La Fed a, comme attendu, relevé de 0,75 point de pourcentage son taux directeur, désormais situé entre 3,75 et 4,00%. Il s'agit de son plus haut niveau depuis janvier 2008.

Les responsables de l'institution disent par ailleurs anticiper "que de nouvelles hausses des taux seront appropriées", selon un communiqué de presse publié à l'issue de deux jours de réunion.

Lors de sa conférence de presse, le président de la réserve fédérale, Jerome Powell, a prévenu qu'il faudrait "du temps" avant que les hausses de taux d'intérêt ne ralentissent l'inflation et que cela passerait sans doute par un ralentissement de l'économie.

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Il a reconnu que le comité monétaire (FOMC) était ouvert "à modérer ses hausses de taux dès la prochaine réunion" en décembre, ajoutant cependant aussi rapidement qu'il était "très prématuré" de considérer "une pause" dans les relèvements de taux.

La bourse de New York a montré des signes de nervosité en écoutant Jerome Powell avant de finir la journée en forte baisse, échaudée par le message ferme après avoir cru à un signe de décélération du resserrement monétaire.

Maîtriser l'inflation

Réagissant à cette quatrième solide hausse des taux d'affilée, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre a assuré que "les actions de la Fed aidaient à maîtriser l'inflation". "Cela fait partie de notre transition vers une croissance stable et régulière avec une inflation basse", a-t-elle ajouté.

A moins d'une semaine des élections de mi-mandat, lors desquelles le président Joe Biden risque de perdre sa faible majorité démocrate au congrès, l'inflation est désormais la principale préoccupation des foyers américains.

Dans leur décision votée à l'unanimité, les membres du comité monétaire indiquent que les effets sur l'économie, des relèvements déjà effectués depuis le mois de mars, devront être pris en compte pour établir le rythme des hausses qui seront décidées lors des prochaines réunions. Cela a été interprété comme le signal d'une possibilité de hausses moins rapides dans les mois à venir.

Il faut en effet des mois pour que ces décisions de la Fed aient un effet sur l'économie.

L'inflation était encore en septembre de 6,2% sur un an, proche de ses plus hauts niveaux depuis plus de 40 ans, selon l'indice PCE privilégié par la Fed, dont l'objectif est de la ramener à 2%.

Une autre mesure, l'indice CPI a montré une hausse des prix de 8,2% sur un an en septembre.

La sixième d'affilée

La hausse du taux directeur décidée mercredi est la sixième d'affilée depuis le mois de mars, lorsqu'il se trouvait entre 0,00 et 0,25%, au plus bas, afin de stimuler la consommation pendant la crise du Covid-19.

La Fed avait commencé par la hausse habituelle de 0,25 point, avant d'accélérer à 0,50, et enfin, à quatre reprises désormais, à 0,75 point.

Mais un autre danger menace, puisque ce ralentissement volontaire de l'activité risque de faire plonger l'économie américaine dans la récession en 2023.

"Je pense que personne ne sait s'il y aura une récession ou pas et si elle a lieu, si elle sera importante", a tempéré M. Powell.

Le syndicat AFL-CIO s'est quant à lui alarmé de ce nouveau relèvement du coût de l'argent en estimant qu'il "aurait un impact direct et dommageable sur les travailleurs et les familles".

"Premiers signes" de ralentissement

Jerome Powell avait averti, à l'issue de la dernière réunion, en septembre, qu'il n'existait pas de "moyen indolore" de combattre durablement l'inflation.

En attendant, les Etats-Unis ont enregistré un trimestre de croissance entre juillet et septembre, avec +2,6% de croissance du PIB en rythme annualisé.

Quant au marché de l'emploi, il affiche toujours une santé de fer. Les chiffres officiels d'octobre seront dévoilés vendredi, mais on sait d'ores et déjà que les employeurs privés ont créé en octobre 239'000 emplois, bien plus qu'en septembre, et bien plus qu'attendu, selon des chiffres publiés mercredi.

Les démocrates, qui avaient concentré leur campagne sur le droit à l'avortement, quand les républicains jouaient la carte de la lutte contre l'inflation, tentent désormais de mettre en avant leur programme économique en faveur des classes moyennes.

La crédibilité de la puissante institution est en jeu car, après avoir assuré pendant des mois que la forte inflation ne serait que temporaire, elle a jusqu'à présent échoué à la faire ralentir.