Cette année, les employés devront cependant encaisser un important recul de leur pouvoir d'achat.
"Avec des augmentations de salaire de tout juste 2%, nettement en dessous du niveau d'inflation actuel, les salariés ne devraient pas être d'humeur à faire la fête", a estimé l'économiste en chef d'UBS, Daniel Kalt, cité mardi dans une étude.
Après une augmentation moyenne des salaires de 1,1% en 2022, les rémunérations devraient augmenter de 2,2% en 2023, selon le sondage mené par la banque auprès de 290 entreprises et associations patronales et de salariés. Les salaires nominaux, sans correction de l'inflation, "devraient connaître leur plus forte augmentation en près de 15 ans", a ajouté la banque, qui a passé en revue 22 secteurs économiques.
Pour cette année par contre, c'est la douche froide. UBS table sur un taux d'inflation moyen de 2,9%, entraînant une perte de salaire réel (en tenant compte du renchérissement) de 1,8%, "le plus fort recul depuis 1942".
Santé, commerce de détail et médias mal lotis
Face à l'envolée des prix, les entreprises ont globalement répondu favorablement aux ajustements des salaires, mais elles ne sont que 20% à compenser complètement l'inflation attendue à 2,1% en 2023. En moyenne, les salaires réels ne devraient progresser que de 0,1% l'année prochaine.
Salariés des secteurs du commerce de gros, de l'horlogerie et de la bijouterie, ainsi que des services informatiques et des télécoms devraient bénéficier, avec +3,0%, des hausses salariales les plus importantes en 2023.
En milieu de peloton se situent les salariés des banques et des assurances (+2,2%), de la production des biens de consommation (+2,1%), ainsi que du tourisme, de la culture, du sport et de l'éducation (+2,1%).
Parmi les moins bien lotis l'année prochaine se trouvent les employés des domaines de la santé et des activités sociales, du commerce de détail et des médias, qui devraient bénéficier d'un relèvement de 2,0% de leurs salaires.
Les spécialistes de la banque aux trois clés expliquent la retenue sur les salaires par le ralentissement attendu de l'inflation l'année prochaine, mais aussi par des "perspectives économiques moroses" qui "empêchent les employeurs d'augmenter les salaires plus fortement".
Face à ces difficultés et à la crise énergétique, les économistes d'UBS anticipent cet hiver un ralentissement, voire une "légère" récession de la conjoncture helvétique. Grâce aux réserves d'épargne des ménages et un marché de l'emploi robuste, le repli devrait cependant être limité.
La banque a néanmoins raboté ses prévisions de croissance pour cette année à 2,1%, contre 2,4% dans ses précédentes projections. Pour 2023, elle anticipe un produit intérieur brut (PIB) en hausse de seulement 0,4%, après 0,6% précédemment.