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Une nouvelle enquête avance que près d’un Suisse sur deux détient des actifs numériques, un chiffre jugé irréaliste par des chercheurs et contredit par les estimations de la BNS.
Un sondage avance que 43,7% des Suisses détiendraient des cryptomonnaies, un taux jugé irréaliste par certains chercheurs et très éloigné des données de la BNS.
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Le bitcoin stagne autour de 90 000 dollars depuis plusieurs semaines, dans un contexte d’incertitude concernant la politique monétaire américaine. Malgré cette déprime, les Suisses continuent à s’intéresser aux cryptomonnaies: 43,7% d’entre eux en détiendraient, selon un sondage du portail estonien de crypto-échange Zondacrypto publié mercredi.
Près d’une personne sur deux dans le pays posséderait-elle bitcoin, ether, solana ou XRP? Le communiqué l’assure, soulignant que ce taux «exceptionnellement élevé» témoigne de la «maturité du marché suisse», selon le CEO de la plateforme, Przemysław Kral.
«Un chiffre aussi élevé n'est pas plausible», juge Simon Amrein, professeur à la Haute école de Lucerne (HSLU) et coauteur d’une étude de référence sur les investissements en cryptomonnaies. «À titre de comparaison, 52% de la population investit dans des titres tels que des actions, des fonds, des obligations… Une telle prévalence impliquerait que les actifs numériques soient aussi répandus que les titres traditionnels», poursuit l’expert en sciences bancaires.
Simon Amrein rappelle que ses collègues chercheurs et lui estimaient que 11% de la population helvétique détenait des placements en cryptomonnaies en 2024. Un niveau aujourd’hui encore «réaliste», même s’il a pu légèrement progresser depuis. Ce taux – quatre fois moins élevé que celui avancé par Zondacrypto – est proche de celui mentionné dans la dernière enquête sur les moyens de paiement de la Banque nationale suisse (BNS), soit un peu moins de 10%.
Fondé en 2014, Zondacrypto est présent à Zoug depuis janvier via une filiale. A son conseil d'administration, on retrouve l’entrepreneur et cofondateur de la néo-banque Amina (anciennement Seba) Guido Bühler. Sollicité par PME, le portail justifie l’écart entre les deux taux par une définition plus large des «actifs numériques» – incluant stablecoins et NFT – et par la rapidité de l’évolution du Web3, qui rend les données plus anciennes «rapidement obsolètes». L’étude de la HSLU a été menée en juillet 2024, sur un échantillon de plus de 3000 personnes. Celle du portail estonien a touché un panel de 1000 consommateurs, pilotée en novembre dernier.
À noter que le taux avancé par Zondacrypto trouve en partie écho chez certains acteurs du secteur. «Il correspond à nos propres données», indique une porte-parole de la crypto-banque zuricho-singapourienne Sygnum.
Du côté des plateformes grand public, les proportions sont plus modestes tout en allant dans le même sens. Swissquote observe qu’«environ un client sur cinq» investit, directement ou via des produits structurés, dans les cryptomonnaies. La porte-parole de la néobanque de Gland rappelle toutefois qu’un tel niveau ne peut être extrapolé à l’ensemble de la population suisse, en raison du positionnement pionnier de Swissquote sur le marché.
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Chez Yuh, 35% des 370 000 utilisateurs ont acquis des devises numériques, une part qui grimpe à près de 40% chez les 18–40 ans, «avant de décroitre nettement au-delà de 50 ans». À la lumière de ces données, l’idée que près d’«un Suisse sur deux» investit dans les cryptomonnaies ne s’observerait, dans les faits, que chez les jeunes adultes.
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