Deux mécaniciens s'affairent ce lundi matin de juillet autour de cadres encore nus, dans les nouveaux locaux de la société situés dans la zone industrielle de Meyrin (GE). En deux à trois heures, les vélos seront assemblés. Les deux spécialistes vont chercher les pièces nécessaires dans les stocks entreposés dans le local adjacent.

"Le stock de matériel constitué deux ans plus tôt est suffisant pour livrer un vélo neuf en moins de trois semaines", assure Anna Bory, co-fondatrice de Miloo. Etant donné qu'elle assemble ses vélos et les distribue dans ses magasins à Genève, Lausanne et Zurich, l'entreprise n'a pas besoin de passer par une "liste de souhaits" auprès des fabricants, souligne Mme Bory.

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Proximité

"Maîtriser la chaîne en amont et en aval: c'est la chance de Miloo, ajoute la co-fondatrice. Si la conception et l'assemblage des vélos Miloo se fait en Suisse, il n'en va pas de même pour l'origine des pièces. "Impossible de trouver ce type de matériel dans le pays", relève la co-fondatrice.

La moitié des pièces provient des Etats-Unis (transmission), le quart d'Europe (selles et électronique) et le reste d'Asie (batteries, freins et cadres). Avec l'augmentation des coûts de transport, Miloo essaie de trouver de nouveaux fournisseurs plus proches, en Europe. L'incertitude générée par la guerre en Ukraine pousse aussi à privilégier la proximité.

Apprentis

Un autre type de pénurie inquiète la co-fondatrice de Miloo: le manque de personnel qualifié. L'entreprise, qui est passée de trois employés en 2020 à une quinzaine actuellement, a besoin de mécaniciens sur cycle, une main-d'oeuvre difficile à trouver. Seuls 16 CFC de mécanicien sur cycle ont été délivrés en Suisse romande en 2020, dont un seul à Genève, selon orientation.ch.

Anna Bory espère pouvoir former rapidement des apprentis. L'entreprise, qui travaille avec des ingénieurs externes pour développer ses nouveaux modèles, veut aussi intégrer un département recherche et développement en son sein.

e-SUV-bikes

Miloo, qui a bénéficié d'une levée de fonds de 2,5 millions de francs en mars dernier, a vendu près de 2000 vélos depuis les premières commercialisations en mars 2020, dont 130 ces cinq dernières semaines. "Les ventes ont triplé en 2022", se réjouit Anny Bory.

Fondée avec Daniel van den Berg, l'entreprise surfe sur la vague de la mobilité urbaine électrique. Elle a toutefois laissé tomber le développement des trottinettes électriques qui "n'allait pas dans la bonne direction". Son objectif est de faire passer les automobilistes au vélo électrique.

Pour réussir ce transfert modal, Miloo mise sur la sécurité et le confort en proposant des modèles dotés de cadres et de roues très larges. Les vélos électriques de Miloo, décrits comme des "e-SUV-bikes", sont ainsi des engins plus gros que les vélos ordinaires. Entièrement personnalisables, ils ne passent pas inaperçus, à l'instar de ce Miloo tout rose que l'on croise régulièrement au centre-ville.