Bonjour,
Le leader suisse d’e-sport change de nom, abandonnant les initiales du fondateur controversé. Un repositionnement qui s’accompagne d’un déménagement vers un nouveau siège à Genève.
Plus de la moitié des employés de la structure sont des e-sportifs professionnels, de jeunes hommes qui s’entraînent quotidiennement.
Esport World CupPublicité
La plus grosse équipe suisse d’e-sport opère sa mue. Annoncée fin juin sur les réseaux, cette «nouvelle ère» voit la cinquantaine d’employés de Team BDS, dont une trentaine d’e-athlètes et coachs, ôter leur maillot rose et bleu. Ils abandonnent aussi les trois lettres qui les désignent depuis le lancement du club, en 2018. Basée à quelques encablures de l’aéroport de Genève, la structure active sur les franchises phares League of Legends (LoL) et Rainbow Six se nomme maintenant Shifters. Elle dévoilera officiellement sa nouvelle identité début décembre.
«Avec cette transformation, nous voulons donner un ancrage plus local à notre équipe», explique Jocelyn Roux, directeur juridique de l’entreprise. Les nouvelles couleurs et le nouveau logo – en pleine finalisation – orneront d’ailleurs un espace flambant neuf au centre-ville de Genève, «d’une taille de 730 m2 à Bel-Air. Il est actuellement en train d’être aménagé. Nous espérons l’inaugurer avant la fin de l’année», poursuit l’ancien footballeur professionnel. L’immeuble du quartier de Cointrin, abritant le bureau actuel, doit être transformé en logements.
Si l’aménagement du nouveau siège social de Shifters sera absorbé dans les frais de déménagement, la création de la nouvelle identité visuelle et ses nombreuses déclinaisons – en ligne, sur les réseaux sociaux et sur les articles promotionnels – «devrait se chiffrer à près de 300 000 francs», estime Jocelyn Roux. Et de préciser que bien des chantiers de la transformation ont pu être menés en interne, allégeant sensiblement le budget qui y est alloué.
C’est la plus grosse somme jamais remportée par l’équipe, en août 2024, en s’arrogeant la 3e place du classement Club Championship Points, grâce à deux victoires lors des tournois «Rainbow Six Siege» et «Rocket League».
La direction a évolué également avec la nomination d’un nouveau CEO, Alexandre Lopez, qui a pris ses fonctions au début de l’été. Pour rappel, la refonte de l’identité de l’entité fait suite au retrait, il y a un an, du mécène, millionnaire et fondateur de la structure, Patrice Bailo de Spoelberch. L’héritier de l’empire brassicole belge AB InBev a quitté le conseil d’administration peu après la publication de propos antiavortements sur X, entraînant l’annulation d’un tournoi organisé par BDS au Bâtiment des Forces motrices (GE) à la suite du désistement de ses têtes d’affiche. Il continue toutefois à soutenir la structure en tant que bailleur de fonds.
Fonctionnant avec un budget annuel d’un peu plus de 6 millions de francs, Team BDS tire environ 10% de ses revenus de sponsors, comme le concessionnaire Amag ou le fabricant de périphériques Logitech. «Le marché suisse manque toutefois de maturité à ce niveau, en comparaison avec ceux de l’Allemagne ou de la France», déplore Jocelyn Roux.
Publicité
L’autre pilier de ses recettes provient des prix en espèces liés aux victoires des e-sportifs, un volet «qui a gagné en importance, en particulier depuis l’avènement de l’Esports World Cup (EWC) en Arabie saoudite», précise le responsable.
Au regard des jeux ciblés, la structure a récemment misé sur Call of Duty: Warzone ainsi que sur les échecs en ligne. Shifters compte développer deux autres piliers d’activité. D’une part, la société se lance dans la philanthropie en créant l’association Play&Share, qui installera des lieux de gaming dans les services de pédiatrie. D’autre part, elle veut proposer du conseil en matière d’e-sport aux marques suisses et européennes.
Publicité