C'est ce qui ressort du "Baromètre Conditions de travail 2022" de Travail.Suisse et de la Haute école spécialisée bernoise, présenté lundi. Chaque année depuis 2015, ce sondage représentatif est réalisé auprès de quelque 1500 personnes âgées de 16 à 64 ans.

Cette année, les salariés estiment que leur situation est majoritairement positive, globalement meilleure que lors des enquêtes précédentes, a indiqué le président de Travail.Suisse Adrian Wüthrich, selon la version écrite de son discours.

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Seuls 11,2% des salariés se font du souci pour leur emploi. Ce chiffre n'a jamais été aussi bas depuis le début du baromètre, précise Travail.Suisse. Et de citer le faible taux de chômage et la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée comme facteurs explicatifs.

Stress, un problème majeur

Le stress reste en revanche un problème central. Depuis 2016, la part des travailleurs stressés est passée de 37,8% à 43%. "Si plus de 650'000 salariés souhaitent changer d'emploi en raison du stress, cela montre qu'il est urgent d'agir", souligne Adrian Wüthrich. Et d'exiger que la lutte contre le stress devienne "une priorité politique". De plus, près de trois salariés sur quatre s'attendent à une augmentation de leur charge de travail dans un avenir proche.

Les travailleurs des domaines de la santé et du social jugent leurs conditions de travail comme moins bonnes que dans d'autres secteurs. Cela fait entrer ces domaines dans un cercle vicieux: la pénurie de main-d'oeuvre accentue le stress et péjore les conditions de travail, ce qui pousse les professionnels à des arrêts de travail ou à changer d'emploi, augmentant encore la pénurie, a relevé la vice-présidente de Travail.Suisse Léonore Porchet.

Elle appelle donc le Conseil fédéral et le Parlement à mettre en oeuvre rapidement l'initiative sur les soins infirmiers.

Facteurs de satisfaction

Pour la première fois, le baromètre a examiné l'influence de différents facteurs sur la satisfaction au travail. Les activités physiquement pénibles, un travail à la lumière artificielle, une forte structure hiérarchique ainsi que le fait de travailler dans les secteurs de la santé et du social sont des facteurs qui influencent négativement la satisfaction des travailleurs, a expliqué Gabriel Fischer, responsable de la politique de formation chez Travail.Suisse.

Le genre semble également avoir une influence, les femmes ayant en moyenne un niveau de satisfaction inférieur aux hommes. A l'inverse, l'indépendance et le fait de siéger dans la direction de l'entreprise sont les deux éléments qui ont l'influence la plus positive.

Parmi les autres facteurs qui impactent positivement la satisfaction au travail figurent notamment une activité à temps partiel ou la possibilité de faire du télétravail. M. Fischer souligne toutefois que le télétravail a gardé son ambivalence. Malgré son impact général positif, seule une minorité (38,8%) fait du télétravail et la plupart des personnes qui n’en font pas (58,9%) n’a pas envie d'en faire.

Des efforts à faire sur l'égalité

Les différents intervenants ont rappelé que des efforts étaient encore nécessaires concernant l'application de la loi sur l'égalité. Selon sa version révisée, les entreprises de plus de 100 collaborateurs doivent effectuer une analyse des salaires et communiquer les résultats aux employés jusqu'à fin juin 2023. Pour l'instant, seuls un quart des employés ont reçu une telle communication.

Finalement, le président de Travail.Suisse a rappelé que le renchérissement représente une lourde charge pour les travailleurs et demandé des augmentations générales de salaire pour maintenir le pouvoir d'achat.