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Next Gen

«Je veux saisir l’opportunité de démocratiser les robots en Suisse»

Alessandro Ferrante mise sur H-Robotics pour accélérer l’arrivée des robots de nettoyage en Suisse. De ses premiers projets d’adolescent jusqu’à ses collaborations avec de grands établissements, il raconte comment il veut démocratiser la robotique dans un marché encore réticent.

Tiphaine Bühler

Alessandro Ferrante

Alessandro Ferrante, fondateur de H-Robotics.

Roman Devuyst

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«J’ai eu mon premier robot vers 10 ans. Je ne pensais pas en faire un business plus tard. L’esprit d’entrepreneur m’est venu lors de ma scolarité à Champittet. Avec le programme Graines d’entrepreneurs, on nous a poussés à réfléchir plus loin. A 15 ans, nous avons créé avec des potes Garden up, une application qui vous dit comment soigner vos plantes. C’est resté à l’état de travail d’étude, mais c’était une bonne expérience.

Par la suite, à l’EPFL en génie mécanique, j’ai fait un projet pour récupérer les gobelets réutilisables des automates à café. Ma machine les triait, les lavait et rendait la consigne aux utilisateurs. Le concept a été présenté à l’EPFL et au fabricant d’automates à café. Il a plu, mais je n’ai pas obtenu de fonds pour démarrer.

Parallèlement, pendant le covid, mon père a acheté un robot serveur pour la famille, Pudu Bot, et j’ai réalisé mes premiers tests sur des robots avec lui. Par la suite, mon frère et moi avons imaginé proposer de la location de robots serveurs pour des événements. Le business model n’était pas idéal car, en Suisse, remplacer une personne par un robot est encore mal perçu.

Lorsque j’ai obtenu mon bachelor en 2024, j’avais  le choix de décrocher un job de salarié bien payé ou de lancer ma propre entreprise pendant mon master. J’ai choisi cette deuxième option. J’avais deux ans pour me donner à fond et saisir l’opportunité de démocratiser les robots en Suisse. J’ai alors monté H-Robotics avec mes proches, une société qui implante des robots de nettoyage de sol. Très vite, ma copine, qui a étudié le droit à Fribourg, nous a rejoints pour les contrats de location ou d’achat des machines. On a donc réactivé les liens avec les fournisseurs de robots qui nous ont beaucoup soutenus.

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Notre premier client a été le Beau-Rivage Palace à Lausanne. J’avais 24 ans. Je tremblais sur tout le chemin avant ma présentation, mais le directeur m’a mis en confiance. J’ai fait une analyse pour optimiser leur processus de nettoyage avec les robots. L’économie d’eau de l’ordre de 50% a été déterminante. Le rendement du robot aussi. La machine nettoie sans cesse avec la même constance et la même précision et elle permet surtout d’assurer des tâches où la main-d’œuvre est difficile à trouver. En trois mois, les trois robots du Beau-Rivage ont nettoyé 300 000 m2. Un collaborateur reste à proximité mais il peut faire autre chose pendant ce temps.

Nous avons placé d’autres robots chez d’autres clients comme ISS World, le CHUV, Jaeger-Lecoultre et l’Hôtel des Innovations à Fribourg. Nous collectons aussi les données pour améliorer nos robots et nous collaborons avec Embodied AI Integration, un spin-off de l’EPFL, pour placer des capteurs et des caméras sur la machine, afin qu’elle puisse prendre de meilleures décisions.

Après quelques mois, j’arrive à verser de petits salaires à l’équipe. Les robots sont stockés dans la cave de mes parents et on utilise leur voiture pour aller faire nos démonstrations. C’est presque une aventure familiale. Le plus dur, c’est de ne pas paniquer quand il y a un creux dans les ventes. Dans ce genre de cas, j’ai appris qu’il ne fallait jamais forcer une signature, mais rester patient.»

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Bio express

2015
A 15 ans, il crée le projet Garden up, une app pour prendre soin de ses plantes.

2022
Son père achète le premier robot de service pour la famille. Il servira pour ses premiers tests.

2024
Il fonde H-Robotics avec son frère et son père. Une aventure quasi familiale.

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