Surpris par les déclarations américaines, les pays de l'UE ont demandé lundi des explications au secrétaire d'Etat américain Antony Blinken pendant un entretien en visioconférence avec ses homologues. La réunion a débuté vers 15h30 et devrait durer deux heures, a précisé l'un de ses participants.

Les Européens veulent comprendre les raisons de l'alarmisme des Américains et de leurs alliés britannique et australien, qui ont annoncé le retrait d'une partie du personnel de leurs ambassades à Kiev.

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L'Ukraine pourrait devenir "une nouvelle Tchétchénie", a averti le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Dans ce climat tendu, l'Otan a annoncé placer des forces en attente et envoyer des navires et des avions de combat pour renforcer ses défenses en Europe de l'Est. L'Alliance dispose d'une force de réaction rapide de 40'000 soldats actuellement sous commandement français.

"Hystérie"

"Les tensions sont exacerbées par les annonces et les actions concrètes des États-Unis et l'Otan", a quant à lui déploré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçant "une hystérie" en Europe sur une supposée invasion russe imminente de l'Ukraine.

Il a toutefois jugé "très élevé" le risque d'une offensive des troupes ukrainiennes contre les séparatistes prorusses.

Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, avait dit il y a une semaine redouter une "intégration de fait" à la Russie des régions de l'est de l'Ukraine contrôlées par ces derniers.

Décision "prématurée"

La décision de Washington a été jugée "prématurée" et "excessive" par les autorités ukrainiennes.

"Je ne pense pas qu'on devrait dramatiser dans la mesure où les négociations se poursuivent", a de son côté affirmé Josep Borrell.

"Il ne faut pas se mettre dans la logique d'une guerre. Il faut éviter la guerre", a dit le doyen des ministres des affaires étrangères de l'UE, le Luxembourgeois Jean Asselborn.

Russes et Américains sont convenus vendredi dernier d'un nouveau rendez-vous et Antony Blinken s'est engagé à "coucher des idées sur le papier" en réponse aux demandes de Moscou concernant la sécurité en Europe.

La Russie exige un engagement écrit sur le non-élargissement de l'Otan à l'Ukraine et à la Géorgie, une autre ex-république soviétique, et demande un retrait des forces et des armements de l'Alliance atlantique des pays d'Europe de l'Est ayant rejoint l'Otan après 1997, notamment de Roumanie et Bulgarie. Des demandes inacceptables pour les Occidentaux.

La situation sécuritaire est jugée préoccupante. Moscou assure ne pas avoir l'intention d'intervenir en Ukraine, mais soutient les revendications des séparatistes prorusses des républiques autoproclamées de Lougansk et de Donetsk dans l'est de ce pays et a massé plus de 100'000 soldats, des chars et de l'artillerie aux frontières ukrainiennes.

"Si la Russie envahit une nouvelle fois l'Ukraine, nous adopterons des sanctions sans précédent et la Russie sera totalement isolée", a averti lundi le ministre danois Jeppe Kofod.

Les marchés financiers ont dévissé lundi, mais la banque centrale russe a assuré avoir "suffisamment d'outils" pour éviter que la stabilité financière de la Russie ne soit menacée.

Une série d'options ont été préparées par la Commission européenne. La réduction des achats de gaz et de pétrole, respectivement 43% et 20% de l'approvisionnement de l'UE, et qui financent largement le budget russe, est sur la table, a confié à l'AFP une source européenne.

L'UE discute par ailleurs d'un soutien financier de 1,2 milliard d'euros à l'Ukraine.