De leur côté, au siège des Nations unies à New York, les 15 membres du Conseil de sécurité se sont déclarés dans un communiqué "profondément alarmés" par la décision du régime afghan de suspendre l'accès des femmes à l'université et de leur interdire de travailler dans des ONG.

"Ces restrictions inimaginables imposées aux femmes et aux filles vont non seulement augmenter les souffrances de tous les Afghans mais, je le crains, poser un risque au-delà des frontières de l'Afghanistan", écrit M. Türk dans un communiqué.

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Il met en garde les talibans: "Aucun pays ne peut se développer - voire survivre - socialement et économiquement si la moitié de sa population est exclue."

Les talibans, qui ont pris le pouvoir à Kaboul à la mi-août 2021 et dont l'autorité n'est pas reconnue par l'essentiel de la communauté internationale, ont interdit à quelques jours d'intervalle aux femmes et aux filles de poursuivre des études universitaires et, depuis le 24 décembre, de travailler dans des ONG nationales ou internationales.

ONG dépendantes du personnel féminin

"Ce dernier décret des autorités de facto aura des conséquences terribles pour les femmes et pour tout le peuple afghan", a souligné le Haut-Commissaire.

"Interdire aux femmes de travailler dans les ONG les privera, elles et leurs familles, de leurs revenus, et de leur droit de contribuer positivement au développement de leur pays et au bien-être de leurs concitoyens", a souligné M. Türk, joignant sa voix à un concert de réprobations du monde entier.

De très nombreuses ONG dépendent de leur personnel féminin et ne seront pas en mesure de fonctionner sans lui. Lundi, une demi-douzaine d'entre les très nombreuses ONG qui sont présentes dans le pays avaient suspendu leur activité, les talibans ayant menacé de révoquer les autorisations des organisations qui ne respecteraient pas le décret.

Services essentiels

"L'interdiction compromettra considérablement, voire détruira, la capacité de ces ONG à fournir les services essentiels dont dépendent tant d'Afghans vulnérables", prédit le chef des droits humains à l'ONU, plus de la moitié de la population -soit environ 24 millions de personnes- dépendant d'une manière ou d'une autre de l'aide humanitaire.

De son côté, le Conseil de sécurité a réclamé la réouverture des établissements scolaires et universitaire aux femmes et jugé que l'interdiction qui leur est faite de travailler dans des ONG aura "un impact significatif et immédiat sur les opérations humanitaires dans le pays, y compris pour celles de l'ONU".

En dépit de leurs promesses de se montrer plus souples, les talibans sont revenus à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001).

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les mesures liberticides se sont multipliées en particulier à l'encontre des femmes qui ont été progressivement écartées de la vie publique et exclues des collèges et lycées.