La police a bouclé ses investigations sur la construction des Migros de Belfaux et La Roche (FR). Le dossier justifie l'ouverture d'une procédure pénale pour gestion déloyale, subsidiairement escroquerie, estime le procureur général Fabien Gasser, selon une information parue mardi dans les Freiburger Nachrichten, confirmée à Keystone-ATS par la greffière Murielle Decurtins.
Outre Damien Piller, personnage incontournable dans le canton de Fribourg, actif dans l'immobilier et les médias, entre autres activités, la procédure touche également l’ex-directrice de la coopérative régionale du géant orange, Marcelle Junod. L'affaire concerne la construction des succursales fribourgeoises inaugurées en 2014 pour Belfaux et 2015 pour La Roche.
Deux prévenus
L’enquête préliminaire de la brigade financière de la Police cantonal a été ouverte après une plainte déposée en juillet 2019 par la Fédération des coopératives Migros. Ses conclusions débouchent ainsi sur une procédure où Damien Piller est soupçonné d’avoir confié les travaux des magasins à deux de ses propres sociétés, empochant 1,8 million de francs dans l’opération.
A ce stade de la procédure, aucun autre commentaire ne sera accordé par le Ministère public fribourgeois, a précisé Murielle Decurtins. Les deux prévenus bénéficient évidemment de la présomption d’innocence. De plus, il n’est pas certain que l’affaire débouche sur un procès public devant le Tribunal pénal économique.
A l’issue des auditions qu’il s’apprête à mener, le procureur général Fabien Gasser peut en effet toujours prononcer un classement de l'affaire ou une condamnation par voie d’ordonnance pénale. Outre l’affaire des deux succursales Migros, Damien Piller pourrait également devoir répondre de faux dans les titres.
Bourrage des urnes
Ici, le dossier concerne la votation organisée en novembre 2019 auprès des 120’000 coopérateurs de Migros Neuchâtel-Fribourg. Ces derniers étaient appelés à voter ou non la révocation immédiate de l’homme d’affaires fribourgeois. A la surprise générale, 64,5% des participants au scrutin avaient accordé leur confiance à Damien Piller.
Mais il était rapidement apparu que les urnes avaient été bourrées de bulletins falsifiés. Au final, le vrai résultat était largement en défaveur du promoteur. La procédure ouverte dans le canton de Neuchâtel, qui n’a pas permis d’identifier l’auteur de la manipulation, pourrait être reprise par la justice fribourgeoise.
Une demande en ce sens a été formulée par le procureur neuchâtelois Pierre Aubert. Pour rappel, Damien Piller a quitté sa fonction de président de l'administration de Migros Neuchâtel-Fribourg, dont le siège se trouve à Marin (NE), à fin juin 2020. Il a été remplacé par l'ancien conseiller d'Etat neuchâtelois et vigneron Thierry Grosjean.