Biotechs, monde du luxe, mais aussi microcrédit destiné aux pays du sud: l’économie genevoise a toujours été riche en diversité. Un état de fait encore d’actualité, avec l’émergence de nombreuses start-up, mais aussi avec la consolidation d’entreprises bien établies qui se diversifient, se déploient ou misent sur la qualité.

Notre sélection englobe des acteurs incontournables dans leur secteur en Suisse romande, à l’image de Python Sécurité ou d’Infomaniak, et des noms moins connus, comme le spécialiste en cybersécurité High-Tech Bridge ou la biotech GeNeuro.

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Infomaniak

  • Domaine d’activité: hébergement informatique
    Aspect prometteur: important renforcement des effectifs en cours, notamment pour la R&D
    Fondation: 1994
    Direction: Boris Siegenthaler
    Lieu: Les Acacias
    Nombre d’employés: 110

Avec la gestion de plus d’un million d’adresses e-mail et de 300 000 noms de domaine, Infomaniak s’est imposé comme un acteur incontournable dans le secteur de l’hébergement informatique. «Nous souhaitons devenir une alternative aux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon, ndlr), avec des solutions technologiques développées et hébergées localement», indique Boris Siegenthaler, fondateur et directeur. La PME est passée de 80 à 110 employés depuis le début de l’année, et prévoit encore dix nouvelles embauches d’ici à fin 2018.

Des effectifs renforcés qui serviront notamment à développer des projets dans le secteur du cloud computing. Infomaniak gère d’ailleurs elle-même ses data centers. Activité moins visible, elle s’occupe aussi de 70% du streaming des émissions de télévision et de radio suisses. «Nous aimons développer nos propres produits et avancer sur différents fronts. Dans ce domaine, si on ne grandit pas, on en reste à un stade basique.» Affichant un haut niveau d’exigence, la PME enregistre 93% de satisfaction client et met un point d’honneur à maintenir la proximité avec ses clients, autant les particuliers que les entreprises.

Outre le service à la clientèle, Infomaniak mise aussi sur l’environnement de travail. En cours de déménagement dans de vastes bureaux dans la zone industrielle des Acacias, les collaborateurs se voient valorisés dès que possible. «Nous avons installé l’équipe de support au cinquième étage, là où la vue sur la ville est la plus impressionnante, car leur travail au quotidien peut être pénible ou répétitif.» Les salles de conférences sont aménagées de manière thématique selon les idées des collaborateurs. «Je pense que notre succès vient aussi de cette culture d’entreprise, souligne Marc Oehler, directeur adjoint. Chaque collaborateur a son mot à dire. Beaucoup de nos métiers se traduisent par des fonctions de simples exécutants dans d’autres entreprises. Ici, nous assumons vite des responsabilités.»


Prestige Gourmand

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Roger Moses et Robin Luisier, cofondateurs de Prestige Gourmand, privilégient le «fait main» malgré une production semi-industrielle.
© Stéphanie Liphardt
  • Domaine d’activité: restauration
    Aspect prometteur: forte croissance, ouvre régulièrement de nouvelles enseignes
    Fondation: 2010
    Direction: Robin Luisier et Roger Moses
    Lieu: Carouge
    Nombre d’employés: environ 120

Prestige Gourmand, La Pause Gourmande ou Zio by Prestige Gourmand: les enseignes du groupe de restauration genevois se sont multipliées en moins de dix ans. Il en compte désormais une vingtaine, réparties dans tout le canton. Les magasins du même nom sont spécialisés dans les produits de boulangerie faits maison, La Pause Gourmande propose aussi un service traiteur tandis que le dernier-né complète l’offre avec une carte saisonnière. «Ces différentes entités dépendent des quartiers où elles ouvrent, précise Roger Moses, cofondateur de l’entreprise. Le concept Zio est par exemple plus adapté au centre-ville. Nous ne voulions surtout pas créer vingt magasins identiques et être catalogués comme une chaîne.»

Car les valeurs que portent l’entrepreneur et son associé Robin Luisier, ce sont la qualité et l’artisanat. Les matières premières nobles sont privilégiées, le «fait main» aussi, malgré des quantités de production désormais semi-industrielles. Comment expliquent-ils ce succès, dans un secteur très concurrentiel? «Nous venons du monde du conseil et nous estimons qu’une qualité primordiale d’un chef d’entreprise est d’être à l’écoute de ses employés comme de ses clients. Nous savons corriger nos erreurs quand les critiques sont justifiées.» Les deux associés se sont lancés sans objectif quantitatif précis, mais avec l’idée de garantir la satisfaction du client.

Le groupe vient d’ouvrir trois nouveaux magasins au mois de septembre. Il tient à rester basé dans le canton de Genève, principalement «pour une question de temps et de maintien d’une certaine qualité de vie» de ses dirigeants. De nombreuses opportunités se présentent aux deux associés, car beaucoup de commerces cherchent à se faire reprendre. Ils disent être souvent intervenus dans des situations difficiles pour sauver des emplois. «Nous recrutons si possible sur Genève, des gens du chômage, de l’Hospice, des étudiants.» La capacité de production de Prestige Gourmand atteindra néanmoins bientôt ses limites, les laboratoires n’étant pas extensibles à l’infini. «Nous avons grimpé vite. Il serait bien de consolider les bases avant de continuer.»


GeNeuro

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Jesùs Martin-Garcia, directeur
© DR
  • Domaine d’activité: biotechs
    Aspect prometteur: développe des traitements innovants pour des maladies auto-immunes et neurodégénératives
    Fondation: 2006
    Direction: Jesús Martin-Garcia
    Lieu: Plan-les-Ouates et Lyon
    Nombre d’employés: 28

«Un rétrovirus qui infecte une cellule s’intègre à son ADN pour pouvoir se répliquer et y laisse une trace, détaille Jesús Martin-Garcia, directeur de GeNeuro. Ces traces se sont accumulées au cours de l’évolution et représentent aujourd’hui 8% de l’ADN humain.» Si le corps restreint en temps normal l’expression de ces gènes infectés, certains d’entre eux peuvent être activés dans des situations pathologiques. Les traitements conçus par GeNeuro – encore au stade du développement clinique – bloquent les protéines fabriquées par le rétrovirus pour se répliquer, dans le but d’éviter le développement de maladies telles que la sclérose en plaques ou le diabète de type 1.

Une approche inédite par rapport aux traitements existants, qui réduisent la capacité immunitaire, avec l’effet collatéral de fragiliser l’organisme. La société a connu plusieurs levées de fonds importantes, bénéficie de partenariats prestigieux – notamment avec les National Institutes of Health (NIH) américains – et est cotée en bourse depuis avril 2016. Elle envisage une mise sur le marché de ses produits d’ici à cinq ou six ans. «Nous avons consolidé une position de propriété intellectuelle très forte, avec 17 familles de brevets.»


SonarSource

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Olivier Gaudin, directeur
© DR
  • Domaine d’activité: audit de code informatique
    Aspect prometteur: un des leaders mondiaux du secteur, a levé 45 millions de dollars fin 2016
    Fondation: 2008
    Direction: Olivier Gaudin
    Lieu: Grand-Saconnex
    Nombre d’employés: 80

«Nous proposons des solutions aux développeurs pour optimiser la qualité de leur code», indique Olivier Gaudin, directeur et cofondateur. En tout juste dix ans, la PME genevoise est devenue l’un des leaders mondiaux dans son domaine. Elle compte 2000 clients – contre 800 seulement à la fin 2017 – parmi lesquels Microsoft, Siemens ou BMW. Son objectif est d’atteindre les 10 000 clients dans quatre ans. Le succès de SonarSource s’explique notamment par la distribution de ses logiciels en open source, à hauteur de 75%.

Pour soutenir sa croissance, la PME a levé 45 millions de dollars auprès de la société de capital-risque new-yorkaise Insight Venture Partners fin 2016. SonarSource se démarque par son mode d’organisation novateur: «La hiérarchie est horizontale, nous fonctionnons avec des équipes qui s’autogèrent.» En avril dernier, un bureau a également ouvert à Austin, au Texas, pour faciliter l’accès au marché américain.


BlueOrchard

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Maria Teresa Zappia, CIO
© DR
  • Domaine d’activité: investissements à impact, microfinance et financement de PME dans les pays émergents
    Aspect prometteur: forte croissance, adaptation constante aux enjeux actuels
    Fondation: 2001
    Direction: Patrick Scheurle
    Lieu: Genève
    Nombre d’employés: environ 100

BlueOrchard a été fondée à Genève en 2001, en collaboration avec les Nations unies. L’idée de départ? «Montrer qu’il est possible d’effectuer des prêts commerciaux à des intermédiaires financiers pour soutenir des micro-entrepreneurs et des PME dans les pays émergents», explique Maria Teresa Zappia, CIO. Le fonds, initialement doté de 1 million de dollars, pèse aujourd’hui 1,7 milliard de dollars. BlueOrchard a développé des relations avec plus de 37 millions d’entrepreneurs dans le monde. Elle compte huit bureaux sur quatre continents.

«Nous voulons maintenir une analyse très rigoureuse des investissements que nous effectuons, d’un point de vue financier mais aussi en termes d’impact social ou environnemental, souligne Daniel Perroud, Head Business Development pour la région Europe. Nous observons d’ailleurs une demande constante pour de nouvelles formes d’investissement. La génération des millennials est très sensible à l’impact investing. De surcroît, les investisseurs institutionnels veulent avoir un impact positif.»


High-Tech Bridge

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Ilia Kolochenko, directeur
© DR
  • Domaine d’activité: cybersécurité
    Aspect prometteur: développement de solutions basées sur l’intelligence artificielle
    Fondation: 2007
    Direction: Ilia Kolochenko
    Lieu: Genève, un bureau à San Francisco
    Nombre d’employés: 45, dont une vingtaine à Genève

Le produit phare de la société s’appelle ImmuniWeb AI. Sa particularité: permettre de tester la sécurité d’applications web et mobiles via l’intelligence artificielle. «Il s’agit d’un marché très prometteur, d’autant plus que nous avons reçu des reconnaissances internationales pour notre approche pratique», remarque Ilia Kolochenko, directeur et fondateur d’High-Tech Bridge. En juin dernier à Londres, la petite entreprise suisse a ainsi remporté un prix lors des SC Awards Europe face au géant IBM dans la catégorie «meilleure utilisation du machine learning et de l’IA».

La PME connaît une croissance d’environ 50% chaque année. L’an prochain, High-Tech Bridge sera représentée dans plus de 50 pays. A l’avenir, elle espère développer des produits basés sur l’intelligence artificielle pour le secteur bancaire et celui de l’assurance. «La sécurité informatique, c’est intéressant pour tester nos découvertes, mais nous pouvons aller beaucoup plus loin.»


Digital Luxury Group

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David Sadigh, directeur
© DR
  • Domaine d’activité: marketing digital
    Aspect prometteur: croissance à deux chiffres, développement d’une offre éditoriale
    Fondation: 2012
    Direction: David Sadigh
    Lieu: Genève
    Nombre d’employés: 20 en Suisse et 50 en Chine

C’est en identifiant le fait que les marques de luxe allaient être confrontées à la digitalisation que l’aventure Digital Luxury Group a pris forme en 2012. DLG accompagne de prestigieuses enseignes d’horlogerie, de joaillerie, de mode vestimentaire et d’hôtellerie haut de gamme dans leur stratégie de marketing numérique. Avec un accent particulier sur la Chine. La PME dispose ainsi d’un bureau à Shanghai, d’un autre à Genève, ainsi que de plusieurs partenaires, notamment sur le marché américain.

«Racheter la plateforme Luxury Society, notre division éditoriale, nous donne un regard global des challenges liés à l’industrie du luxe, indique David Sadigh, directeur de DLG. C’est une plateforme qui nous connecte à de nombreux professionnels du luxe basés à Paris, Londres ou New York.» DLG connaît une croissance de l’ordre de 25% par année, organique et autofinancée. Affichant un chiffre d’affaires de 6 millions de francs net, la société a pour objectif d’atteindre les 10 millions en 2020.


Unigestion

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Fiona Frick, directrice
© DR
  • Domaine d’activité: gestion d’affaires
    Aspect prometteur: rachat de la plateforme Akina en 2017, forte croissance
    Fondation: 1971
    Direction: Fiona Frick
    Lieu: Genève
    Nombre d’employés: 234, dont 189 à Genève

Spécialiste en solutions d’investissement sur mesure, Unigestion gère quelque 25 milliards de dollars dans quatre domaines distincts: actions, private equity, multi-actif et alternatif liquide. «Nous constatons une croissance dans l’ensemble de nos activités, témoigne la CEO, Fiona Frick. Mais à mesure que nous nous éloignons d’une économie mondiale alimentée par l’assouplissement quantitatif, nous constatons un intérêt accru des investisseurs pour nos produits multi-actifs, private equity et de placements alternatifs liquides.»

Après la fusion avec la société zurichoise Akina début 2017, Unigestion est devenue l’un des leaders mondiaux dans le domaine du private equity orienté sur les PME. Elle dispose de huit bureaux répartis dans les principaux centres financiers mondiaux, auxquels s’ajoute le siège social genevois. «Dans un environnement où la gestion responsable prend de plus en plus d’espace, nous pensons que la place financière genevoise a une place à prendre de par son écosystème qui mêle des expertises de gestion dans ce domaine et des organisations internationales. Nous voulons par notre engagement genevois participer à cette évolution.»


Genkyotex

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Elias Papatheodorou, directeur
© DR
  • Domaine d’activité: biotechs
    Aspect prometteur: traitements innovants, entrée en bourse en 2017 à la suite du rapprochement stratégique avec la société française Genticel
    Fondation: 2006
    Direction: Elias Papatheodorou
    Lieu: Plan-les-Ouates/Saint-Julien-en-Genevois
    Nombre d’employés: 15

Genkyotex est l’acronyme de Genève-Kyoto-Texas. Quand Karl-Heinz Krause, fondateur de la société, découvre le rôle des enzymes NOX dans le développement de certaines pathologies, il collabore avec des chercheurs japonais et américains. «Notre produit phare cible deux NOX responsables de la fibrose, c’est quelque chose de totalement nouveau», indique Elias Papatheodorou, directeur. Une étape importante attend l’équipe de chercheurs au mois de novembre, avec l’arrivée des résultats intermédiaires de l’essai clinique de phase 2 portant sur la cholangite biliaire primitive, une maladie fibrotique orpheline touchant le foie.

Genkyotex a grandi d’un coup à la suite du rapprochement avec la société française Genticel l’an dernier. «Cela nous a permis d’entrer en bourse sur le marché Euronext Paris et de disposer d’un partenariat avec le Serum Institute of India, cinquième producteur mondial de vaccins. Ce contrat pourrait générer jusqu’à 150 millions d’euros de revenus si le produit qu’ils développent sur notre plateforme fonctionne.»


Python Sécurité

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Christian Python, directeur
© DR
  • Domaine d’activité: sécurité, protection, surveillance
    Aspect prometteur: projets innovants, comme la surveillance à l’aide de drones, fort développement
    Fondation: 2002
    Direction: Christian Python
    Lieu: Lancy/Carouge
    Nombre d’employés: 140

Manifestations sportives, musées ou commerces: Python Sécurité est devenue une référence dans le domaine de la protection et de la surveillance. Sans compter les six communes genevoises qui emploient les services de la PME. «J’ai un gros défaut, ou une grande qualité: je n’arrive pas à dire non, dit Christian Python, directeur et fondateur. J’ai aussi des mandats utilisant des drones de surveillance.» Comment a-t-il fait sa place dans ce marché? «On peut nous appeler à n’importe quelle heure, on trouvera toujours une solution.»

La proximité et la connaissance du canton jouent aussi pour beaucoup. Si les activités de la PME se sont déployées dans toute la Suisse romande, l’essentiel du chiffre d’affaires est réalisé à Genève. Début octobre 2018, la PME a annoncé l’ouverture de son capital au groupe suisse Securitas. Tout en maintenant sa marque et son indépendance. 

PR
Par Stéphanie de Roguin