«Tout a commencé le jour où j’ai rendu visite à ma meilleure amie, à Paris, où elle avait déménagé avec sa famille. J’avais à peine 12 ans. Dans son immeuble, il y avait un monsieur qui fabriquait des bijoux pour des défilés de mode. J’étais fascinée. A mes yeux, il incarnait un univers qui me faisait bien plus rêver que l’école. Il m’a prise en stage et m’a transmis sa passion, qui m’anime encore aujourd’hui. C’est donc presque naturellement que j’ai choisi de terminer mon gymnase à Portsmouth, en Angleterre, où j’ai étudié le design et la bijouterie. Mon papier artistique en poche, j’ai enchaîné avec l’Ecole des beaux-arts de Milan. Le Fashion Design pour être précise, où je me suis spécialisée dans les accessoires.

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C’est là, pour mon travail de diplôme, que j’ai commencé à créer des foulards. Un accessoire que j’adore et qu’on ne sait jamais vraiment comment porter. Pour diversifier son utilisation, je suis sortie de sa forme carrée habituelle pour en faire un grand rectangle de 2 mètres sur 70 centimètres, qu’on peut porter en paréo et sur lequel il est possible de raconter une histoire. Ainsi, du lac Léman à la ceinture de feu du Japon, en passant par les grandes plaines de Cuba ou encore les collines de Lisbonne, chaque pièce en satin de soie ou en cachemire a sa propre histoire. C’est mon tour du monde.

Car après avoir travaillé pour Chanel, à Paris, via des enseignes comme Goossens, Maison Michel et l’atelier Matart, qui imaginent des bijoux et divers accessoires pour la marque, j’ai créé la mienne en injectant toutes mes économies: Luna Ribes Sàrl. Le déclic est venu d’une phrase qu’une responsable de l’atelier me répétait souvent: «Fais-le maintenant; si tu attends, tu ne le feras plus!» Nous étions en 2017. J’avais 23 ans. Depuis, grâce aussi au soutien de mon frère, Dimitri, graphiste designer, j’ai pu élargir mon assortiment et mon réseau de vente en ligne. Côté foulards, j’ai eu la chance de créer celui de la dernière Fête des vignerons. Je conçois également des bijoux, des sacs à main, des ceintures, des bougies. Des pièces uniques que je personnalise sur demande. Ma particularité est de travailler en circuit court. Et si le 100% Swiss made n’est pas possible, je déborde juste sur le nord de l’Italie ou le sud de la France.

Je peins aussi. Des portraits de jeunes femmes dont l’expression est concentrée dans les yeux. Des tableaux de toutes dimensions que j’ai eu la chance d’exposer avec un joli succès à New York, à Saint-Tropez et récemment au Millennium de Crissier. Sur des objets aussi. Naguère, j’ai par exemple réalisé le packaging pour le restaurant d’Edgard Bovier, à Lausanne. Je décore aussi des intérieurs. Des appartements, celui du chanteur Bastian Baker notamment, ou des lieux publics. Un restaurant à Bulle, un autre bientôt sur les hauts de Montreux, une clinique privée à Lausanne, etc. Un autre projet me titille: créer une ligne de prêt-à-porter. Mon rêve de petite fille est devenu un super job…»

 
Christian Rappaz, journaliste
Christian Rappaz