En 2022, l’économie vaudoise devrait voir son produit intérieur brut croître de 3,2%. Bien qu’en repli par rapport aux 3,6% attendus en début d’année, la croissance devrait rester solide selon les dernières prévisions du Crea, publiées par la BCV, l’État de Vaud et la CVCI. L’année prochaine, le PIB vaudois devrait progresser de 2,5%. Le degré d’incertitude demeure cependant élevé: les conséquences du conflit en Ukraine, les effets des perturbations des chaînes logistiques liées notamment à la mise sous cloche de Shanghai, l’évolution de la situation sanitaire et les impacts du rebond de l’inflation sur l’économie mondiale restent difficiles à anticiper.

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Au niveau international, selon les premières estimations, les prix ont augmenté de 8% au premier trimestre aux États-Unis et de 6,2% dans la zone euro. En Suisse, la force du franc a permis de limiter le renchérissement, qui s’est établi à 2,1% sur trois mois. Selon les auteurs de la publication, les banques centrales américaine et européenne pourraient resserrer leur politique monétaire plus rapidement que prévu et la Banque nationale suisse pourrait leur emboîter le pas. 

Dans ses prévisions d’avril, le FMI table sur une croissance mondiale de 3,6% en 2022, contre 4,4% trois mois plus tôt. En Suisse, les dernières prévisions du Seco portent sur une hausse du PIB de 2,8% en 2022, soit 0,2% de moins que les estimations précédentes. Pour 2023, les prévisions sont stables à 2%. Avec une croissance attendue à 3,2% cette année et à 2,5% l'an prochain, le canton de Vaud s’en sort comparativement mieux.

Reprise dans tous les secteurs

Comment expliquer cette résistance et ce dynamisme? «Les conditions-cadres sont favorables, le chômage est bas et, surtout, l'économie est fortement diversifiée», énumère Jean-Pascal Baechler, conseiller économique à la BCV. «Ajoutons à cela la forte croissance démographique, qui soutient la consommation», complète Patrick Zurn, responsable économique à la CVCI. De son côté, Claudio Bologna, chef de projet pour Statistique Vaud, relève la faible part (- de 2%) des exportations et des importations entre le canton et la Russie et l’Ukraine. 

Après un rebond en 2021, la reprise devrait se poursuivre dans la majorité des secteurs. La chimie-pharma, les activités immobilières et les services aux entreprises devraient afficher une forte croissance (plus de 2%) cette année et l’an prochain. Malgré des obstacles toujours présents, l’hôtellerie-restauration devrait également connaître un rattrapage après un effondrement de l’activité en 2020, où près de 90% des employés ont été touchés par le chômage partiel. 

Dans les transports et les communications, une activité en forte croissance cette année pourrait laisser la place à une croissance modérée (de 0,5% à 2%) en 2023. À l’inverse, dans le commerce, une croissance modérée est attendue en 2022, suivie d’une forte progression l’an prochain. Les services publics et parapublics devraient croître de manière modérée cette année et la suivante. 

Dans l’industrie des machines et l’horlogerie, après une croissance modérée en 2022, un repli de l'activité (entre -2% et -0,5%) est possible en 2023. Quant aux services financiers et à la construction, ils pourraient voir leur activité reculer de manière limitée cette année, puis enregistrer une nouvelle croissance l’an prochain (à noter que le prix des PPE et des maisons individuelles a augmenté dans le canton de Vaud de plus de 30% depuis 2017). 

En ce qui concerne les préoccupations des entreprises, la situation économique générale arrive en tête, suivie du prix des matières premières, de la difficulté à recruter, de la concurrence, de la recherche de nouveaux clients et du niveau du franc suisse. «70% des entreprises industrielles sont préoccupées par le prix des matières premières, c’est un chiffre que nous n’avions jamais observé auparavant, relève Patrick Zurn. Plus globalement, on ressent une montée du protectionnisme et une certaine défiance vis-à-vis de la mondialisation. La crainte numéro un des entreprises reste le contexte international, sur lequel elles n’ont aucune emprise et avec lequel elles doivent composer.»
 

William Türler
William Türler