«J’ai toujours vécu dans la région de Morges, où je suis né. Après le gymnase, j’ai voulu faire un break. J’ai décidé d’entreprendre un voyage à vélo entre Lausanne et Kuala Lumpur. Cette expérience m’a énormément appris, notamment à aller au bout des choses. Je pense que c’est une des meilleures résolutions que j’ai prises dans ma vie. A mon retour, j’ai commencé mes études à la Haute Ecole de travail social et de la santé de Lausanne. C’est dans ce cadre que j’ai créé Elderli.
En m’intéressant à la question de l’habitat des seniors, je me suis rendu compte que la cohabitation intergénérationnelle pouvait répondre à beaucoup d’enjeux en lien avec le vieillissement. J’ai constaté que ce concept marchait très bien en France ou en Allemagne, mais qu’il avait de la peine à se mettre en place en Suisse. J’ai mobilisé les principaux acteurs intéressés et chacun a apporté sa pierre à l’édifice pour adapter le modèle existant. Comme j’ai toujours eu une fibre entrepreneuriale, j’ai décidé de poursuivre la démarche et de fonder une start-up.
Au début, en tant qu’étudiant, on me donnait peu de crédit. Je n’avais pas assez de temps à disposition. C’était compliqué. J’ai participé à différents concours, jusqu’à ce que je réussisse à obtenir un financement de 150 000 francs du programme Bridge d’Innosuisse et du Fonds national suisse, qui m’a définitivement permis de lancer mon projet. L’objectif est d’aider les seniors souhaitant sous-louer une partie de leur logement à des jeunes. La première étape consiste à aller les rencontrer pour connaître leurs attentes. Certains le font parce qu’ils ont besoin d’argent, d’autres pour avoir de la compagnie, de l’aide ou pour se sentir plus en sécurité.
Je pose toutes les questions possibles et imaginables pour trouver le bon candidat. Cela permet aussi à la personne âgée de se projeter. Ensuite, je rencontre le jeune et s’il accepte les règles, j’organise une rencontre. Si cela se passe bien, la cohabitation peut commencer. A ce jour, j’ai mis en place environ 70 collocations, principalement dans le canton de Vaud, où Elderli est pleinement intégrée à la politique de la vieillesse «Vieillir2030». Je collabore aujourd’hui avec un associé et nous avons pu engager à temps partiel deux collègues qui s’occupent du développement des activités en Valais et de la communication. En ce qui me concerne, je me consacre entièrement à ce projet.
L’un des principaux défis est que nous travaillons avec des gens, ce qui amène beaucoup d’imprévisibilité. Mettre en place un modèle d’affaires viable n’a pas été simple. Au départ, j’avais surestimé la longueur des collocations. Elles durent en moyenne une année. Les frais mensuels s’élèvent à 90 francs de chaque côté. Ma plus grande motivation vient de l’impact social que génère mon projet: voir des gens contents, qui peuvent rester quelques années de plus chez eux, parler avec leurs enfants qui sont rassurés ou avec des étudiants qui peuvent se loger à moindres frais. En plus, ce projet me permet de mettre en avant l’innovation sociale, qui n’est pas assez reconnue en Suisse.»
1994
Naissance à Morges d’une mère éducatrice de la petite enfance et d’un père ingénieur.
2014
Il réalise un voyage à vélo entre Lausanne et Kuala Lumpur.
2022
Obtention d’un financement de 150 000 francs du programme Bridge d’Innosuisse et du Fonds national suisse.