C’est une jolie initiative lancée il y a une semaine par Pascal Meyer, «Loutre in Chief» de Qoqa. Face aux graves difficultés rencontrées par les petits commerçants en raison de la crise sanitaire du Covid-19, le fondateur de la société vaudoise d’e-commerce a eu l’idée de créer une plateforme, DireQt, avec pour l'heure le soutien de deux «mécènes», le Groupe Mutuel et Vaudoise Assurances. Les deux assureurs ont injecté chacun 1 million de francs. L’idée? «Le consommateur achète un bon de 100 francs, par exemple chez son boucher, qu’il payera 90 francs. Une fois l’achat effectué, le commerçant touchera, quant à lui, 120 francs», explique Pascal Meyer.

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Autre possibilité, qui concerne les commerçants qui ont dû cesser leurs activités (coiffeurs, garagistes, magasins non alimentaires, restaurants, etc.): un soutien sous forme de donations. L’acheteur ne bénéficie pas dans ce cas des 10% de réduction, mais le commerçant touchera directement cet argent, avec également un supplément de 20%. «Le commerçant est libre d’offrir une contrepartie valable une fois la pandémie terminée, mais il ne s’agit pas d’un bon différé. Nous ne pouvions pas le proposer, pour des raisons légales, car certains commerces pourraient malheureusement entre-temps faire faillite», précise Pascal Meyer.

Près de 1 million de francs de ventes

Ce dernier se dit surpris par l’ampleur du succès. Plus de 2000 commerçants ont demandé à être référencés sur DireQt, la plateforme comptabilise 270 000 visites uniques par jour et le chiffre d’affaires atteint par les commerçants frôle déjà le million de francs – environ 65% pour des achats et 35% pour des donations –, une somme à laquelle il faut encore rajouter les quelque 200 000 francs supplémentaires de soutien. «Au départ, nous avions pensé que les frais pris en charge par Qoqa s’établiraient aux alentours de 200 000 à 250 000 francs, mais ce sera sûrement beaucoup plus. Nous avions sous-estimé le temps qu’il nous faut pour vérifier et mettre en ligne les commerces, au nombre de 800 pour l’instant, ainsi que les frais bancaires, entièrement à notre charge», ajoute Pascal Meyer.

Reste que pour le patron de Qoqa, qui compte parmi ses amis un certain nombre de petits commerçants, il était exclu de ne pas agir face à la détresse de ces derniers. Mais comment a-t-il réussi à convaincre aussi rapidement la Vaudoise et le Groupe Mutuel à se muer en «sponsors» des petits commerçants? «J'ai contacté quelques membres du board, confie-t-il. Je leur ai dit qu’il fallait mettre en place quelque chose de grand pour aider, voire sauver, les commerces. En quarante-huit heures, ils m’ont répondu qu’ils étaient partants. C’est d’autant plus appréciable qu’ils sont actifs dans la même branche. J’ai appelé les deux CEO pour les prévenir, en leur disant que ce serait dommage qu’une histoire d’ego les empêche de participer et ils ont pleinement joué le jeu.»

D’autres demandes ont été faites auprès des dirigeants de plusieurs grands groupes. Pour l’heure, Pascal Meyer attend leur retour et travaille à faire connaître la plateforme en Suisse alémanique (15% des commerçants sur DireQt sont alémaniques). Quant au site de Qoqa, les affaires se poursuivent, mais différemment. «Nous avons dû complètement revoir nos offres, en particulier dans les loisirs et dans l’hôtellerie, ainsi que pour les produits impossibles à livrer car fabriqués en Europe. Certains produits marchent très bien, notamment les jeux éducatifs pour les enfants, et les vins. Nous avons donc augmenté la cadence sur les vins suisses!»

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Elisabeth Kim