«Nous souhaitons donner la possibilité aux étudiants de grignoter des produits locaux et à empreinte environnementale réduite entre deux cours grâce à un automate, pour un prix compris entre 2 et 4 francs. C’est dans cette optique que nous avons lancé l’année dernière notre start-up Déliss, qui signifie «démarche étudiante, locale, innovante, solidaire et sociale». Cet acronyme résume bien notre philosophie. Nous voulons démocratiser l’accès à une nourriture plus saine, qui s’adresse trop souvent à une population aisée.

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Si ces produits restent chers, c’est en raison de la marge importante que gardent les distributeurs. Avec mon équipe, nous avons décidé de «casser» ce système. Ensemble, nous avons approché les producteurs de la région et négocié un prix convenable pour les deux parties. Notre argument était le suivant: le profit n’est pas uniquement lié à la marge unitaire, mais à la quantité vendue, ainsi qu’aux rendements d’échelle. De plus, cela donne aux fournisseurs une excellente visibilité dans les institutions éducatives. Ces automates peuvent être vus comme une vitrine de leur savoir-faire. On y trouve par exemple des thés brassés localement, des jus de gingembre, des biscuits ou des cookies peu sucrés.

Dans beaucoup de start-up, les frais fixes peuvent représenter un problème. Par chance, nous n’en avons quasiment pas. Depuis le mois de décembre, nous comptons deux machines sur le campus de l’EPFL et une autre dans une résidence étudiante de la région lausannoise. Elles sont louées quelques centaines de francs par mois, pour des ventes mensuelles comprises entre 2000 et 4000 francs par machine.

En ce qui concerne l’avenir, je ne fais pas de plans sur la comète. A côté de ma start-up, je me spécialise dans le domaine de l’audit dans le cadre de mes études à HEC Lausanne, histoire d’avoir un plan B, dans le cas où mes projets entrepreneuriaux ne fonctionneraient pas. Lorsque j’aurai terminé ma formation, je transmettrai la gestion de Déliss à la relève estudiantine et je compte lancer d’autres sociétés, toujours dans le domaine de la durabilité. Ce qui me motive, c’est de pouvoir aider les gens.

La durabilité est devenue un thème important pour moi, en partie en raison de mes études. Nous abordons des modèles de pensée et des thèmes très spécifiques, par exemple sur la maximisation de l’utilité personnelle. Or j’estime que beaucoup de problèmes actuels pourraient être réglés si on ne pensait pas uniquement au profit. Il suffit d’un peu de bienveillance. Par exemple, j’ai mis énormément d’heures à développer ce projet et je n’aurai aucun mal à le léguer à d’autres dans quelques années. Dans l’immédiat, notre objectif est de croître en approchant notamment les hautes écoles spécialisées. Pour l’heure, l’argent gagné est entièrement réinvesti. Mais à terme, l’idée est que les futurs gestionnaires puissent dégager une rémunération pour en faire un véritable job d’étudiant.»

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