La décision formelle sera prise début juillet par les ministres des Finances de l'UE, mais la porte est désormais grande ouverte. Aucune opposition n'est attendue, alors que l'ex-République yougoslave de 4 millions d'habitants respecte l'ensemble des critères techniques. La Banque centrale européenne (BCE) a également rendu mercredi un avis positif.
"Je m'attends à ce que la procédure se déroule bien et que la Croatie puisse rejoindre la zone euro dès l'année prochaine", a déclaré le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, qui sera à Zagreb jeudi.
La Croatie avait exprimé sa volonté d'adopter la monnaie unique dès son adhésion à l'UE en 2013.
Elle est désormais "prête à rejoindre la zone euro au 1er janvier. Cela va renforcer l'économie de la Croatie, en bénéficiant à ses citoyens, ses entreprises et à la société tout entière", a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, citée dans un communiqué. Cela va "aussi renforcer l'euro", a-t-elle affirmé.
Le pays méditerranéen dispose d'un important secteur touristique. La création de richesses par habitant se situe à un peu plus de la moitié du niveau moyen de l'UE, comme la Pologne et les Pays baltes. Le taux de chômage atteignait 6,1% en avril, dans la moyenne européenne.
Ce feu vert intervient alors que l'euro vient de fêter ses 20 ans d'existence en tant que monnaie fiduciaire.
Au 1er janvier 2002, des millions d'Européens dans douze pays abandonnaient leurs lires, francs, deutsche mark et drachmes pour des pièces et billets en euros.
Ils ont été rejoints depuis par sept autres pays: la Slovénie en 2007, Chypre et Malte en 2008, la Slovaquie (2009), l'Estonie (2011), la Lettonie (2014) et enfin la Lituanie en 2015. La zone euro rassemble désormais 345 millions d'habitants.
Symbole d'unité européenne
La monnaie unique est un symbole d'unité et de souveraineté européennes. Tous les pays de l'UE se sont engagés en théorie à y adhérer dès qu'ils remplissent les conditions, mais aucun calendrier n'est fixé. Seule exception, le Danemark a négocié une exemption après un référendum en 2000 par lequel les Danois ont rejeté l'euro.
L'introduction d'une nouvelle monnaie a suscité des craintes dans de nombreux pays. C'est aussi le cas en Croatie où seulement 30% des habitants jugent leur pays prêt pour l'euro, selon une étude menée en mars et avril. Quelque 87% de la population pense qu'il entraînera des hausses de prix.
L'économie croate est en tout cas prête pour la nouvelle monnaie, d'après les critères examinés par la Commission et la BCE.
En avril, le taux d'inflation harmonisé sur douze mois, à 4,7%, était située sous la barre fixée de 4,9%.
Les finances sont saines. Le déficit public a atteint 2,9% du produit intérieur brut (PIB) l'an dernier, juste sous la limite des 3%. La dette, à 80% du PIB, dépasse certes le seuil de 60%, mais c'est le cas de la plupart des pays de l'UE et sa trajectoire est nettement à la baisse.
Les taux d'intérêt à long terme du pays sont également dans les limites fixées.
Enfin, le pays a rejoint le mécanisme de taux de change européen (MCE II) en juillet 2020 et s'y est maintenu sans difficulté. Ce mécanisme fixe une limite de variation de 15% autour du cours de la kuna, la devise croate, établi actuellement à 7,5345 pour un euro. Un taux de change définitif sera fixé en juillet.
Dans son rapport publié mercredi, la Commission estime que la Bulgarie, qui espère adopter l'euro en 2024, ne remplit pas encore les conditions. Cinq autres pays dans l'antichambre de la monnaie unique (Hongrie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Suède) sont aussi dans ce cas, mais ils n'ont pas de projet d'adhésion à très court terme.