Donner à chaque propriétaire une solution juste et transparente pour vendre sa maison», c’est la promesse affichée par Neho (acronyme de «new home»). La start-up basée à l’EPFL est pour le moins disruptive dans la branche du courtage immobilier. Cette disruption, thématique du 3e Forum économique de l’Ouest lausannois organisé début octobre par la Sicol, Florent Bourachot, cofondateur de Neho, l’explique de but en blanc: «Depuis vingt ans, les prix de l’immobilier ont doublé en Suisse et, parallèlement, les commissions de courtage aussi. Mais est-ce que le travail de courtage s’est complexifié pour autant? Non, au contraire, en particulier grâce aux logiciels de gestion et à l’avènement du digital et des portails immobiliers.»

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Le modèle d’affaires de Neho, née en juillet 2017, est extrêmement novateur et s’inspire de sociétés comme Purplebricks en Grande-Bretagne: en lieu et place des commissions de courtage (de l’ordre de 3% du montant de la vente du bien immobilier), elle propose un forfait fixé à 7500 francs: une première tranche de 3000 francs est perçue comme honoraires, une deuxième tranche de 4500 francs en cas de conclusion de la vente.

A la conquête des autres cantons suisses

Pour ce tarif, le propriétaire a droit à la visite d’un agent immobilier qui l’aidera à estimer son bien, à la prise en charge du dossier (démarches administratives, plaquette de vente, publication sur les principales plateformes immobilières), à la mise en valeur de l’appartement ou de la maison par des outils de visualisation 3D, à la gestion des acheteurs jusqu’à la finalisation devant le notaire. «Nous avons calculé que ces 7500 francs correspondent à environ 40 heures de travail, détaille Florent Bourachot. Et si ce montant est fixe, c’est parce que nous estimons que le travail est identique, quel que soit le prix du bien.» Autre composante de ce prix très attrayant: les charges fixes ont été réduites au maximum. Ainsi, les 12 collaborateurs de Neho ne travaillent pas dans un bureau ayant pignon sur rue, les clients ne reçoivent pas de documents papier et ses huit agents immobiliers roulent dans des voitures peu ostentatoires.

Le travail du courtier est identique, quel que soit le prix du bien.

Après quelque huit mois d’activité, la société dirigée par Eric Corradin, l’autre cofondateur – et dans laquelle le groupe immobilier valaisan Investis vient d’augmenter sa part au capital-actions – a déjà signé 70 mandats et conclu 20 ventes immobilières sur l’Arc lémanique. D’ici à la fin de l’année, elle estime atteindre une centaine de mandats (il faut compter plusieurs mois entre un mandat et une vente) et un chiffre d’affaires de 500 000 francs. A noter que le taux de mandats conclus est très élevé pour la branche, soit environ 80%. Neho ne compte pas s’arrêter là puisqu’elle part à la conquête de Fribourg, de Neuchâtel, du Valais et de la Suisse alémanique, des régions où elle a recruté des agents locaux expérimentés. Autre nouveauté: le lancement, il y a peu, d’une offre dédiée aux promoteurs et aux professionnels de l’immobilier, Neho Pro.

Une centaine de mandats d’ici à fin 2018

On s’en doute: l’irruption de Neho fait aussi grincer des dents parmi les courtiers immobiliers, dont certains reprochent à la start-up active dans les proptechs de méconnaître certaines complexités immobilières. Des critiques que Florent Bourachot, par ailleurs directeur de Delarive Groupe, balaie avec une certaine tranquillité: «Je pense qu’il y a de place pour tout le monde, notamment en ce qui concerne les biens d’exception, où les propriétaires se montrent réticents à passer par la vente en ligne. Notre particularité, c’est un modèle hybride, avec des services numériques et des agents dotés d’une grande expérience. On le sait: une maison est souvent l’investissement d’une vie, la relation de confiance est dès lors capitale.» 

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Elisabeth Kim