«Aujourd’hui, si vous pensez internet, téléphonie et apps, vous pensez Swisscom. C’est le cas pour la majorité des entreprises en Suisse, regrette Simon Osterwalder, directeur de Suissedigital, l’association des réseaux de communication. Nous voulons changer cela. Nous proposons également une offre multimédia depuis plus de dix ans, mais nous manquons encore de visibilité.» A noter, si cela vous avait échappé, que les téléréseaux ne sont plus cantonnés à la seule TV. «Nous voulons être une option de proximité pour les entreprises et un interlocuteur avec lequel on peut négocier les prix sur des offres personnalisées», poursuit le dirigeant rencontré en marge du Suissedigital-Day, qui a eu lieu à Berne fin novembre.

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Mettre un frein au monopole de Swisscom et entrer dans une concurrence des prix, tel est le message ferme de l’avocat zurichois à la tête des 185 entreprises membres de Suissedigital. Le ton est donné et les «petits», à savoir les câblo-opérateurs régionaux, qu’ils se nomment Video 2000, Netplus FR, EBL, ESR, Naxoo, SIL, VO Energies, SEIC Gland, TVT Services, SEIC Vernayaz, pour ne citer qu’eux, sont bien décidés à se faire connaître des entreprises. En effet, cette cible ne représente aujourd’hui que 20% de leur marché, contrairement aux ménages privés, couverts à 80% par leurs soins.

Loin d’être une fronde désorganisée, ce collectif a déjà affirmé sa volonté d’être un acteur du marché de l’internet et de la téléphonie. Au printemps 2019, il soutenait l’acquisition d’UPC par Sunrise; respectivement l’un des plus grands membres en taille de Suissedigital et le deuxième opérateur de téléphonie mobile de Suisse, un allié disposant d’une stratégie marketing à la mesure de Swisscom. Le hic, c’est que l’acquisition a avorté. Il n’y a pas d’autre mot. Elle avait pourtant été annoncée officiellement en mai 2019, y compris par courrier aux abonnés. Simon Osterwalder rassure: «Si ce n’est pas maintenant, cette convergence entre des professionnels de la technique avec un réseau fixe puissant comme UPC et un acteur disposant d’un réseau cellulaire mobile se fera plus tard.» A l’entendre, la stratégie reste donc en place. L’industrie du câble veut être le contrepoids à Swisscom, entreprise étatique, rappelons-le.

La 5G, grande absente du débat

Indépendamment des luttes de pouvoir, quid du patron de PME, qui est le client final visé? Il doit se poser un certain nombre de questions pour affiner son choix entre travailler avec une institution nationale et utiliser les opérateurs régionaux. Simon Osterwalder donne des pistes de réflexion: «Voulez-vous un service de proximité avec une entreprise locale qui est également à l’origine du réseau câblé et des infrastructures? Cela signifie que vous n’aurez plus qu’un seul interlocuteur pour l’installation et la distribution de l’internet à haut débit, de la TV, de la téléphonie mobile et/ou fixe, voire de vos besoins en IoT.»

En schématisant, la question pourrait être: préférez-vous acheter vos légumes chez le producteur ou dans un supermarché? Outre les argumentaires, le vrai gain possible est celui du coût pour les entreprises qui bénéficieront d’un marché retrouvant une concurrence saine. «J’encourage les PME à se tourner vers les câblo-opérateurs en leur demandant des offres concurrentielles», appuie-t-il.

Le grand absent des débats? La fameuse 5G, qui avait été annoncée en force tournant 2019, avant de subir de plein fouet les critiques sur son impact sanitaire. Suissedigital se fend d’une réponse optimiste: «La 5G et les réseaux fixes sont complémentaires car leurs forces résident là où l’autre technologie est faible. La 5G offrira aux applications mobiles un niveau de performance inconnu jusqu’à présent lorsqu’on est en déplacement. Pour l’intérieur des bâtiments (logements, bureaux), un raccordement au réseau câblé performant sera toujours le meilleur choix, les murs pouvant entraîner une réduction de la performance.»

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TB
Tiphaine Bühler