Trois mois jour pour jour après l'accession sur le trône du roi Charles III, "Harry & Meghan" remet sur le devant de la scène une crise qui a vu la monarchie britannique accusée de n'avoir jamais accepté en son sein l'actrice américaine, métisse et divorcée, mais aussi de racisme.

Si les trois derniers épisodes jeudi prochain s'annoncent plus risqués pour la famille, avec le récit de leur départ en Californie, les trois premiers désormais disponibles dans le monde entier se concentrent sur le début de l'histoire d'amour du duc et duchesse de Sussex, jusqu'à leur mariage en 2018.

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Plutôt que d'attaquer son père désormais roi et son frère aîné William, il donne surtout l'occasion à Harry de s'en prendre aux tabloïds britanniques, qui au départ voyaient Meghan Markle comme un souffle d'air frais pour l'institution avant de rapidement devenir ouvertement hostiles envers la "duchesse capricieuse", incapable de se plier au protocole et aux règles très codifiées encadrant le rapport de la monarchie avec la presse.

"Exploitation et corruption"

La série s'ouvre sur les images de leur départ en 2020 et des propos qu'ils ont filmés eux-mêmes au téléphone. "Je suis vraiment inquiet pour la sécurité de ma famille", explique Harry depuis l'aéroport londonien d'Heathrow, avant de donner le ton: "j'ai l'impression qu'en faisant partie de cette famille, il est de mon devoir de dévoiler cette exploitation et cette corruption qui se produit au sein de nos médias."

Dans les trois épisodes, ils critiquent les méthodes des tabloïds qui décortiquaient les faits et gestes de Meghan, à laquelle personne n'a appris le protocole, pourchassaient sa famille et ses amis et allaient recueillir les confidences d'une demi-soeur qu'elle n'avait pas vue depuis 10 ans.

Le souvenir de la mère d'Harry, Diana, morte à Paris dans un accident de voiture en 1997 pourchassée par les paparazzis peu après son divorce avec Charles, revient régulièrement. "Voir une autre femme que j'aime traverser cette frénésie, c'est difficile. C'est le chasseur contre la proie", résume le prince de 38 ans.

"Peu importe les efforts que je faisais, si je me comportais bien, ce que je faisais, ils trouvaient toujours un moyen de me détruire", raconte Meghan, 41 ans.

Le documentaire utilise un extrait de l'interview confession de Diana en 1995, que William a pourtant demandé de ne jamais plus diffuser.

Mémoires à venir

Le couple a quitté le Royaume-Uni début 2020 pour la Californie, après qu'Harry eut renoncé à toutes ses obligations royales, et son impopularité n'a cessé de grandir chez les défenseurs de la famille royale.

Le couple, qui a deux jeunes enfants, est décrit désormais souvent au Royaume-Uni comme hypocrite, critiquant l'attention médiatique mais gagnant des millions de dollars en monnayant ses confessions. Après le documentaire sur Netflix, Harry doit publier ses mémoires intitulées "Le Suppléant" début janvier, promettant son lot de révélations.

Un an et demi après leur interview choc à la télévision américaine, dans laquelle ils avaient accusé un membre de la famille royale de racisme, Harry estime cette fois que ce facteur a joué un rôle important dans l'hostilité de la presse envers sa femme métisse. Il évoque également les "biais inconscients" à ce sujet au sein de la monarchie.

La famille fait front

La hache de guerre est donc loin d'être enterrée. Dans sa première allocution en tant que roi, au lendemain de la mort d'Elizabeth II, Charles III avait pourtant évoqué son fils cadet et sa femme, leur envoyant tout son "amour alors qu'ils continuent de construire leur vie à l'étranger".

La question désormais est de savoir si et comment Buckingham va réagir. Face aux accusations de racisme, Elizabeth II avait eu une réponse désormais célèbre: "les souvenirs peuvent varier".

Le 15 décembre, jour de la sortie des derniers épisodes de "Harry & Meghan", la famille royale fera front commun: elle sera réunie à l'abbaye de Westminster pour un concert de chants de Noël organisé par la princesse de Galles, Kate.