Le 12 juillet 2013, le déraillement d'un train intercités en gare de Brétigny-sur-Orge (Essonne) avait fait sept morts et plus de 400 blessés.

"Il est évident qu'avec une catastrophe pareille, c'est un procès important pour la SNCF", a déclaré Emmanuel Marsigny, conseil de la Société nationale SNCF, en amont de l'audience. La SNCF souhaite que la justice puisse trancher "entre deux thèses": celle d'un "défaut de maintenance" retenue par l'enquête, et celle d'un "défaut de métallurgie rendant imprévisible l'accident", soutenue par l'entreprise.

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"La SNCF n'a jamais prétendu que le système était parfait" mais "jamais au regard des difficultés rencontrées, la sécurité n'a été en jeu", a affirmé Me Marsigny.

Ce vendredi de juillet 2013, le retournement d'une éclisse en acier - sorte de grosse agrafe joignant deux rails - fait dérailler le train Intercités Paris-Limoges 3657 circulant à 137 km/h (pour une vitesse limite de 150 km/h).

Six personnes, âgées de 19 à 82 ans, meurent. Une septième, grièvement blessée, décèdera une quinzaine de jours plus tard. Trois se trouvaient à bord du train et quatre sur le quai.

Vol d'un ordinateur

Sept ans d'enquête et de bataille d'expertises seront décryptées durant le procès. Au cours de l'enquête, les magistrats instructeurs avaient souligné "les difficultés rencontrées" pour recueillir auprès de la SNCF des "documents essentiels permettant de retracer les opérations de maintenance".

Ils ont aussi regretté que la majorité des agents ait été entendue, avant leurs auditions, par le service juridique de l'entreprise "pour y recevoir des consignes", selon les mots des juges. L'enquête s'était, par ailleurs, complexifiée avec le vol de l'ordinateur du cheminot, ensuite retrouvé avec un disque dur vide.

Lundi, Me Marsigny a assuré que la SNCF avait "toujours collaboré" à l'enquête. "Il n'a jamais été question de la part de la SNCF ni de sa direction juridique d'interférer de quelque manière que ce soit, ni de faire entrave à l'enquête".

L'accusation reproche au gestionnaire des voies SNCF Réseau (qui a succédé à Réseau ferré de France) "des fautes" ayant "conduit à l'absence de renouvellement anticipé" de la voie ou à "l'insuffisance des effectifs", ainsi que des défaillances "dans l'organisation, le contrôle et la réalisation des opérations de maintenance" à la Société nationale SNCF (héritière pénalement de SNCF Infra, chargée de la maintenance).

Cheminot sur la sellette

Âgé de 24 ans au moment des faits, le cheminot, directeur de proximité, devra répondre d'"une appréciation fautive": celle d'avoir effectué "seul la dernière inspection des voies", avec une attention "manifestement insuffisante", huit jours avant le déraillement.

Il ne travaille plus à la SNCF et est aujourd'hui marié et père de trois enfants, a-t-il déclaré lundi à la barre, portant une chemise bleu foncé, des lunettes à bordure noire et les cheveux coiffés en pique avec du gel.

A ce jour, 435 victimes ont été identifiées. Parmi elles, 184 se sont portées parties civiles. Vincent Roux a perdu sa petite amie Morgane dans l'accident. "Tous mes projets avec Morgane ont disparu d'un coup", confie-t-il à l'AFP, devant la salle d'audience. "J'attends la vérité et j'attends que chacune des personnes qui ont une responsabilité dans ce drame assume", a déclaré le quadragénaire, qui a aussi été blessé dans le déraillement.

Neuf personnes morales composent les parties civiles. Pour le syndicat Sud-Rail, l'instruction a dévoilé "une désorganisation permanente" et une "déstructuration du travail", "de la maintenance et de sa traçabilité" au sein de la SNCF. Encore aujourd'hui, "la logique de la 'trajectoire financière' est, dans toutes les réorganisations en cours dans les SNCF, présentée expressément comme la motivation première et absolue, donc primant sur la sécurité", a dénoncé le syndicat dans un communiqué.