Le marché romand des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) est en pleine effervescence. Après Uber, nombre de sociétés se sont engouffrées dans le créneau, visiblement porteur. C’est le cas du leader français de la branche, Kapten, ex-Chauffeur Privé, qui après s’être installé à Genève en février dernier est présent dans le canton de Vaud depuis fin mai. Entretien avec Frédérique Delahaye, directrice générale de Kapten Suisse.

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Comment se passe votre démarrage dans la capitale vaudoise?

Nous avons à l’heure actuelle une centaine de chauffeurs qui travaillent pour nous à Lausanne, contre 350 à Genève. Nous ne communiquons pas de chiffres côté clients, mais je peux vous dire que nous comptons quelque 2000 téléchargements de notre application par semaine, ce qui permet de donner un ordre de grandeur. La clientèle lausannoise est différente de celle de Genève, moins internationale et plus estudiantine. Pour l’heure, nous couvrons essentiellement la région lausannoise, l’Arc lémanique et beaucoup Montreux en ce moment, en raison du Jazz Festival. En ce qui concerne d’autres parties du canton, par exemple le Nord vaudois, c’est plus difficile, car cela dépend des chauffeurs avec qui nous collaborons. Mais plus leur nombre sera élevé et mieux le canton sera desservi, ce qui est notre objectif.

Allez-vous ouvrir un nouveau bureau à Lausanne?

Nous avons un bureau dans l’espace de coworking Gotham, près de la gare, et cette solution nous convient parfaitement pour l’instant. Nous comptons sept employés, qui travaillent entre Genève et Lausanne.

Le marché des VTC, longtemps occupé uniquement par Uber en Suisse, a vu arriver de nombreux nouveaux acteurs. Qu’est-ce qui vous différencie de la concurrence?

Kapten travaille avec des chauffeurs indépendants qui doivent nous fournir au préalable tous les documents exigés par la loi. A Genève, il s’agit notamment d’une carte professionnelle de chauffeur VTC délivrée par l’Etat de Genève. A Lausanne, les chauffeurs ont pour l’instant une autorisation de la commune, mais une nouvelle loi réglementant le secteur des véhicules de tourisme avec chauffeur entrera en vigueur ces prochains mois. Comme à Genève, ce sont les autorités vaudoises qui octroieront un permis d’exercer, valable dans l’ensemble du canton.

Au-delà des aspects légaux, je dirais que notre modèle d’affaires est un «modèle vertueux». A savoir que la commission de 15% (hors TVA, 16,1% avec TVA) que Kapten perçoit sur la course est inférieure à la moyenne du marché (25% hors TVA, 27% avec TVA), tandis que le client paie entre 15 à 20% de moins que chez nos concurrents. Tout le monde y gagne et nous sommes persuadés que ce modèle va attirer aussi bien des chauffeurs que des clients sur notre plateforme.

Uber, Kapten, Lymo, qui regroupe taxis et chauffeurs VTC, Driven et récemment BeMyDriver… pourquoi autant d’effervescence sur ce marché?

En ce qui concerne Kapten, déjà présent à l’international à Lisbonne, Porto et Londres, la Suisse nous apparaît comme un marché avec un fort potentiel de croissance. Avant de venir à Genève, nous avions mené une étude de marché qui estimait qu’avec environ 100 000 utilisateurs pour ce type de service, le taux d’usagers était plus bas que dans d’autres métropoles. Pour l’instant, nous nous concentrons sur le développement à Genève, à Lausanne et dans le canton de Vaud et nous verrons pas la suite, en fonction du développement pour le reste de la Suisse.

Kapten a été rachetée en 2017 par Daimler. Pourquoi le constructeur automobile est-il intéressé par une société VTC?

Pour rappel, Kapten, qui s’appelait à l’origine Chauffeur Privé, a été créé par trois entrepreneurs français. Le rachat par Daimler a marqué le tournant vers l’expansion internationale, d’abord Lisbonne, puis Genève. Aujourd’hui, Kapten appartient à la joint-venture créée par Daimler et BMW, Free Now. Cette structure commune aux deux constructeurs est dédiée à toutes les formes de mobilité urbaine (Daimler et BMW ont investi 1 milliard d’euros dans cette nouvelle entité qui chapeaute des sociétés de VTC, de car-sharing, de trottinettes électriques, etc. Le nouvel ensemble revendique 60 millions de clients et 3 milliards de chiffre d’affaires combiné, ndlr).

Comment voyez-vous l’évolution de votre secteur?

Je suis persuadée que les gens vont de moins en moins utiliser leur voiture individuelle au quotidien au profit de la multimodalité. On observe déjà cette tendance le soir, où en raison du trafic ou de la consommation d’alcool nombre de personnes préfèrent opter pour un moyen de transport autre que leur voiture. En ce qui concerne Kapten, la plus grosse partie de nos trajets ont lieu le soir.

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Elisabeth Kim