Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, 64 ans et domicilié à Lausanne depuis octobre 2019, avait été condamné à trois mois de prison ferme par ordonnance pénale du Ministère public au printemps dernier. Il s'en était pris à une journaliste de La Tribune de Genève et de 24 heures ayant publié un article à son sujet en août 2021, intitulé "Alain Soral diffuse aussi ses idées depuis Genève".

Opposé à cette sanction, prêt à plaider l'acquittement au procès, il comparaissait ainsi devant le Tribunal de police de l'arrondissement de Lausanne. Entendu en matinée, l'écrivain, journaliste et éditeur a justifié son opposition, non sans sous-entendre à plusieurs reprises être lui-même une victime.

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"Comme un droit de réponse"

"Je trouve la condamnation injuste car l'article me semblait en tout point mensonger et malhonnête, comme quoi j'étendais mon influence sur l'arc lémanique alors que l'article faisait référence à des séminaires de formation en droit qui ne sont pas dispensés par moi-même", a-t-il dit.

L'ordonnance pénale faisait suite à ses propos dans une vidéo publiée sur le site internet de son association Egalité et Réconciliation (E&R), qualifié de "site de réinformation". Il y avait tenu un discours homophobe envers la journaliste en raison de ses articles publiés dans les deux journaux lémaniques, la traitant notamment de "grosse lesbienne" et "militante queer", insinuant que ce dernier terme voulait dire "désaxé". La journaliste avait déposé une plainte pénale en septembre 2021.

Alain Soral a expliqué que cette vidéo était un "droit de réponse en tant que journaliste à une autre journaliste, en l'occurrence militante d'une communauté LGBT qui m'est hostile, une mise au point d'un média à un autre média".

Il a plusieurs fois évoqué une "campagne de dénigrement" de la part de la Tribune de Genève mais aussi de "l'acharnement" de la communauté LGBT, rappelant être victime d'injures et de menaces par celle-ci, citant notamment une banderole arc-en-ciel au slogan "Crève raclure" qui le ciblait.

"Aujourd'hui, je m'abstiendrais"

Longtemps interrogé par la présidente Malika Turki, le pamphlétaire a imaginé qu'il "aurait pu faire le dos rond". "J'étais peut-être un peu à fleur de peau à ce moment-là (...) Je me suis exprimé de manière un peu cavalière. Aujourd'hui, je m'abstiendrais. J'ai peut-être été maladroit", a-t-il affirmé. Il estime que des torts lui ont aussi été causés.

Alain Soral a également tenu à souligner qu'il n'avait eu "aucune activité politique ni manifestation publique en Suisse". "Je suis en Suisse pour être tranquille et écrire dans le calme (...) Ma seule activité en trois ans a été l'écriture".

Quelle était l'utilité de mentionner l'orientation sexuelle de la journaliste? lui a demandé la présidente du tribunal. "Je voulais évoquer son être social, son appartenance, son positionnement journalistique en tant que militante", a répondu Alain Soral. Mme Turki s'est par ailleurs étonnée: "Vous vous emportez dans votre vidéo sur un article rarement aussi factuel sur vous".

"Choquée"

De son côté, la journaliste s'est dite "sentie attaquée sur son homosexualité". "J'ai été frappée par la mise en scène de la vidéo avec ma photo en grand et choquée par les commentaires haineux qui sont restés sous ma photo, sans modération. Cela m'a fait prendre conscience des effets de l'incitation à la haine, à mon encontre et par ricochet à l'encontre de la communauté LGBT", a-t-elle déclaré.

Un témoin est venu dire à quel point la vidéo avait eu "des effets dévastateurs au niveau psychologique" sur la journaliste.

Le procès se poursuit dans l'après-midi avec le réquisitoire du procureur général vaudois Eric Cottier, son dernier avant son départ à la retraite à la fin de l'année, et les plaidoiries.

A
ats