Romandie Formation, la marque pilotée par le Centre Patronal (CP), principalement active dans les secteurs de la finance, des RH, du management et de la gestion de projet et Cursus Formation, une institution qui regroupe Virgile Formation, CRPM et CRQP, ont signé la semaine dernière un partenariat stratégique visant à réunir leurs compétences en une seule organisation. 

Les deux entités présentent d’ailleurs des profils similaires: chacune forme environ 3000 étudiants par année, compte une quinzaine d’employés et collabore avec un panel d’environ 300 professeurs. Elles réalisent respectivement 7 et 6 millions de chiffre d’affaires. Désormais réunis sous un même toit, ces deux acteurs deviennent ainsi un véritable poids lourd romand de la formation continue privée romande.

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Qu’est-ce qui a poussé ces deux anciens concurrents à unir leurs destins? Réponses avec Frédéric Bonjour (FB), membre de la direction du CP et responsable de Romandie Formation et Olivier Grangier (OG), directeur de Cursus Formation et futur directeur opérationnel des deux entités au sein du CP.

Pour quelle raison avez-vous choisi de marier vos entités respectives sous un même toit?

FB: Le secteur de la formation continue ne génère pas des marges importantes. Depuis 5 à 6 ans, j’ai acquis la conviction que les centres de formation qui ne parviennent pas à réaliser au moins 10 millions de chiffre d’affaires seront toujours à la peine. La croissance organique prend énormément de temps dans notre activité. Procéder à des acquisitions restait donc la meilleure option pour passer à la vitesse supérieure et atteindre ce seuil critique recherché. 

OG: Du côté de Cursus Formation, nous avons vécu le rapprochement avec Virgile Formation, du CRPM et du CRQP en 2020. Une première étape importante, mais insuffisante pour assurer notre avenir à long terme. De plus, nous appartenions jusqu’ici à la fondation Virgile. Or les fondations n’ont pas pour but de croître et de réaliser des bénéfices. Pour nous, il semblait évident que nous devions changer d’optique et unir notre destin à un partenaire privé doté de reins solides. Nous avons trouvé ce partenaire idéal avec Romandie Formation. De plus, la proximité de nos activités respectives nous permettra de bénéficier de nombreuses synergies.

Cette proximité ne présente-t-elle pas aussi un risque de cannibalisation de vos activités?  

FB: Non, je ne crois pas. Tout d’abord, il faut savoir que les deux marques garderont leurs identités propres, nous conserverons tous nos lieux de formation à Genève, à Fribourg, en Valais et dans le canton de Vaud, ainsi que l’ensemble du personnel en place. Cette union va notamment nous permettre de mieux remplir les classes et dégager des marges suffisantes pour investir au profit de la qualité et de nouveaux modèles de formation. 

Qui seront vos principaux concurrents désormais?

FB: En Suisse, il y a 3000 acteurs actifs dans la formation, dont 800 délivrent des brevets et diplômes. La concurrence est vive avec de nombreux acteurs privés. Sans oublier les universités et les HES qui proposent des DAS (Diploma of Advanced Studies) et des CAS (Certificate of Advanced Studies). Mais, cela ne nous empêche pas de collaborer avec les hautes écoles sur certains projets de cours et c’est très bien.

OG: Il est vrai que nous observons depuis quelques années un phénomène de mode pour les formations académiques et les CAS. Ces derniers sont souvent mieux valorisés par les entreprises qu’un brevet. C’est dommage car le brevet est l’aboutissement ultime d’un cycle de formation duale. De mon point de vue, le brevet souffre d’une volonté des filières métiers de mettre la barre trop haut. La preuve? Si le titulaire d’un CFC se lance dans l’obtention d’un brevet, ses chances de réussite ne dépassent pas 50%, contre 90% pour un CAS. Ces formations certifiantes dans la filière métier sont trop longues, trop chères et trop exigeantes. 

Vous allez donc diversifier votre offre de cours.

OG: Si nous réfléchissons aux dix prochaines années, les cours de préparation à l'obtention d’un brevet ou d’un diplôme existeront toujours. Mais à terme, nous sommes persuadés que la demande pour des formations plus proches des aspirations va beaucoup se développer. Ces formations seront plus courtes, moins onéreuses et plus numérisées. Nous voulons continuer de proposer des formations sur mesure aux entreprises qui le désirent. 

FB: Avec ce rapprochement, nous renforçons nos fondations pour bâtir un édifice solide et de qualité, pour que vive et se développe un grand centre privé de formation, piloté par l’économie. Cet élément est primordial car nos formations sont délivrées en grande majorité par des professionnels des secteurs concernés, qui sont confrontés au quotidien aux besoins des entreprises et des salariés. Au Centre Patronal, nous aimons rappeler aux dirigeants d’entreprises qu’ils doivent «se concentrer sur leur business et que nous nous occupons de tout le reste». La formation continue fait évidemment partie de ce service global proposé aux entreprises.

Vous évoquez le numérique, où en êtes-vous dans ce domaine?

OG: Chez Cursus, nous avons commencé avec le blended learning il y a plusieurs années, un concept qui mélange formation traditionnelle en présentiel et formation en e-learning. En 2022, nous avons repris toutes les activités de formation du groupe Amon afin d'accroître notre expertise dans le blended learning. Enfin, nous avons noué un partenariat avec Magma Learning, une start-up de l’EPFL, spécialisée dans l’IA. Donc, oui, nous sommes très actifs dans ce domaine et nous n’avons pas manqué le train.

FB: Dans un monde  où la digitalisation et l’innovation technologique redéfinissent constamment le paysage éducatif, cette union apporte à la nouvelle organisation la taille critique et les moyens d’investir dans des outils qui faciliteront l’apprentissage pour un public plus large. Le Centre Patronal compte poursuivre sa politique d’investissements et, pourquoi pas, acquérir d’autres centres de formation en Suisse romande ou en Suisse alémanique. Ce rapprochement nous aidera à atteindre nos objectifs dans ce domaine. 


 


 

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Thierry Vial