«C'était au mois d’avril 1996, sur la terrasse de mon appartement à Verbier.» Sur les quais de Lutry (VD), en cet automne 2022, Alain Nicod se souvient de la création de LeShop: «On s’est dit, avec Rémi Walbaum, qu’on allait créer la première épicerie «customized» dans l’histoire de l’e-commerce.» Il n’y avait alors aucun modèle. Etaient-ils visionnaires? «Non, tarés!»

Alain Nicod éclate de rire. En 1996, l’e-commerce n’existe quasiment pas. Un an plus tard, la première épicerie en ligne voit le jour en Suisse. Le début d’une aventure agitée: «C’était ubuesque! Quand on a ouvert, on a été surpris par les volumes et… le site a planté. On a donc fermé deux heures après avoir ouvert!» Vingt ans plus tard, racheté entre-temps par Migros, LeShop affiche près de 300 millions de francs de chiffre d’affaires, avant de disparaître: LeShop devient Migros Online en 2020.

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Depuis, Alain Nicod a enchaîné et lancé plusieurs entreprises: Nexthink, Châteauform’, Gamaya, Compex, VTX, et d’autres encore. Pionnier du capital-risque en Suisse, il a créé la société d’investissement VI Partners en 2002, une société dont il est toujours Managing Partner. Alain Nicod précise: «L’investissement en soi ne m’amuse pas. Ce qui m’amuse, c’est l’entrepreneuriat derrière. Avec une volonté commune à tous mes investissements: contribuer à un monde meilleur.»

L’entrepreneuriat, un «métier compliqué», dit-il, «et plein de contradictions. Il faut être à la fois attentif aux détails et visionnaire.» Et optimiste, aussi: «Purement mathématiquement, le choix d’être entrepreneur n’est pas bon. Il faut donc être optimiste.» Mais surtout, en supportant de perdre: «La peine de perdre 100 balles ne doit pas être plus grande que la joie de gagner 100 balles. Sinon, l’entrepreneur va être malheureux toute sa vie.» Et la Suisse est un pays idéal pour entreprendre, enchaîne-t-il. Avec un bémol, toutefois: il y a certes beaucoup d’argent en Suisse, mais trop peu de capital-risque. «Des queues de cerise par rapport à l’argent à disposition.» Un pays parfait, donc, mais encore perfectible.

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