«Etre physicienne permet d’explorer les limites de notre monde»

Si vous ne faisiez pas ce métier aujourd’hui, que seriez-vous?

Pour moi, être physicienne, c’est avant tout une occasion d’explorer les limites de notre monde. Si je n’exerçais pas ce métier, je serais sans doute exploratrice d’une autre manière.

Le premier argent que vous avez gagné?

Enfant, je vivais à Madagascar. Je ramassais des coquillages vides sur la plage où je plongeais pour en récupérer sous l’eau, afin de les vendre aux touristes.

Votre plus grand regret?

Je préfère transformer chaque regret en une occasion d’apprendre et de faire mieux la prochaine fois.

La qualité que vous admirez chez un dirigeant?

L’honnêteté.

Un homme ou une femme pour illustrer un nouveau billet de banque?

Claude Nicollier ou pourquoi pas Georges de Rham. En Suisse, il est peut-être surtout connu pour ses exploits en tant qu’alpiniste. Mais pour le reste du monde, il est avant tout l’un des plus grands mathématiciens du siècle dernier.

L’artiste dont vous aimeriez acheter une œuvre si vous en aviez les moyens?

Banksy.

L’entrepreneur que vous admirez?

Mon frère Mikael, évidemment, pour la manière dont il a su transformer le système de santé en région lémanique.

Un seul objet sur une île déserte, lequel?

Une machine à désalinisation.

Votre dernière fête mémorable?

Notre mariage, sur une plage en Corse. Bien arrosé, évidemment, et terminé au petit matin, tout le monde à l’eau... maillots optionnels, pour la plupart!

Si vous deviez quitter la Suisse, où vous installeriez-vous?

Quitter la Suisse, ça, je l’ai déjà fait à maintes reprises: d’abord pour le Pérou, puis pour Madagascar, la France, l’Angleterre et enfin les Etats-Unis. La prochaine fois, ce sera pour la Lune, évidemment.

Le dernier restaurant qui vous a impressionnée?

Si seulement j’avais le temps de profiter d’un bon restaurant! Mais, entre nous, je n’ai pas à me plaindre: le meilleur cuisinier du monde, c’est mon mari.

Votre moyen de transport de prédilection?

La trottinette.

La plus grande découverte de ces cent dernières années?

Nous avons toujours su qu’en tant qu’êtres humains notre place dans l’Univers était dérisoire. Mais avec la découverte de la matière noire, de l’énergie sombre et la possibilité d’un multivers, ce dernier siècle a révélé que même l’Univers que nous connaissons occupe une place dérisoire face à l’immensité de la réalité.

Qu’est-ce qui peut vous faire sortir de vos gonds?

C’est une attitude d’entitlement; il n’existe pas vraiment de traduction parfaite en français, mais s’attendre à ce que quoi que ce soit nous soit «dû» est, à mes yeux, un profond malentendu sur notre place dans l’Univers et sur la chance inouïe que nous avons d’y être.

Qu’est-ce qui vous fait peur dans le monde actuel?

Son artificialité.

Si Dieu existe, après votre mort, qu’aimeriez-vous l’entendre vous dire?

Si Dieu existe, j’aimerais qu’elle (car c’est forcément une elle) me dise qu’en réalité elle n’existe pas vraiment... tout en ayant, paradoxalement, le pouvoir de me révéler tous les secrets de l’Univers.