Les entrepreneurs et les chefs d’entreprise sont chaque année plus impliqués dans la recherche des meilleures solutions en matière d’assurances pour leur PME. Et pour cause. Avec la multiplication des obligations légales, l’avènement des nouvelles technologies et leur implication dans le quotidien des entreprises ou encore la multiplication des offres d’assureurs, la gestion du portefeuille d’assurances devient une tâche à part entière dans la vie des patrons.

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Face à la «jungle» des propositions et à la complexité de certains contrats, une véritable feuille de route portant sur la recherche de produits adéquats est quasiment devenue obligatoire. Nous avons contacté plusieurs experts de ce marché en constante expansion afin de faire le point et de donner quelques précieux conseils face à une tâche devenue bien ardue. Tour d’horizon.

1- Vaut-il vraiment la peine de comparer les prix?
Alors que dans notre vie personnelle, nous passons déjà tous beaucoup (trop?) de temps à comparer les prix sur les centaines de sites existant sur internet, on peut se poser la question du réel intérêt de cette démarche pour un entrepreneur et ses assurances. L’effort en vaut-il la peine? Fort de son expérience, Sébastien Kügele, directeur de Devis.ch, n’en doute pas. «Oui, il faut comparer. La différence de primes peut être très importante et il est également possible que les besoins de la compagnie changent, ce qui donne l’occasion de faire le point. De plus, selon la taille de la masse salariale, de la flotte de véhicules ou du chiffre d’affaires, des rabais peuvent être négociés bien plus facilement que pour des particuliers.»

Un avis partagé par Luc Oesch, directeur des finances du Centre patronal: «Il est évident que les entrepreneurs doivent comparer les offres du marché car les budgets des entreprises pour les dépenses en matière de primes d’assurances peuvent être conséquents en fonction de la nature de leurs activités. Je considère même que pour des entreprises d’une certaine taille, celles-ci devraient avoir une personne qui gère le portefeuille d’assurances, comme par exemple le directeur administratif ou financier.»

2- Les sites comparatifs sont-ils utiles aux entrepreneurs?
Les sites internet comparatifs rivalisent d’ingéniosité pour attirer les clients sur leurs pages. Mais sont-ils vraiment efficaces pour les entrepreneurs? «En ce qui concerne les sites web en Suisse, leur utilité est surtout reconnue pour comparer les prix. Mais les nombreuses spécificités liées aux assurances rendent leur utilisation parfois compliquée, surtout si les PME doivent fournir beaucoup de données afin de pouvoir ensuite obtenir des offres», détaille Luc Oesch. «On trouve beaucoup de sites de comparaison pour des affaires de masse standardisés, mais je ne connais pas de sites de comparaison d’assurances d’entreprise vraiment probants. L’explication tient au fait que l’analyse du risque à assurer et l’expérience de souscription du courtier (ou du conseiller en assurances) est décisive dans ces cas», renchérit Pascal-Henri Vuilleumier, directeur général de la société CGA Conseils à Genève.

3- Y aura-t-il bientôt davantage de sites?
La branche pourrait se développer rapidement en Suisse et il faut garder un œil ouvert sur les nouveautés. «Selon mon expérience et en observant ce qui se fait à l’étranger, nos voisins français semblent avoir vingt ans d’avance. Le marché de la vente en ligne en assurances pour PME a néanmoins de l’avenir en Suisse dans deux segments bien précis.

Tout d’abord, dans les affaires de masse, où rien ne se négocie mais tout se compare (assurances maladie, véhicules, ménage, etc.), car les PME ont aussi besoin de contrats d’assurance qui correspondent aux affaires de masse comme les véhicules. Ensuite, on trouvera des sites pour les affaires de niche et des produits très pointus», considère Pascal-Henri Vuilleumier.

Les budgets des PME pour les assurances peuvent être très conséquents.

Luc Oesch, directeur des finances, Centre patronal

4- Quelles sont les nouveautés sur ces sites?
«Les PME ne bénéficient pas de grands comparateurs comme les particuliers (Comparis, Bonus.ch). Il existe néanmoins certaines nouvelles applications très innovantes qui permettent de scanner ses polices ou, encore mieux, de donner le mandat aux courtiers pour qu’ils puissent directement aller les chercher chez les compagnies et bénéficier d’une optimisation par ces courtiers. Ces applications sont assez intuitives, il convient de bien se renseigner sur les acteurs qui sont derrière», enchaîne Sébastien Kügele. Une des nouveautés est le fait de pouvoir, en quelques clics, réunir toutes ces polices et bénéficier d’optimisation sans le risque d’oublier les dates de résiliation.

5- Quels sont les avantages de passer par un courtier?
Rappelons-le, il existe des avantages et des inconvénients à passer par des courtiers. «Il convient tout d’abord de privilégier ceux qui disposent des ressources professionnelles nécessaires. Il faut en outre s’assurer que le courtier est accrédité à la Finma et membre d’une association professionnelle de courtiers reconnue. Il doit aussi être le plus indépendant possible des assurances et toucher des commissions égales de leur part pour ne pas privilégier tel ou tel groupe. Il faut également relever que les assureurs ont souvent des réseaux d’agents directs très compétents et que le passage par un courtier prive l’entreprise de cet accès direct aux agents représentant une seule assurance, prévient Luc Oesch. «La majorité des courtiers offrent un service très convaincant, contrairement aux sites de vente en ligne», considère Pascal-Henri Vuilleumier.

6- Quels gains peut-on réaliser?
Afin de cibler immédiatement les gains intéressants à réaliser, nos experts nous donnent les pistes à explorer. Chaque domaine mérite d’être optimisé en mettant la priorité sur les plus gros budgets ou les couvertures les plus sensibles selon son activité. Sur les sites, on réalise des gains essentiellement et, logiquement, sur les coûts.

«Mais il ne faut pas négliger la relation de confiance que l’on peut avoir avec son assureur, qui sera enclin à se battre pour vos intérêts en cas de sinistre ou lors de négociation de primes si vous faites preuve de fidélité à sa compagnie», souligne Sébastien Kügele. A ce sujet, il est à noter que selon le volume des primes de l’entreprise, la compagnie d’assurances est prête à offrir des rabais conséquents ou à s’aligner sur des offres concurrentes. Il existe une vraie marge de manœuvre qu’il ne faut pas négliger.

«Les possibilités de gains existent. En cas de couvertures identiques, les prix changent lorsqu’on les compare les uns aux autres. Le marché est concurrentiel, on peut en profiter. Certains groupes d’assurances doivent par exemple passer par des réassureurs pour proposer des produits, cela peut renchérir leurs services», révèle Luc Oesch.

Demandez à chaque fois 3 offres de compagnies différentes pour avoir une vision claire!

Sébastien Kügele, directeur de Devis.ch

7- Les critères à considérer
La qualité des demandes d’offres présentées aux assureurs compte énormément dans le résultat final. Les critères sont en effet très nombreux, qu’ils soient objectifs ou subjectifs. Selon Pascal-Henri Vuilleumier, on peut citer parmi ceux-ci les cas de sinistres antérieurs, l’évolution de la masse salariale et le chiffre d’affaires. Il faut tenir compte en outre de la définition précise de l’activité et des risques à assurer ainsi que des obligations spécifiques liées à la branche d’activité et la propension de la PME d’assumer une part du risque.

8- Ce dont il faut se méfier
Accepter une offre d’assurance dans un secteur bien précis est une chose, mais être sûr qu’elle corresponde exactement à ses besoins et à sa réalité d’entrepreneur est tout autre. Tous les experts interrogés nous ont mis en garde. Les propositions d’assurances ne sont pas standardisées et une PME n’est pas vraiment compétente pour examiner si les couvertures d’assurances offertes couvrent bien ses risques.

9- Il est toujours possible de négocier!
Tous les experts interrogés sont d’accord sur ce point, il est possible de négocier! Les tarifs d’assurances se négocient de gré à gré avec l’assureur, chaque dossier ayant un profil différent. Voici d’autres perles. «Le SAV (service après-vente) est déterminant pour une PME, notamment la gestion et le suivi des cas de sinistres, enjeu important pour maintenir la trésorerie de l’entreprise en cas de coup dur», précise Pascal-Henri Vuilleumier. Sébastien Kügele n’est pas non plus avare de conseils. «Une fois le courtier choisi, demandez à chaque fois trois offres de compagnies différentes pour avoir une vision assez claire du marché. Mais le plus important est de prendre le temps de comprendre ses besoins, ses risques et la logique derrière chaque couverture de manière à éviter la sous et sur-assurance.»

«Pour ma part, je conseille aux chefs d’entreprise de faire une liste exhaustive de leurs contrats et de les revoir souvent pour des réajustements. Il faut se méfier aussi des durées de contrats trop longues. Enfin, il faut avoir conscience que les situations de sous-assurances peuvent coûter très cher aux PME, jusqu’à la faillite dans les cas les pires.», ajoute Luc Oesch.

10- Est-ce facile de résilier?
Comparer est un bon réflexe, mais le plus important restera à faire en cas de volonté de changement de portefeuille, de résiliation ou de non-renouvellement de son contrat. Or la résiliation peut se faire seulement à la date convenue dans le contrat, en cas de hausse des primes ou sur sinistres. En dehors de ces trois conditions, il ne sera pas facile de résilier.

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Edouard Bolleter