Sur le coup de 11h00, la nominative Credit Suisse reculait de 27,2 centimes (ou -8,2%) par rapport à son cours de clôture de vendredi - déjà historiquement bas - à 3,046 francs, quelques minutes après avoir marqué un nouveau plus bas historique à 2,955 francs. Ce qui lui valait de tenir la lanterne rouge du SMI des valeurs vedettes, en recul de 0,42%.
Les droits de souscription, cotés séparément sur SIX depuis ce lundi et donnant droit à l'achat de nouvelles actions, s'échangeaient autour de 0,141 franc, de sorte que la baisse du cours de Credit Suisse ne s'expliquait qu'à moitié par ce reflux.
Dans le cadre de l'augmentation de capital validée mercredi dernier lors d'une assemblée générale extraordinaire qui s'est tenue à huis clos, que la banque a justifié par les restrictions sanitaires, les actionnaires se sont vu octroyer un droit de souscription pour chaque titre détenu, sept donnant droit à l'achat de deux actions Credit Suisse nouvellement émises au prix de 2,52 francs l'unité.
Avec ce deuxième volet de son augmentation de capital la banque aux deux voiles espère lever autour de 2,24 milliards de francs. Le premier de vendredi, qui était réservé à des "investisseurs institutionnels", avait permis à Credit Suisse d'injecter des liquidités à hauteur de 1,76 milliard, provenant essentiellement de la Saudi National Bank (SNB) devenu son nouvel actionnaire de référence.
Nouvelle perte et reflux de capitaux
L'action du géant bancaire helvétique déchu n'en finit plus d'aligner les records négatifs. Le rythme s'est encore accentué la semaine dernière, avec l'annonce en préambule de l'assemblée générale précitée d'une nouvelle perte en milliards pour le troisième partiel, ainsi que des reflux de capitaux jugés préoccupants par une bonne partie de la communauté financière.
Les sorties massives d'avoirs de clients que subissent les activités de gestion de fortune ont une incidence directe sur la base de revenus de l'établissement. A en croire plusieurs médias, UBS et Morgan Stanley devraient être les principaux bénéficiaires de l'hémorragie de la clientère de Credit Suisse en Asie.
Le directeur de l'entité helvétique de Credit Suisse, André Helfenstein, a tenté de rassurer pendant le week-end, en assurant dans les colonnes de plusieurs titres dominicaux avoir "au total perdu seulement 1% de notre base d'actifs dans notre division suisse" et en réaffirmant que les activités de la banque sur son marché historique sont rentables.
Interrogé sur la remise en question de "l'adéquation culturelle" suscitée par l'entrée au capital de SNB, il a invité à être "prudents avec notre prétendue supériorité morale", rappelant qu'une partie importante de l'économie repose sur le pétrole.
Au faîte de sa gloire, avant l'éclatement de la bulle internet en 2000 et la crise financière de 2008, l'action Credit Suisse tutoyait les 100 francs. Après avoir évolué autour des 10 francs une bonne partie de 2021, elle a pris le chemin de la cave depuis le début de l'année, crevant régulièrement de nouveaux planchers.