Les efforts de durabilité n’épargnent aucun secteur, pas même l’argent liquide. En témoigne l’événement organisé fin juin par Koenig & Bauer Banknote Solutions, leader mondial de l’impression des billets de banque. La société lausannoise, rachetée en 2001 par l’allemand Koenig & Bauer, dévoilait une nouvelle génération de machines baptisée Aktina. «Nous avons consacré ces cinq à sept dernières années à développer une plateforme révolutionnaire et flexible, qui permet aux imprimeurs et aux banques centrales d’adapter les différents modules selon leurs besoins», explique Andreas Plesske, CEO au siège de Koenig & Bauer, à Würzburg (D).

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Innovations technologiques au service de la sécurité 

Parmi les innovations technologiques mises au point par la filiale vaudoise du groupe coté à Francfort: une gestion plus économe de l’application des encres sur les billets (fournies par Sicpa), intégrant des éléments de sécurité complexes comme des motifs holographiques ou des encres changeant de couleur. Avec sa nouvelle génération de machines, Koenig & Bauer, qui affichait un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros en 2023 – dont les deux tiers environ proviennent du secteur de l’emballage, son activité principale –, assure réduire les coûts de la production de billets de banque tout en renforçant la sécurité face aux contrefaçons.

De quoi conforter la position de numéro un de Koenig & Bauer, dont les machines produisent neuf billets de banques sur dix dans le monde. Et contrairement aux idées reçues, l’argent liquide est loin d’être en bout de course. «Avec une croissance d’environ 4% par an, le nombre d’espèces en circulation n’a jamais été aussi élevé, relève Stephen Kimmich, CFO. Certes, les paiements numériques sont de plus en plus populaires en Suisse, mais dans le reste du monde, l’argent liquide ne va pas disparaître. Bien au contraire.»

Fait méconnu: sur le Vieux-Continent, seuls environ 23% des billets de banque sont utilisés pour des transactions. «Une grande partie des billets sont conservés à la maison, observe Mark Stevenson, Market Development Manager chez Koenig & Bauer Banknote Solutions. Le réflexe de faire des réserves en cash, en particulier dans des périodes d’incertitude, est universel. Ainsi, dans les pays affectés par une crise financière, la priorité des ONG n’est pas d’amener de la nourriture mais de l’argent liquide.»

L'utilisation des distributeurs en Suisse, une pratique en baisse

Autre chiffre qui explique la vitalité du secteur des billets de banque, le fait qu’environ 40% de la population mondiale n’a pas de compte bancaire et effectue exclusivement des transactions en espèces. Sans compter que les bancomats, environ 3 millions d’appareils dans le monde, sont souvent trop onéreux pour être installés à grande échelle. «Dans de nombreux pays émergents, la tendance est aux ‘ATM virtuels’. A savoir des commerces auprès desquels les gens peuvent retirer du cash. On estime à 20 millions le nombre de commerces et de restaurants qui distribuent ainsi de l’argent en espèces.»

Une tendance qui pourrait aussi s’accroître en Europe. Selon les estimations de SIX, qui gère environ 5500 distributeurs automatiques de billets pour le compte des banques en Suisse, l’exploitation d’un bancomat coûte plus de 30'000 francs par an. Une machine peut traiter jusqu’à 150'000 transactions par an, mais la majorité des distributeurs en Suisse sont utilisés moins de 20'000 fois par an. Un chiffre en constante baisse.

Selon les calculs de SIX, deux bancomats sur trois pourraient disparaître dans notre pays.

De quoi donner des ailes à des start-up comme la fintech zurichoise Sonect, qui a développé une app qui permet des retraits en espèces auprès de 2300 commerces en Suisse, dont Migros. «Une étude de la BCE a mis en lumière le fait que la majeure partie de l’empreinte environnementale des euros est liée à la consommation d’énergie des distributeurs de billets et au transport de fonds. Les autorités européennes souhaitent des solutions plus durables», ajoute Mark Stevenson.

Pas de quoi inquiéter Koenig & Bauer, qui entend bien se profiler sur tous les maillons de cette nouvelle chaîne de distribution de billets, notamment via son application ValiCash, qui permet de vérifier l’authenticité des billets de banque.