C’était une saison de rêve pour Marco Odermatt. Et une saison de records. Le plus magique de tous les chiffres: 2042, c’est le nombre de points accumulés par le champion nidwaldien au classement général de la Coupe du monde de la saison de ski qui s’est achevée il y a peu. Le dieu du ski suisse a ainsi dépassé le «record du siècle» d’Hermann Maier, grâce à sa victoire exceptionnelle en slalom géant lors de la finale de la Coupe du monde à Soldeu, en Andorre, le week-end des 18 et 19 mars.

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Le héros du ski autrichien Hermann Maier avait remporté exactement 2000 points au classement général de la Coupe du monde lors de la saison 1999-2000. Avec sa 13e victoire de la saison – plus que n’importe quel Suisse jusqu’à présent –, Marco Odermatt a désormais franchi ce cap qu’on croyait infranchissable. En plus du grand globe de cristal pour la victoire au classement général de la Coupe du monde, le Suisse s’est également assuré les petits globes de cristal dans les disciplines du slalom géant et du super-G.

Des records de primes

Mais, tous sexes confondus, Marco Odermatt a dû essuyer une défaite (bien tolérable au demeurant) dans son duel avec la dominatrice de la saison chez les femmes: Mikaela Shiffrin. La skieuse polyvalente a battu son concurrent masculin dans la course au nouveau record de primes. Cet hiver, le Suisse a gagné un peu plus de 941 200 francs, mais l’Américaine l’a de nouveau dépassé en remportant encore un slalom, récoltant ainsi un total de 964 200 francs.

Avec cette somme, Mikaela Shiffrin a établi un nouveau record et battu son propre record de la saison 2018-2019, où elle avait gagné 886 386 francs grâce à ses succès sportifs. Marco Odermatt détient désormais le record chez les hommes, en dépassant largement les 669 681 francs récoltés par Marcel Hirscher lors de la saison 2017-2018.

La comparaison directe avec les années précédentes est toutefois boiteuse. Cette saison, il y a 10% de primes en plus à gagner. Actuellement, une victoire en Coupe du monde rapporte 50 000 francs. Il s’agit cependant d’une valeur brute. Selon le lieu de la course, un impôt pouvant aller jusqu’à 30% doit encore être déduit de ce montant.

La Fédération suisse de ski rémunère également les athlètes locaux pour leurs succès sportifs. Marco Odermatt, Lara Gut-Behrami et leurs collègues reçoivent une somme à six chiffres pour leurs podiums dans les différentes courses et leurs succès dans les classements par discipline. Contrairement à la Fédération internationale de ski (FIS), Swiss-Ski ne communique pas les chiffres exacts. Concrètement, cela signifie pour Marco Odermatt que, avec sa saison de rêve, il obtient facilement plus de 1 million de francs de primes.

De nombreux sponsors 

Ces dernières ne sont toutefois que l’un des trois piliers de rémunération du skieur suisse. Grâce à ses contrats de sponsoring et d’équipement, il génère chaque année des revenus à sept chiffres. On parle d’environ 3 millions de francs par an. Dans son portefeuille de sponsoring, Marco Odermatt compte actuellement 20 partenaires. En font partie les deux sponsors de la fédération, Sunrise et Raiffeisen, avec lesquels le skieur a conclu des contrats individuels.

Depuis la saison dernière, son sponsor principal est Red Bull, ce qui équivaut à une consécration dans le monde du sport. Dans le sport individuel, aucune autre marque ne dispose d’un standing comparable à celui de la société autrichienne. Dans le domaine du ski, le fabricant de boissons énergétiques compte un solide réseau. Après tout, il représente de nombreux autres athlètes, comme Mikaela Shiffrin et Dominik Paris, ainsi que les anciennes stars Marcel Hirscher et Lindsey Vonn. Si «Odi» a besoin d’une piste pour un entraînement spontané ou d’un vol privé de dernière minute, pas de problème: Red Bull dispose d’un carnet d’adresses fourni. De plus, le premier skieur suisse de Red Bull fait désormais partie de la machinerie de marketing sportif bien huilée des Autrichiens, qui peuvent le profiler comme une marque globale.

Des partenariats de longue date

Toutefois, l’objectif de Marco Odermatt en matière de sponsoring n’est pas de maximiser les recettes. Il entretient une relation de longue date avec de nombreux partenaires. Dans son portefeuille, il reste aussi de la place pour de plus petits acteurs, car la star du ski continue à leur accorder des conditions équitables malgré l’énorme augmentation de sa valeur sur le marché. Ainsi, l’entreprise Alpinlift Helikopter, située à Buochs (NW), lieu de naissance et de résidence de Marco Odermatt, fait partie de ses sponsors depuis des années: elle a d’ailleurs décoré un hélicoptère à l’effigie du skieur en son honneur.

Responsable des activités commerciales de Marco Odermatt, le manager Michael Schiendorfer représente aussi d’autres grands sportifs suisses comme le spécialiste de saut en longueur et d’épreuves combinées Simon Ehammer et le roi de la lutte Joel Wicki. Sa stratégie: le bon mélange de marques internationales, de sociétés nationales et d’entreprises locales. «Celui qui ne court qu’après l’argent fait une grosse erreur», a récemment déclaré le Saint-Gallois dans les titres de CH Media. L’objectif commun de son client et de lui-même était dès le départ de construire la marque Odermatt comme une maison stable, pouvant résister aux vents contraires, par exemple en cas de blessure du skieur.

Marco Odermatt s’est également appuyé sur des partenariats de longue date pour son équipement. Il ne skie pas avec des skis de l’une des deux méga-marques Atomic et Head, mais fait confiance au savoir-faire suisse de Stöckli et ce, depuis 2010 déjà. Le fabricant de skis lucernois est l’exemple parfait de l’importance des contrats d’équipement comme troisième pilier pour le champion olympique et multiple médaillé d’or aux Championnats du monde. Stöckli fournit à Marco Odermatt plus de 50 skis par saison et l’assiste en direct avec de la main-d’œuvre lors des courses.

Marco Odermatt reçoit également des prestations en nature de ses équipementiers Salomon (chaussures de ski), Reusch (gants) et du fabricant suédois d’articles de sport POC (casque et lunettes). En outre, il dispose depuis trois ans d’un contrat individuel avec l’équipementier japonais Descente.

Le skieur suisse regroupe tous ses revenus dans son entreprise MO Snow, fondée fin 2018 et dont le siège se situe à Buochs (NW). Il est employé par cette dernière, qui lui verse un salaire mensuel pour son travail. «Odi» ne peut donc pas simplement dilapider l’argent qui coule actuellement à flots. D’une part, cela ne correspond pas à son tempérament. D’autre part, son père, Walter Odermatt, président du conseil d’administration de MO Snow, pourrait y mettre son veto.