Les sportifs professionnels ont des carrières courtes mais intenses. Et parfois, l’arrêt de la compétition rime avec dépression, psychologiquement et… financièrement. Le nombre de héros des stades devenus en quelques années des parias de la société en raison de leur perte de statut et de revenus est important et désolant. En Suisse romande, un gestionnaire de fortune, accro au sport (il est lui-même un ancien sportif d’élite en triathlon, ndlr), a décidé de s’occuper du futur financier de certains jeunes sportifs d’élite afin de leur éviter les affres d’une préretraite infernale.

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Michel Marguerat, ex-gestionnaire de fortune auprès de Credit Suisse, LGT et de Piguet Galland, est responsable de la société VCT Vector Gestion, à Lausanne, depuis 2013. Il gère également des carrières de sportifs, en majorité actifs dans le hockey et le football suisses. «Au départ, ce sont des amis qui m’ont demandé ce service, car j’ai toujours baigné dans le monde du sport d’élite», explique Michel Marguerat. En 2010, il aide les fameux agents de joueurs Gérald Métroz et Gaëtan Voisard à monter The 6ix Sports Leadership, à Saint-Léonard, une société de conseils stratégiques pour sportifs.

Des carrières atypiques

Le gestionnaire de fortune fait partie du conseil d’administration et participe activement à l’évolution du groupe. L’agence s’occupe depuis lors de dizaines de joueurs professionnels, essentiellement dans le hockey, dont la star montante Nico Hischier, joueur de NHL et de l’équipe de Suisse. Les agents gèrent les nombreux aspects entourant la carrière d’un sportif de haut niveau. Cela va de la recherche de clubs à l’assistance juridique, en passant par la connaissance de la réglementation, les relations internationales, le suivi et la stratégie sportive, le marketing, la communication, le droit et la fiscalité et, évidemment, le conseil financier.

Je les oriente très tôt à réfléchir à leur après-carrière et à des formations.

Michel Marguerat, directeur de VCT Vector Gestion

Michel Marguerat intervient pour ce dernier volet. Mais comment procéder pour gérer l’avenir financier d’une personne dont la carrière s’arrête à la trentaine bien sonnée? «C’est là que résident tout le challenge et le besoin en conseil pour ces carrières atypiques. J’essaie d’accompagner les athlètes dès leur jeune âge pour les orienter vers une gestion financière saine, même si leur patrimoine n’est pas forcément encore important. Je les oriente aussi très tôt vers la réflexion sur d’autres activités possibles pour leur après-carrière, avec des formations spécifiques.»Le gestionnaire évoque alors des stars suisses qui ont «brûlé» des millions de francs dans des voitures de sport et autres objets de luxe avant de devoir tout recommencer de zéro dans leur vie. «Les athlètes professionnels doivent impérativement mettre la main à la pâte en amont. Car, à 33 ou 35 ans, la cassure sur leur graphique de salaire est impitoyable après un train de vie souvent très élevé. Il faut être là également pour eux lorsque la blessure arrive d’un coup.»

On ne peut que se réjouir dans ce cas des nombreux exemples de reconversions réussies grâce au coach financier. Certains ont rebondi en tant que managers de clubs, agents d’assurances ou de fiduciaires, banquiers ou encore cadres chez Swiss Olympic, voire par le biais d’autres projets plus personnels. Et avec les besoins croissants et la professionnalisation des sportifs suisses, le métier de Michel Marguerat devrait prendre une place prépondérante dans le milieu ces prochaines années.

EdouardBolleter
Edouard Bolleter