Plombé lundi par les effets sur la demande des confinements ordonnés en Chine face à la hausse des cas de Covid-19, alors que la question d'un embargo sur l'or noir et le gaz russes reste en suspens, le baril de Brent franchissait le seuil des 100 dollars.

Vers 07h40, les 159 litres de pétrole de la mer du Nord (Brent) pour livraison en juin, rebondissait de 2,04% à 100,49 dollars, après avoir dégringolé de 4,18% à 98,48 dollars lundi soir. En l'espace d'une semaine, ils ont fléchi de plus de 6% et de 3,2% sur un mois, non sans avoir décollé de plus de moitié (+57,2%) en glissement annuel.

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Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en mai, il progressait dans le même temps de 2,23% à 96,39 dollars, effaçant le tassement de 4,04% à 94,29 dollars affiché la veille au soir.

"Les cours ont flanché lundi à cause des inquiétudes autour de la Chine et de ses confinements, doublées des incertitudes quant à la Russie et à sa capacité future à exporter du pétrole", si l'Europe envisage de nouvelles sanctions, a résumé Phil Flynn de Price Futures Group. Confrontée à la pire vague de Covid-19 en Chine depuis le début de l'épidémie, Shanghai, la capitale économique du pays, est en confinement total ou partiel depuis désormais deux semaines.

Craintes réduites

"En d'autres termes, les blocages qui ralentissent la demande de pétrole dans le deuxième pays consommateur au monde risquent de durer encore longtemps", a indiqué Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank. Pour Victoria Scholar, analyste chez Interactive Investor, Pékin se borne à "sa politique agressive de tolérance zéro (Covid) au détriment de son économie".

"On craint que les confinements et les restrictions économiques ne s'aggravent si les cas s'étendent à d'autres villes", explique-t-elle. La libération des réserves stratégiques promise par les pays consommateurs de pétrole "contribue par ailleurs à apaiser les craintes liées" à une pénurie "et à combler une partie de l'offre russe absente du marché", a pour sa part affirmé Fiona Cincotta, de City Index, interrogée par l'AFP.

Les prix du pétrole devraient rester volatils à court terme au regard de la situation en Ukraine, les analystes n'excluant pas définitivement des mesures de sanctions visant les hydrocarbures russes, même si elles ne sont pas à l'ordre du jour dans l'immédiat. Reste qu'un nouveau train de mesure se prépare.

Sur le terrain, les forces russes maintenaient leur pression sur la ville portuaire stratégique de Marioupol, que les soldats ukrainiens tentent désespérément de défendre, et dans l'Est de l'Ukraine où Kiev s'attend sous peu à une offensive majeure. La situation à Marioupol, assiégée depuis plus de 40 jours par l'armée russe et largement détruite, est dramatique.

Ralentissement de la croissance mondiale

Selon le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaylo Podolyak, "des dizaines de milliers" de personnes y ont péri et "90% des maisons" ont été détruites, a-t-il écrit sur Twitter, ajoutant que "les soldats ukrainiens sont encerclés et bloqués". Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également réclamé lundi soir dans une allocution vidéo davantage d'armes auprès de ses alliés, notamment pour renforcer la défense de la ville.

Le Royaume-Uni a par ailleurs annoncé qu'il tentait de vérifier des informations sur l'éventuelle utilisation d'armes chimiques par les forces russes à Marioupol, après que le régiment ukrainien Azov a affirmé qu'un drone russe y avait largué une "substance toxique" sur des soldats et civils. Petro Andriouchtchenko, un conseiller du maire de Marioupol, a souligné sur Telegram que "les informations sur l'attaque chimique ne sont pas actuellement confirmées". Tout comme le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Autre facteur baissier pesant sur l'or noir: "la possibilité d'un ralentissement de la croissance mondiale (...) pourrait également peser sur les perspectives de la demande", souligne Mme Cincotta. "Les cours reculent car le marché craint les anticipations d'une récession", indiquait aussi Phil Flynn alors qu'on s'attend à une inflation "extraordinairement élevée" en mars, a prévenu la Maison Blanche avant sa publication mardi.

"On parle de plus en plus de récession économique l'année prochaine, les banques centrales préférant clairement une légère récession à une inflation galopante", selon Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb.

A
ats