«J’ai toujours rêvé de faire voler les bateaux, déjà enfant. Adolescent, j’ai fait mes premiers croquis, que je parviens à montrer à Dassault. Ces derniers m’envoient chez Eric Tabarly, j’avais alors 18 ans et je vivais dans ma 2 CV. Il propose de me loger. Sur la base de mes dessins, on a réussi à faire voler le premier bateau, bien avant les foils. On s’est crashé trois fois. C’étaient de véritables explosions de la structure en carbone avec un bruit incroyable. Cela vous propulse hors du bateau. Il a fallu le reconstruire, retrouver des financements et des équipages. Je n’avais pas peur, même si on a le droit d’avoir peur. Chacun a son propre curseur, ses propres limites. A force d’acharnement, en 2009, on a battu le record du monde de vitesse à la voile (95 km/h).

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Mes enfants m’ont alors dit que ça ne servait à rien de voler sur l’eau si ce n’était pas pour transporter des personnes. Pour aller plus loin, j’ai vendu ma maison et on est partis en famille à Los Angeles, puis à Hawaï. Les premiers dessins des SeaBubbles y voient le jour. Il s’agit de navettes électriques volant sur l’eau. Elles permettent de désengorger les villes du trafic. A mon retour en France, fatigué du millefeuille administratif, je m’installe en Suisse, où je connais Bertrand Piccard de Solar Impulse et Bertrand Cardis, fondateur de Décision et du bateau d’Alinghi. Depuis, je vis en Lavaux avec ma femme et mes enfants.

Plusieurs prototypes de SeaBubbles sont fabriqués et volent sur le Léman et la Seine. A cette même période, les soucis commencent avec mes associés, notamment sur la propriété intellectuelle. Ils m’accusent de tous les maux. L’affaire n’est pas encore réglée. Mais cela ne me fait rien. Il y a deux ans, j’ai lancé ma nouvelle idée, faire voler des containers de 30 tonnes, sans bruit, sans vagues. Mes amis m’ont dit que je rêvais. Certains ont investi les premiers millions.

A présent, Fly-Box est en construction dans un atelier vers Annecy. Les premiers essais sont prévus fin mai sur le Léman. Je suis allé aux Emirats pour lever 120 millions afin d’industrialiser la fabrication de 100 bateaux volants Fly-Box. Là-bas, les gens aiment mon histoire. Ici, je suis clivant et j’énerve, car je suis têtu comme trois mules.

Malgré les hauts et les bas, je suis très attaché à la Suisse. L’équipe du CHUV a sauvé ma femme. Le 17 mars 2023, lorsque Erna a eu un double infarctus, j’ai tout de suite su que c’était très grave. Pourtant, alors qu’elle était entre la vie et la mort, je m’endormais en une minute, car j’ai confiance en la vie. Elle va bien aujourd’hui. Nous venons de créer la Fondation Erna Alain Thébault, pour aider la recherche en cardiologie. Parallèlement, nous écrivons deux nouveaux livres et démarrons le tournage d’un film basé sur mon dernier livre, Les sillages de l’audace.

Pendant ces deux ans, lorsque Erna était dans le coma, puis convalescente, j’ai continué mon activité pour Fly-Box et dit à l’équipe qu’on allait même accélérer. Mon défaut est que je n’ai jamais peur, peu importent les problèmes matériels, privés ou professionnels. J’aime cette instabilité, car si vous voulez avancer, il faut toujours passer par une phase d’instabilité. S’arrêter, c’est tomber.»

Les dates clés

2009
Record du monde de vitesse avec l’Hydroptère.

2023
Fondation de Fly-Box et double infarctus de sa femme.