"Le festival a pour vocation d'ouvrir les yeux des spectateurs sur le monde et par conséquent, nous sommes touchés par ce qui se déroule en Ukraine", a confié en ouverture le président de l'association du FIFF Mathieu Fleury. En utilisant le cinéma comme outil d'exploration, les organisateurs souhaitent témoigner des cassures qui émaillent les civilisations actuelles.

Le public pourra ainsi voyager aux confins de la frontière ukrainienne grâce au film coup de poing "Klondike" de Maryna Er Gorbach, en Angola grâce à des productions méconnues ou encore au coeur de l'Afghanistan. Ces courts et longs métrages sont tous répartis dans la sélection officielle du FIFF en deux compétitions internationales à l'exception de quatre films dont ceux d'ouverture et de clôture.

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Le cinéma afghan aura droit à une place de choix pour cette édition alors qu'il a été mis à l'arrêt par le retour des talibans au pouvoir. Le festival fribourgeois a invité plusieurs cinéastes originaires d'Afghanistan pour parler d'un thème bien précis. "Nous voulons montrer au public des films tournés entre les deux périodes taliban. Ces derniers apparaissent comme le reflet de cette période florissante stoppée net dans son élan", explique le directeur artistique Thierry Jobin.

Le bilinguisme comme crédo

Pour offrir ce programme varié aux spectateurs, le comité d'organisation a visionné 2140 films parmi lesquels il en a sélectionné 127. Le public pourra en découvrir 57 en premières mondiales, internationales, européennes et suisses. Pour la première fois cette année, 96% des films, contre 75% l'an passé, seront sous-titrés en allemand. "C'est un état d'esprit que nous voulons garder au FIFF et nous poursuivrons nos efforts dans cette direction", souligne M. Fleury.

Les publics francophone et germanophone pourront ainsi apprécier les sections parallèles du festival. Parmi celles-ci, le cinéma de genre aura pour thème "Après l'apocalypse". "En ces temps troublés, je cherchais un genre qui pouvait parler de la folie humaine. Mon choix s'est alors rapidement porté sur les films apocalyptiques et post-apocalyptiques qui développent très bien cette thématique", relève M. Jobin.

A la suite de ce choix, 50 titres de ces deux genres cinématographiques ont été proposés pour la section "Les désirs du public". Après 250 votes, c'est le film "Docteur Folamour" qui est arrivé largement en tête. "On peut presque penser que le public a été visionnaire au moment du vote tant les parallèles avec la situation en Ukraine sont évidents dans ce long métrage", sourit le directeur artistique du FIFF.

Prudence encore de mise

Cette année, le FIFF table sur un budget de 2,4 millions de francs, "dont 1,6 million seront reversés dans les caisses du canton de Fribourg", tient à préciser M. Fleury afin de souligner l'importance économique des acteurs culturels.

Même si la manifestation a reçu un accueil généreux de la part des partenaires privés, elle a aussi dû faire attention au moment de délier les cordons de sa bourse. "La location de films a été difficile cette année à cause de la pandémie. Nous avons dû très souvent négocier afin de trouver un compromis abordable", affirme M. Jobin.

Pour le directeur artistique du FIFF, le retour des foules au cinéma est important. "Les producteurs ont vu leurs finances être mises à mal ces deux dernières années. Dès lors, ils hésitent à l'idée de produire certains films. C'est la diversité du cinéma qui est en danger", alerte-t-il. Le FIFF entend néanmoins continuer à se battre pour la diversité dans les salles helvétiques.

A
ats