On pense parfois, à tort, que le tissu économique neuchâtelois se compose essentiellement de sociétés actives dans l’horlogerie ou la mécanique de précision. Bien sûr, la tradition horlogère est profondément inscrite dans l’ADN de la région. Mais on trouve aussi de plus en plus d’entreprises et de start-up qui excellent dans des secteurs aussi variés que l’industrie spatiale, les cleantechs, la propriété intellectuelle, les medtechs, le design industriel, l’informatique ou les sciences de la vie. Compte tenu du contexte financier délicat que traverse actuellement le canton, ce dynamisme et cette diversification sont extrêmement bienvenu.

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Planair

Ingénieurs conseil en énergies et planification d’installations techniques

Aspect prometteur: croissance du secteur des cleantechs

Fondation: 1985

Direction: François Bauer

Lieu: La Sagne

Nombre d’employés: 90 (y compris apprentis et temps partiels)

Les activités de conseil en énergies de Planair couvrent aussi bien l’efficacité énergétique que la production d’énergies renouvelables. «Nos services sont adaptés aux besoins spécifiques de nos clients, qu’ils s’agissent de collectivités publiques, d’industries ou d’acteurs du bâtiment», explique le directeur général François Bauer. Ces derniers sont accompagnés dans les différentes phases de leur projet: analyse, variantes, chiffrage, appel d’offres, documentation, vérification, labélisation ou recherche de subvention. La société traite simultanément environ 700 mandats de taille variable (quelques centaines à plusieurs millions de francs) principalement en Suisse et en France, répartis pour 60% dans le conseil en énergies et 40% dans la planification d’installations techniques.

Ce positionnement devrait permettre à l’entreprise de profiter pleinement de l’acceptation il y a quelques mois de la Stratégie énergétique 2050, ainsi que du fort développement dans le secteur des cleantechs. Planair - dont le chiffre d’affaires s’est élevé à 11,4 millions de francs en 2017 pour une croissance moyenne de 15% par année - est fréquemment mandatée pour coordonner des programmes de recherche internationaux, par exemple dans le domaine de l’éolien ou du transfert des connaissances académiques vers la pratique. Dans ce cadre, l’entreprise n’effectue pas de recherche scientifique à proprement parler, mais amène son expérience concrète du terrain pour la mise en œuvre de projets pilotes ou pour la validation des résultats.

Depuis plusieurs années, la société a notamment pris le virage du BIM (pour Building Information Modeling) dans ses activités de planification d’installations du bâtiment. «La digitalisation et la collecte de données influencent de plus en plus notre travail, note François Bauer. Ceci permet de valider l’effet des mesures de sobriété énergétique liées à des flux financiers ou de préconiser des mesures permettant de lisser les pointes de puissance pour réduire la facture d’électricité. Le monitoring favorise également un accompagnement dans la durée, permettant aux clients de savoir si leurs installations fonctionnent correctement ou pour anticiper des actions préventives ou correctives.»


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Omid Shojaei, directeur
© DR

Indeotec

Machine de procédés de déposition de couches minces pour solaire-PV, OLED, MEMS et semi-conducteurs

Aspect prometteur: boum du marché solaire et des nouvelles technologies pour cellules à haut rendement

Fondation: 2007

Direction: Omid Shojaei

Lieu: Neuchâtel

Nombre d’employés: 14             

En Suisse, le marché de l’énergie solaire connaît une croissance de 50% par an depuis 2009. Un marché sur lequel se profile cette PME neuchâteloise via sa technologie brevetée de réacteur-miroir. Baptisé Octopus II, l’appareil permet de réduire drastiquement le coût de production des cellules photovoltaïques. Il est aujourd’hui utilisé par des entreprises et instituts de recherche des deux côtés de l’Atlantique. «Nous sommes spécialistes dans les technologies de dépôt de couches minces dites par PECVD et par PVD», détaille le directeur Omid Shojaei. La machine, qui peut combiner les différentes technologies de dépôt autour de la même plateforme, a été installée et testée dans les meilleurs laboratoires de transfert de technologies en Europe, aux Etats-Unis et au Moyen-Orient. L’expansion géographique devrait se poursuivre en 2018, notamment en Asie. La société prépare actuellement une version industrielle de son appareil (Octopus III), qu’elle annonce plus productif, plus petit et moins coûteux que la concurrence. 


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Pierre Sandoz, directeur
© DR

iWood

Edition de mobilier en bois

Aspect prometteur: concept de production inédit répondant à la demande des consommateurs pour des produits plus écologiques

Fondation: 2017

Direction: Pierre Sandoz

Lieu: Le Landeron

Nombre d’employés: 6

Cette start-up développe un concept inédit dans un marché du meuble encore très traditionaliste: proposer à la vente des meubles en bois qui seront fabriqués par un artisan situé à proximité de l’acheteur final. Un concept a été récemment récompensé du prix BCN Innovation, doté de 300 000 francs. «Notre objectif est d’arriver sur le marché fin 2018 dans une dizaine de villes en Suisse avec un catalogue d’environ dix meubles», indique le directeur Pierre Sandoz. Une extension à l’international est prévue pour fin 2019 dans une dizaine de capitales européennes. «Le principal défi du projet consiste à pouvoir transmettre au réseau de PME partenaires des fichiers de pilotage sur différentes marques de CNC (machines à commande numérique) et de faire connaître la marque surtout de manière ciblée dans la région proche d’un partenaire», ajoute le responsable, qui vise une clientèle jeune, urbaine et la recherche d’une consommation durable pour la planète.


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Christophe Saam, directeur
© DR

P&TS

Conseil en propriété intellectuelle

Aspect prometteur: évolution du marché des brevets

Fondation: 1998

Direction: Christophe Saam

Lieu: Neuchâtel

Nombre d’employés: 25

En 2016, la Suisse a été sacrée championne du monde des brevets, avec près de 900 dépôts européens pour chaque million d’habitants. Un secteur sur lequel s’est spécialisé P&TS, qui fait partie des cabinets déposant le plus de brevets en Suisse. En 2017, la société a conseillé plus de 400 sociétés, qui lui ont proposé près de 300 annonces d’invention et autant de marques ou de designs. «Nous regroupons une équipe d’ingénieurs, d’avocats, d’analystes en information brevets et de paralégaux afin d’aider des sociétés innovantes à gérer leurs innovations, à les protéger et à augmenter les revenus qui en découlent», observe le directeur Christophe Saam.

A cet effet, la société dépose des demandes de brevets, de marques et de designs dans le monde entier, et agit devant les tribunaux lorsque ces titres sont violés. Le nombre de demandes de brevets internationaux est en constante augmentation: en 2016, il a crû de 8,3% par rapport à 2015, tandis que le nombre de marques internationales a augmenté de 16,4%. La croissance est essentiellement due à la Chine, qui a reçu plus de demandes de brevets en 2016 que les États-Unis, le Japon, la Corée et l’Office européen des brevets réunis.


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Didier Lapeyre, fondateur
© DR

Novostia

Medtech

Aspect prometteur: forte augmentation de la chirurgie cardiaque dans le monde

Inventeur: Didier Lapeyre

Lieu: Neuchâtel

Fondation: 2017

Nombre d’employés: 3

Installée au parc industriel Neode, cette start-up développe des valves cardiaques artificielles de nouvelle génération, inventées par le docteur Didier Lapeyre, qui visent à combiner le meilleur des valves artificielles mécaniques et des valves tissulaires actuellement sur le marché. «Notre innovation apportera aux patients concernés une solution longtemps attendue, relève la directrice Soad El Ghazouani. Ils pourront remplacer leur valve défaillante par une valve qui durera toute leur vie, sans besoin de traitement anticoagulant.» Novostia, qui travaille en partenariat avec l’EPFL et s’appuie sur une équipe d’ingénieurs-consultants spécialisés en aérodynamique, biomécanique et dynamique des fluides, ainsi qu’en science des matériaux, se trouve actuellement en recherche de fonds pour le financement d’études cliniques. «Le marché mondial des valves cardiaques est estimé actuellement à environ 5 milliards de dollars, avec une croissance annuelle de 12%, remarque la directrice. Le vieillissement de la population, l’ouverture des pays émergents et les progrès technologiques soutiennent cette croissance à deux chiffres.»


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Alexis Roussel, directeur
© DR

Bity

Cryptofinance

Aspect prometteur: fort intérêt pour les cryptomonnaies, y compris de la part des grandes structures

Fondation: 2014

Direction: Alexis Roussel

Lieu: Neuchâtel

Nombre d’employés: 20

Leader suisse du courtage de cryptomonnaies, Bity compte aujourd’hui plus de 65 000 utilisateurs. Active dans le monde entier, la société prévoit de doubler ses effectifs en 2018. Pour ce faire, elle déménagera dès le mois de mars dans de nouveaux locaux de 750 m2 à Neuchâtel. «Notre but est d’atteindre cette année un volume de transaction d’un milliard de francs», souligne le directeur Alexis Roussel. Sa clientèle est encore essentiellement constituée de particuliers, mais le segment institutionnel est amené à fortement croître dans les années à venir.

Bity compte déjà parmi ses clients diverses entreprises actives dans les technologies, la finance et le négoce de matières premières. Le but recherché est varié. Pour les premières, il consiste à développer des projets en cryptomonnaies. Pour les secondes, à donner accès à leurs clients au bitcoin ou à l’ether. Enfin, les dernières cherchent de nouvelles méthodes de paiement alternatif.


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Silvia Angeloni, directrice
© DR

SiMPLInext

Sciences de la vie

Aspect prometteur: pression politique pour des tests précliniques plus éthiques

Fondation: 2016

Direction: Silvia Angeloni

Lieux: Neuchâtel, Neode

Nombre d’employés: 4

A l’heure où les essais sur des animaux sont toujours plus sujet à critique, SiMPLInext contribue au développement des tests précliniques sur des tissus humains qui permettent de limiter l’utilisation d’animaux dans le processus d’élaboration de nouveaux médicaments. «Nous fournissons des outils intelligents pour la production durable des tissus des barrières biologiques humaines, tels que l’intestin, les poumons ou la barrière encéphalique», commente la directrice Silvia Angeloni. Conscients des limites techniques, économiques et éthiques de l’in vivo, les organismes de réglementation se focalisent sur la transition vers l’approche cellulaire in vitro. La start-up agit comme facilitateur de ce passage. Ses clients sont les sociétés de recherche contractuelles précliniques, les unités R&D de l’industrie chimique et pharmaceutique et les universités. Un intestin reconstitué grâce à ses supports interconnectés sera bientôt disponible pour l’étude préclinique de nanoparticules utilisées, par exemple, dans le traitement des infections chroniques. La société introduira sur le marché sa première ligne de produits au cours du premier trimestre de cette année et souhaite dépasser un chiffre d’affaires d’un million de francs d’ici cinq ans.


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Ismaël Gensollen
© DR

Bluestar Solutions

Informatique

Aspect prometteur: essor de la demande en matière de services cloud et de sécurité

Fondation: 2008

Direction: Ismaël Gensollen

Lieu: Neuchâtel

Nombre d’employés: 15

Depuis dix ans, Bluestar Solutions se spécialise dans le développement de logiciels métiers (gérances immobilières, domaine médical, etc.) et la sécurité informatique d’entreprises. «Nos deux principales activités sont le développement sur mesure de logiciels métiers et la gestion complète de parcs informatiques», illustre le CEO Ismaël Gensollen. Pour lui, les enjeux actuels touchent avant tout à la sécurité informatique et la flexibilité du système. «Afin d’assurer complètement la sécurité informatique de nos clients, nous leur conseillons notre système de sauvegarde à distance et automatique. Ils peuvent ainsi récupérer 100% de leurs données dans les deux heures. Ce type de back-up est la seule garantie contre les erreurs de manipulation, les incendies et les demandes de rançon. Le cloud devient une nécessité aujourd’hui pour la plupart des entreprises: les collaborateurs veulent avoir accès à leurs données sur leur lieu de travail, en déplacement à l’étranger ou le soir, couché sur leur canapé.» D’ici fin 2019, la société aimerait tripler son chiffre d’affaires dans le segment cloud.


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L'entreprise de Pascal Rochat conçoit des horloges atomiques ou à quartz de très haute précision.
© ©Stéphanie Liphardt

Spectratime / Orolia Switzerland

Industrie spatiale

Aspect prometteur: développement de l’industrie spatiale, y compris en dehors des Etats-Unis

Fondation: 1995

Direction: Pascal Rochat

Lieu: Neuchâtel

Nombre d’employés: 70 

Depuis plus de vingt ans, la société neuchâteloise Spectratime conçoit, fabrique et commercialise une gamme complète d’horloges atomiques ou à quartz de très haute performance, ainsi que des horloges de référence GNSS (systèmes de positionnement par satellites) et des systèmes de tests. Ses produits sont utilisés dans une grande variété d'applications, y compris les télécommunications, la défense, la navigation, l'instrumentation, la radiodiffusion et l'espace. Leader reconnu dans les industries qu'elle dessert, la société distribue globalement ses produits en Europe, en Asie, aux États-Unis, au Brésil et au Canada.

En raison de son développement à l’échelle mondiale, l’industrie spatiale compte parmi les segments d’activité les plus prometteurs pour l’entreprise. «Nous sommes leader des horloges embarquées sur les satellites de navigation, souligne le directeur Pascal Rochat. Nous avons délivré toutes les horloges du système de positionnement par satellites européens Galileo, équipé douze satellites chinois du système BeiDou, ainsi que les systèmes de navigation indiens IRNSS.» La société, qui prévoit une croissance à deux chiffres en 2018, fait partie depuis 2007 du groupe français Orolia, spécialisé dans le positionnement, la navigation et le chronométrage. Depuis 2016, elle est le plus grand fournisseur mondial d’horloges atomiques dans l'espace.

En décembre dernier, Spectratime a livré à la Station spatiale européenne (ISS) une horloge atomique à la précision encore inégalée - soit dix fois supérieure aux horloges des satellites Galileo. Cet appareil d’une quarantaine de kilos s’intégrera à divers projets scientifiques concernant notamment l’analyse de l’effet de la gravité sur la vitesse de la lumière ou la compréhension du géoïde, soit la forme du champ de pesanteur terrestre.

Dans les années à venir, l’entreprise souhaite développer des projets sur des satellites de télécommunication et navigation à orbites basses et se diversifier dans les horloges atomiques miniatures. Insérées dans des téléphones portables et autres assistants personnels, ces dernières pourraient permettre d’augmenter considérablement le débit de données dans les réseaux de télécommunication.


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Sébastien Eberhard, directeur.
© DR

Solaxess

Cleantech

Aspect prometteur: fabrication de panneaux solaires blancs pour la construction

Fondation: 2015

Direction: Sébastien Eberhard

Lieu: Neuchâtel

Nombre d’employés: 5

Récompensée en 2016 lors du Prix Climat de Zurich Assurances, la société Solaxess a développé un film nanotechnologique qui pourrait révolutionner le monde de la construction. «Intégré dans un module, ce film permet d’obtenir un panneau photovoltaïque blanc ou de n’importe quelle couleur souhaitée et de recouvrir les façades des immeubles, les rendant ainsi actives», déclare le directeur Sébastien Eberhard. Forte de cette technologie conçue au CSEM à Neuchâtel, l’entreprise se positionne à la pointe du BIPV (pour Building Integrated Photovoltaics). La grande nouveauté se situe dans la capacité à produire des panneaux de couleur blanche performants. Jusqu’ici, la plupart des modules solaires construits pour maximiser l’absorption des rayons de soleil présentaient un aspect classique bleu-noir. Des panneaux blancs ou de couleur claire peuvent plus facilement s’intégrer aux paysages urbains, ceci d’autant plus que les composants (cellules et connecteurs intérieurs) sont intégrés, rendant les panneaux totalement uniformes. La société vise un chiffre d’affaires d’une dizaine de millions de francs en 2019.

William Türler
William Türler