Déjà entamée par la chute des cours du bitcoin et consorts, la confiance dans le potentiel des cryptoactifs est au plus bas depuis la chute de FTX, devenu insolvable en novembre.

Pour le géant Binance, qui avait annoncé un rachat de la plateforme avant de renoncer, cette inquiétude a provoqué un bond des retraits la semaine dernière, jusqu'à 6 milliards de dollars en trois jours à peine.

Le cabinet d'audit Mazars qui devait livrer une "preuve des réserves" du site a brusquement arrêté ce type de rapport avec l'ensemble des entreprises de cryptomonnaies, en raison d'une "incompréhension publique": ce document ne donne notamment aucune information sur le passif (les dettes).

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Enfin, des médias affirment que les procureurs américains enquêtent toujours sur des accusations de blanchiment d'argent et des violations de sanctions internationales envers la société et son charismatique patron Changpeng Zhao, surnommé "CZ".

"Il est absolument vital que Binance survive. Une disparition serait un coup dévastateur pour la crypto et entraînerait probablement une grande partie du secteur dans sa chute", a affirmé Dan Ashmore, analyste chez Invezz, une société d'investissement spécialisé.

Ce serait l'"Armageddon", le rejoint l'investisseur Leigh Drogen, dirigeant du fond Starkiller Capital.

Oubli de plus d'un demi-milliard

Les apparitions publiques de CZ n'ont pour le moment guère réussi à calmer la nervosité ambiante.

Interrogé sur la chaîne CNBC, le multi-milliardaire sino-canadien a récemment affirmé avoir "oublié" une partie importante d'un paiement de 2,1 milliards de dollars reçu l'année dernière de FTX, sous forme de "jetons" désormais sans valeur. Et le remboursement de cette somme est susceptible d'être demandé par les liquidateurs.

"Est-ce que le fait d'oublier plus d'un demi-milliard de dollars est censé me rendre plus confiant dans la capacité de Binance à gérer correctement une bourse d'échange ?", a écrit Genevieve Roch-Decter de Grit Capital, dans une tribune pour le site d'actualités cryptographiques Coindesk.

Le fonctionnement de la plateforme, dont on ignore la localisation du siège social, et le rôle réel joué par son patron, hyper-actif sur Twitter, restent de plus opaques.

"Qui est à la manoeuvre ? Est-ce la même chose que FTX ?", dont l'ancien dirigeant de 30 ans, Sam Bankman-Fried, est désormais inculpé de fraude et de détournement de fonds par un procureur aux Etats-Unis, s'interroge Leigh Drogen.

"Nous sommes favorables à une transparence accrue et nous étudions la meilleure façon de la fournir dans les mois à venir", a déclaré à l'AFP un porte-parole de Binance, interrogé sur la structure de l'entreprise.

Trop gros pour faire faillite... ou pas

"Bien qu'il y ait des parallèles évidents avec FTX, les différences sont nombreuses, la plus notable étant que Binance ne possède pas un fond spéculatif géant", nuance Charlie Erith, dirigeant du fonds ByteTree.

La plupart des accusations contre FTX reposent sur l'utilisation présumée par la plateforme des fonds des clients pour les paris risqués du fonds Alameda Research.

Binance dispose également d'environ 10 fois plus de dépôts que FTX avant la faillite, ce qui lui donne plus de marge pour absorber une hausse soudaine des retraits.

Pour Leigh Drogen, les fonds de capital-risque exposés aux cryptomonnaies ont pour l'instant besoin de Binance, et de ses multiples services financiers, pour assurer leurs positions.

Mais à plus long terme, le gouvernement américain pourrait estimer qu'aucun acteur dans la crypto "n'est trop gros pour faire faillite", affirme l'analyste.