Installés à Nyon depuis la fondation de la société il y a un mois, Maxim Interbrick et Elshad Hajiyev travaillent depuis plus de deux ans sur leur solution: des multi-capteurs intégrés à des véhicules urbains comme les taxis et les bus qui sillonnent les centres-villes. «Nous utilisons le comportement particulier de ces véhicules comme un laboratoire tournant dans les villes, explique Maxim Interbrick, COO de Sparrow. Cela permet de se greffer à la routine de ces voitures pour ramener aux autorités des informations précieuses, qui leur manquent à l’heure actuelle.»

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L’objectif consiste ainsi à fournir des bases scientifiques précises qui pourront appuyer de manière chiffrée des décisions qui permettent d’améliorer la vie des habitants.

1 million de kilomètres parcouru par les taxi genevois

Tout a commencé en 2019, sans aucune visée écologique. Sous contrat avec une compagnie de taxis genevoise et grâce à un outil de géolocalisation d’un appareil électronique en temps réel, les deux collègues travaillent sur la possibilité d’afficher sur les écrans d’un taxi une publicité spécifique en fonction du lieu où il se trouve. «Nous étions très surpris d’observer qu’en deux mois, 300 taxis parcouraient près de 1 million de kilomètres dans le canton de Genève», raconte le cofondateur.

A partir de près de 10 millions de datapoints, ils obtiennent une carte avec le parcours des taxis de la compagnie. Cette représentation graphique leur donne l’idée d’utiliser les taxis pour mesurer la qualité des environnements urbains. «Nous en avons conclu que les taxis, les transports publics et les véhicules qui tournent en boucle étaient le meilleur moyen de mesurer ces paramètres. Nous avons donc créé le concept de Sparrow (moineau en français), en pensant à ce petit oiseau très adapté à la ville.»

Le projet pilote est lancé en novembre 2019 à Genève. Quelque 300 taxis sont équipés de tablettes dont les données sont utilisées pour mesurer la rugosité de la route, c’est-à-dire le confort de roulement. Cet indice IRI (International Roughness Index) constitue l’une des données de référence internationale en matière d’aménagement routier.

Selon Maxim Interbrick, énormément d’éléments influencent les mesures de la pollution. C’est pourquoi les capteurs de Sparrow fonctionnent en instantané – les données sont envoyées toutes les quatre secondes – et ne s’arrêtent pas à mesurer la qualité de l’air, mais se penchent aussi sur le bruit, l’état général de la chaussée, la température, l’humidité et plusieurs autres paramètres.

La ville, un organisme vivant

L’EPFL ainsi que la Haute Ecole du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (Hepia) soutiennent la start-up dans le développement de sa technologie, tandis que les discussions avec les villes et les pouvoirs publics visent à standardiser et à légaliser les procédés de mesure. «Il faut se donner les moyens de trouver précisément les sources de pollution pour la diminuer ou l’éliminer, conclut Maxim Interbrick. La ville est un organisme vivant qui a besoin de monitoring 24 heures sur 24.» Pour que Sparrow prenne son envol, il espère convaincre les autorités de villes suisses et étrangères que leur système innovant est plus précis et moins coûteux que les stations de mesure fixes.


L’avis de l’expert

«Sparrow va toujours chercher les meilleures technologies sur le marché pour les regrouper comme des briques de Lego dans un seul petit boîtier, explique Frédéric Dreyer, ingénieur à l’EPFL. L’équipe n’est pas là pour développer les sensors, mais pour les intégrer dans un écosystème régulé et normalisé.» Chef de projet au sein de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC), l’expert en gestion d’entreprise accompagne la société pour Innosuisse, un de ses principaux soutiens financiers.