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La start-up s’installe au Biopôle d’Epalinges et se positionne sur un marché peu investi, celui des innovations en santé reproductive. Elle a levé 65 millions de dollars au printemps.
Alors que l’OMS estime qu’une personne sur six sera touchée par l’infertilité au cours de sa vie, Jean Duvall cherche à booster l’innovation dans ce secteur.
Darrin VanselowPublicité
Ce début décembre, Repronovo s’installe au Biopôle d’Epalinges. «Nous sommes ravis de rejoindre ce quartier, et sa communauté, et d’avoir enfin un bureau digne de ce nom», se réjouit Jean Duvall, CEO de la jeune entreprise active en santé reproductive. Fondée en 2021, elle a pour ambition d’être la première à commercialiser un médicament oral contre l’infertilité masculine.
«Alors que dans un couple, les problèmes de fécondité sont dus à 50% à un facteur masculin et à 50% à un facteur féminin, le traitement incombe presque toujours aux femmes. Or, d’après nos études, les hommes ne veulent plus faire peser un tel fardeau sur leur partenaire», explique la responsable d’origine américaine, installée en Suisse depuis plus de vingt ans.
L’un des médicaments de Repronovo ciblera les hommes présentant une mauvaise qualité de sperme ou un faible taux de testostérone. Ce marché est encore peu investi par les entreprises pharmaceutiques, qui ont jusqu’ici plutôt planché sur des tests de fertilité. Pourtant, «la prévalence de l’infertilité va continuer de croître, en lien avec nos modes de vie, l’environnement et la génétique», avertit-elle.
Pour lancer la start-up, Jean Duvall s’est associée à d’anciens collègues de Ferring Pharmaceuticals, à Saint-Prex, où elle a œuvré durant quinze ans: Joan-Carles Arce et BingMei Hao, qui ont pris les rôles de directeur médical et de directrice financière.
Les fondateurs ont choisi de travailler en équipe restreinte et de sous-traiter le travail de laboratoire afin de «se concentrer sur les tâches critiques». Ils ont opté pour la Suisse pour ancrer leur projet, une «base solide» pour s’attaquer en parallèle aux marchés américain, européen et asiatique, d’autant plus vu les tensions commerciales globales. La quinzaine d’employés de Repronovo se répartit entre le siège vaudois, un bureau à Barcelone, un autre à Copenhague, ainsi que des filiales au New Jersey et à Shanghai.
Une fois formée, l’équipe fondatrice s’est mise en quête d’actifs, se lançant dans un processus de sélection et de négociations. Jean Duvall garde confidentiels les montants pour lesquels deux molécules ont été acquises. La première (RPN-001), qui corrige les taux de testostérone chez les hommes, est issue du laboratoire du géant bâlois Novartis. La licence de ce candidat de phase 2 aux Etats-Unis a été rachetée à un spin-off nommé Mereo.
L’autre composé (RPN-002), aussi en phase 2, s’attaque à l’implantation embryonnaire et à l’adénomyose. Cette maladie est comparable à l’endométriose mais interne à la paroi utérine, similaire également dans sa prévalence (environ une femme sur dix touchée). «Donc un besoin énorme, et aucun traitement approuvé jusqu’ici», souligne la titulaire d’un diplôme d’ingénierie biomédicale et de droit. Cette molécule provient du laboratoire genevois Obseva, qui a fait faillite en 2024.
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Une levée de fonds de 65 millions de dollars, bouclée fin mai, doit faire progresser les deux actifs jusqu’en 2027. Cette opération a été soutenue par plusieurs capital-risqueurs européens dont le fonds d’innovation de Merck Serono, M Ventures, mais aussi Jeito Capital, en tant qu’investisseur principal.
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