Détenue par le groupe Accor depuis 2016, la marque d’hôtels de luxe Fairmont Hotels and Resorts se plaît en Suisse et compte s'y installer durablement. Alors qu’elle assure depuis une quinzaine d’années la gestion du Fairmont Le Montreux Palace, elle a repris il y a trois ans le Kempinski à Genève. Rencontrée cette semaine dans le cadre du Montreux Jazz Festival, Mansi Vagt, Global Vice President de Fairmont Brand, nous donne son point de vue sur la situation du secteur hôtelier et sur les perspectives pour les années à venir. 

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Fairmont s’est historiquement développé aux Etats-Unis et au Canada. Votre objectif est-il désormais de vous étendre dans le reste du monde?

Les débuts de Fairmont remontent au 19e siècle avec des connexions au Canada et aux Etats-Unis. Nos racines et notre héritage sont ancrés en Amérique du Nord, où 56 de nos 82 hôtels sont établis. Dans les années à venir, grâce à notre reprise par le groupe français Accor, la balance va s’équilibrer. Nous allons devenir plus internationaux. Nous comptons actuellement 26 nouveaux projets en cours de développement dans le monde, notamment au Moyen-Orient, au Japon, au Vietnam ou en Corée du Sud.

Qu’en est-il de la Suisse?

Nous sommes connus pour donner une seconde vie à de grands hôtels iconiques, comme le Plaza à New York, le Savoy à Londres, le Peace Hotel à Shanghai, et bien sûr, le Fairmont Le Montreux Palace ou le Fairmont Grand Hotel Geneva, qui sont les deux hôtels que nous gérons en Suisse. Après deux années de quasi-arrêt en raison de la pandémie, nous sommes heureux de pouvoir enfin aller de l’avant. Avec ses paysages et sa nature, la Suisse ressemble beaucoup au Canada. Cela nous rapproche de nos origines et des valeurs que défendaient nos fondateurs.

Beaucoup d’hôtels peinent actuellement à trouver du personnel. Comment gérez-vous cette problématique?

C’est très difficile. Nous avons énormément de postes ouverts. Heureusement, notre réputation en tant qu’employeur est bonne, cela nous aide beaucoup. Par ailleurs, nous travaillons étroitement avec plusieurs établissements de formation, comme l'École hôtelière de Lausanne, où nous cherchons nos nouveaux talents. 

Avec le covid, la manière de voyager a évolué. Comment le ressentez-vous?

Nous sommes heureux que les gens soient à nouveau prêts à voyager. Il est vrai que c’est plus compliqué qu'auparavant. Les gens pensent davantage aux destinations plus proches. Nous observons actuellement une part plus importante de clients locaux ou en provenance de pays voisins. Ceci dit, je ne pense pas que nous allons perdre les voyageurs plus lointains. Les choses vont à nouveau se normaliser. 

Plus globalement, selon vous, comment va évoluer l’industrie hôtelière dans les années à venir?

On entend de plus en plus parler de «bleisure travel» (contraction entre business et leisure, ndlr.). Je pense que cette tendance va se renforcer. Les gens vont de plus en plus combiner les voyages d’affaires avec des moments de détente ou de visite. Cette manière plus hybride de considérer le travail a été renforcée durant le covid et je pense que cela va rester ancré dans nos mentalités. Une autre grande tendance est la recherche d’expériences authentiques. C'est pourquoi, dans chacun de nos hôtels, comme ici à Montreux, nous nous efforçons de faire rayonner la culture propre de la destination.

William Türler
William Türler