A 44 ans, le charismatique astronaute, devenu une célébrité en France, est rentré en fin d'année dernière de son deuxième séjour dans la Station spatiale internationale (ISS). Selon lui, il est vital que l'Agence spatiale européenne (ESA) reçoive les financements nécessaires pour pouvoir à l'avenir faire elle-même décoller ses astronautes, chose que seuls les Etats-Unis, la Russie et la Chine font actuellement.

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"Ce sujet prend de l'ampleur en ce moment", a-t-il déclaré depuis le siège de la Nasa à Washington, où une conférence de presse était organisée avec ses anciens compagnons de mission dans l'ISS. "Durant la fin des années 80, le début des années 90, nous avions ce but de devenir plus indépendants en termes d'accès à l'espace pour les humains, mais ça n'a pas marché comme prévu, l'Allemagne a dû se réunifier, les budgets ont été redirigés", a-t-il rappelé.

Aujourd'hui, les membres de l'Europe retrouvent une certaine unité face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Et les membres de l'ESA devraient capitaliser sur leur influence, selon l'astronaute. "Ces sujets, comme la diplomatie européenne, la défense européenne, reviennent sur la table, et avec cela revient également la question des vols spatiaux habités", a expliqué Thomas Pesquet.

"Commencer dès maintenant"

Une option pour l'ESA pourrait être de placer un vaisseau habitable sur la fusée Ariane 6 actuellement en cours de développement, et qui doit faire ses débuts depuis la Guyane française à la fin de l'année. "Nous devons commencer dès maintenant, car les cycles de développement sont longs. L'idée n'est pas que ça arrive seulement dans 15 ou 20 ans", a-t-il estimé.

Thomas Pesquet a également tenu à repousser l'idée que le rôle accru des entreprises spatiales rendrait les agences gouvernementales obsolètes. "Il y a cette perception dans la population que le secteur privé, comme Elon Musk ou SpaceX, mène la danse, ce qui n'est pas vrai du tout", a-t-il dit.

L'industrie privée a toujours été très impliquée, que ce soit pour les navettes spatiales ou les fusées Ariane, a-t-il rappelé. "Ce que nous avons fait, c'est leur donner davantage d'autonomie, en disant: 'nous avons besoin de ce service, vous nous le fournirez à un coût compétitif'".