Les commerçants, qui n'ont pas eu de mal à écouler leurs stocks à la rentrée ou à Halloween, se préparent à une nouvelle frénésie d'achats dès ce vendredi, pour la traditionnelle journée de grosses promotions suivant la célébration de Thanksgiving, le "Black Friday".

Les récentes hausses de prix ne semblent pas les effrayer outre mesure, même si l'essence a bondi de 60% sur un an ou que le repas de Thanksgiving devrait coûter 14% de plus qu'en 2020, selon le syndicat agricole American Farm Bureau.

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"Tout indique que les consommateurs américains cherchent à célébrer la saison des fêtes (...). Ils ont juste envie de retrouver leur famille et leurs amis", a assuré le patron de la chaîne de supermarchés Target, Brian Cornell, la semaine dernière.

Après tous les problèmes logistiques des derniers mois, les grands groupes de distribution comme Walmart ont affirmé avoir suffisamment de stocks pour que le sapin soit bien garni.

Il manquera peut-être des objets particulièrement prisés, comme certaines consoles de jeux ou des produits électroniques Apple spécifiques.

Un peu moins de choix

Les clients "ne trouveront pas forcément leur premier choix", a ainsi prévenu le patron de la chaîne de chaussures de sport Foot Locker, Richard Johnson.

Mais "si la taille, la couleur ou le style qu'ils veulent ne sont pas disponibles, ils ont montré une réelle capacité à continuer leurs recherches et, avec l'aide de nos vendeurs, à trouver un produit qui leur convient", a-t-il ajouté.

La question de savoir s'il y a aura des jouets à Noël a fait surface dès cet été et a pris de l'ampleur alors que les goulots d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement ne se résorbaient pas.

La Maison Blanche est même intervenue en octobre pour annoncer que deux grands ports de la côte ouest allaient étendre leurs horaires de travail. Le nombre de conteneurs séjournant sur les quais du port de Los Angeles, le plus important des Etats-Unis, a drastiquement diminué depuis.

D'autres problèmes restent à résoudre, comme le manque de chauffeurs de camions ou de manutentionnaires dans les entrepôts, souligne toutefois Jen Blackhurst, spécialiste des chaînes d'approvisionnement à l'Université de l'Iowa. Il pourrait ainsi y avoir des retards dans les livraisons.

"Je ne pense pas qu'il y aura des pénuries massives (...), mais je ne pense pas que la saison des fêtes sera complètement normale non plus", dit-elle.

La fédération américaine des commerçants (NRF) s'attend à une hausse des ventes de 8,5% à 10,5%, soulignant que le résultat final dépendra de la capacité des commerçants à remplir les espaces vides dans leurs étagères.

Restrictions sanitaires ?

Les grands groupes ont employé les grands moyens pour minimiser les perturbations, important les articles plus tôt, utilisant des avions, affrétant même parfois leurs propres bateaux.

"On a trouvé des solutions", a résumé le patron de la maison mère des magasins de vêtements et décoration TJ Maxx, Ernie Herrman. "Cela ne veut pas dire qu'on ne paie pas des tarifs élevés. Mais les équipes ont déniché des façons de faire venir les biens."

Certains magasins comme Walmart et Target ont assuré qu'ils ne feraient pas payer l'augmentation de leurs coûts aux consommateurs. TJ Maxx a adopté une approche "au cas par cas" et augmenté le prix de certains produits.

D'autres chaînes comme les grands magasins Macy's ou les articles de cuisine Williams-Sonoma ont éliminé les ristournes.

Macy's a mené plus de 400 tests pour déterminer quand les clients acceptent ou non les augmentations de prix.

Élément inhabituel, les hausses des prix touchent aussi les achats en ligne, qui selon le site Adobe pourraient représenter 25% des ventes sur la période des fêtes cette année.

Avant la pandémie, les tarifs des articles disponibles sur internet tendaient à reculer, participant ainsi à une relative stabilité du panier de courses. Depuis juin 2020, ils augmentent chaque mois.

Pour Neil Saunders, spécialiste de la distribution au cabinet GlobalData, l'inflation "affecte vraiment la capacité des consommateurs à dépenser", mais son impact devrait se ressentir plus sévèrement en 2022 que dans les semaines à venir.

Le Covid-19 ne devrait pas non plus, avance-t-il, freiner leur enthousiasme, les Etats-Unis ne semblant pas disposés à prendre de nouvelles mesures de restrictions sanitaires comme en Europe. "Beaucoup de gens vont tout simplement dire qu'il y en a assez", prédit-il.

A
ats