «La première semaine a amené beaucoup de doutes. Je n'arrivais pas à me projeter. Les médecins étaient très réservés sur le pronostic. J’ai dû ralentir le rythme de manière très drastique, mais aussi essayer de me projeter sur une vie différente. L’entourage privé et professionnel a été déterminant. Ils ont compris que je devais m’adapter et ils m’ont accompagné. Le fait de me sentir actif, même diminué, a été décisif.»

En effet, même depuis son lit d’hôpital, Eric Le Royer n’a jamais cessé de travailler. Entre deux thérapies, l’entrepreneur s'aménage trois heures  par jour d’activité professionnelle. Pourtant, quand la maladie joue les trouble-fêtes dans la carrière professionnelle d’un patron, c’est toute l’activité de l’entreprise qui vacille. De là à remettre en question la position d’Eric Le Royer dans l’entreprise? «Je me suis posé la question si mon AVC avait pu changer mon jugement. J’ai donc ouvert la discussion avec mon entourage professionnel. Je leur ai demandé de m’informer s’ils constataient un changement de comportement ou des incohérences. Si cela avait été le cas, je n’aurais eu aucun problème à me soustraire de mes responsabilités.»

Sept ans après l’accident et toujours éprouvé, l’actuel directeur général de Latitudes MedSolutions est toujours actif, mais à son rythme. Une certitude: cette épreuve a non seulement chamboulé sa vie, mais aussi sa manière de diriger: «J’ai une empathie plus grande envers les autres; j’arrive à mieux les comprendre.»

La série de podcasts «L’écho des CEO» vous est présentée par le Service juridique du Centre Patronal.

Mehdi-Atmani
Mehdi Atmani