Cet hiver, Migros préparait sa grande offensive en matière d'énergie solaire. Le 21 juin dernier, premier jour de l’été, le géant orange en faisait l’annonce: avec des installations solaires par abonnement, sa nouvelle start-up nommée Rayo propose aux propriétaires de maisons individuelles une alternative à l'achat.

La mise en place d'installations solaires coûte généralement plusieurs milliers de francs et doit être remboursée sur plusieurs années. Migros veut la rendre abordable au plus grand nombre. Rayo promet un forfait «tout compris et sans frais d’acquisition». Le client paie un «montant mensuel fixe sur vingt ans pour sa solution solaire individuelle». Côté financement, «la Banque Migros étudie la possibilité de coopérer à l'avenir avec Rayo en tant que partenaire de financement. Des discussions sont en cours à ce sujet», explique une porte-parole. 

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Le géant orange voit un grand potentiel dans cette offre. Seuls environ 10% des quelque 1 million de maisons individuelles en Suisse disposent jusqu'à présent de panneaux solaires sur leur toit. C'est peu en comparaison européenne. «Avec Rayo, nous voulons combler cette lacune et proposer une solution solaire qui permette à la population suisse de réduire ses coûts d'électricité tout en améliorant son empreinte écologique.» 

Une offre dans toute la Suisse

Rayo a d'abord été lancé en Suisse alémanique. La Suisse romande et le Tessin devraient suivre prochainement. Pour ce faire, le réseau de partenaires sera continuellement étendu. Pour l'instant, Rayo a fait appel à trois entreprises pour la planification, l'installation et le suivi technique: Tritec-Winsun, Elektro Compagnoni et Greencover.

L'abondance d'électricité solaire supplémentaire produira aussi des excédents par moments. Un paramètre que Rayo a prévu dans son package: «Les clients reçoivent pour l'électricité produite en excédent ce que l'on appelle une rétribution de retour de leur fournisseur d'électricité local», explique la porte-parole. Des réflexions sont également en cours sur la manière dont l'électricité excédentaire pourrait être rachetée à l'avenir aux clients par Migros.

Par le biais de la société de commerce en ligne Galaxus, Migros propose également des accumulateurs à batterie. Cependant, l'entreprise ne révèle pas encore si ces produits seront également distribués avec le modèle d'abonnement solaire. Elle indique seulement qu'elle collabore avec des partenaires. En cas de besoin, une station de recharge électrique, fournie par Migrol, la filiale de distribution de carburant, sera également proposée pour les voitures électriques. Pour cela, Rayo et Migrol utilisent des synergies et des compétences au sein du groupe Migros.

Des mois de préparation

Les travaux préparatoires ont commencé il y a plusieurs mois. Début février, Migros avait déposé la marque Rayo auprès du registre suisse des marques et des brevets. L'objectif était déjà très ambitieux à l'époque: vente de cellules photovoltaïques, de modules solaires et d’installations complètes d'énergie solaire, achat et vente d'électricité ainsi que conseils en matière d'efficacité énergétique.

Pour un distributeur comme Migros, il y a beaucoup à gagner sur le marché de l'électricité solaire. La plupart des installations sont vendues par des installateurs ou vont directement aux maîtres d'ouvrage. En revanche, les sociétés commerciales ne sont toujours pas utilisées pour la distribution du photovoltaïque.

Migros n'est pas la première sur le marché à proposer une telle offre. Le projet rappelle fortement ce que le distributeur de meubles suédois Ikea propose déjà en Suisse et en Allemagne avec son produit Solstråle. En coopération avec Helion Energy, une entreprise du concessionnaire automobile suisse Amag, Ikea propose à ses clients des mini-centrales solaires pour leur propre maison. Dans ce concept, Ikea gagne sur la marge de distribution et se charge du marketing. Helion s’occupe de toute la partie opérationnelle, de la commande des marchandises à l'installation, la facturation et le service.

Le concept n'est pas forcément un terrain inconnu pour le géant orange. Avec son produit de téléphonie M-Budget-Mobile, il propose déjà des produits en rayon sous sa propre marque, mais avec un autre opérateur en arrière-plan. Le logo, l'image de marque et la commercialisation proviennent de Migros, le réseau de téléphonie mobile est exploité par Swisscom. Toutefois, le commerce des installations solaires, qui coûtent souvent des milliers de francs, est nettement plus délicat: Migros doit également répondre de ses centrales. En d'autres termes, le client part du principe qu'il conclut un contrat avec le détaillant lors de l'achat de l'installation solaire.

Ikea, un exemple négatif

Cela n'a pas très bien fonctionné pour les clients d'Ikea en Allemagne. La protection des consommateurs a mis en demeure le géant de l'ameublement, car il n'était pas le vendeur de l'installation solaire, mais en donnait l'impression. En effet, selon les défenseurs des consommateurs, la publicité, la correspondance par email lors du processus de commande ainsi que les documents de commande des installations solaires étaient trompeurs. Celui qui achète l'installation chez Ikea doit partir du principe qu'une entreprise aussi grande et solvable qu'Ikea se trouve derrière la commande, l'installation et la remise en état.

C'est également important lorsqu'on parle de garantie. Appliqué à la Suisse, cela signifie que si Migros fait de la publicité pour l'électricité solaire et les installations photovoltaïques dans un supermarché, elle doit préciser que le produit n'a que peu de rapport avec le détaillant, hormis le logo et la publicité. La start-up Rayo a été développée par Sparrow Ventures, une filiale de Migros. Migros détient 100% de Sparrow Ventures.

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.

Bernhard Fischer
Bernhard Fischer