La Pologne et d'autres pays de l'Union européenne frontaliers de l'Ukraine ont imposé des interdictions temporaires sur les exportations de céréales ukrainiennes à la suite des protestations des agriculteurs contre l'effondrement des prix lié à l'afflux.

Les céréales ukrainiennes destinées à des pays étrangers transitent par l'Union européenne depuis que l'itinéraire traditionnel d'exportation via la Mer Noire est bloqué par l'invasion russe.

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Contrôles "fluides"

Le transit via la Pologne de plusieurs denrées alimentaires, dont le sucre, la viande, les fruits et les légumes, a été autorisé à partir de 02H00 du matin, après l'entrée en vigueur d'une réglementation gouvernementale. Les exportateurs ukrainiens ne peuvent cependant pas vendre ces produits sur le marché polonais.

"Nous supposons que les contrôles seront assez fluides, jusqu'à présent il n'y a pas de signes que des files d'attente se formeront", a déclaré vendredi Bartosz Zbaraszczuk, chef de l'agence polonaise des Douanes. Le premier convoi comprenait cinq camions transportant de la viande, des oeufs et du maïs vers les Pays-Bas.

La Pologne a interdit samedi dernier l'entrée de dizaines de denrées alimentaires ukrainiennes, principalement des céréales, en réponse aux protestations des agriculteurs. La décision a été prise sans consulter ni Kiev, ni la Commission européenne, provoquant des critiques des deux bords.

Stocks et chute des prix

Depuis le début de la guerre en Ukraine, des stocks de céréales se sont accumulés en Pologne, faisant chuter les prix locaux, ce qui a conduit à des manifestations et à la démission du précédent ministre polonais de l'Agriculture. Selon les estimations, environ quatre millions de tonnes de céréales ukrainiennes sont actuellement stockés en Pologne.

La Hongrie, la Slovaquie et la Bulgarie ont, par la suite elles aussi, imposé des interdictions temporaires similaires.

Mardi, Varsovie et Kiev ont annoncé un accord pour permettre le transit par la Pologne, sous strict contrôle, impliquant la mise en place de scellés électroniques munis de traceurs GPS sur les transports et des convois spéciaux des transports pendant une semaine.

"Nous ne laisserons un tel transport sortir de notre champ de vision que lorsqu'il entrera dans un port (...) ou qu'il quittera la frontière polonaise", a déclaré M. Zbaraszczuk.

Agriculteurs sceptiques

Les agriculteurs quant à eux restent sceptiques. "Si ce transit va vers nos ports aujourd'hui, cela ne résoudra pas la situation dans nos fermes et nos entrepôts, car les céréales et les produits ukrainiens les remplaceront, entrant ainsi en concurrence avec nos produits", a dit Wieslaw Burzynski de la chambre agricole de la région de Poméranie (nord).

Pour résoudre la situation et calmer la colère des agriculteurs, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a annoncé vendredi un important paquet d'aides d'une valeur de dix milliards de zlotys, (2,13 milliards de francs) et instaurant notamment des subventions à la vente des céréales.

"Nous utilisons nos propres ressources provenant du budget de l'Etat polonais, mais l'accord doit venir de la Commission européenne - afin qu'un fonctionnaire européen ne frappe pas à la porte d'un agriculteur pour exiger le remboursement de ce paiement que nous avons effectué", a-t-il ajouté.

Le gouvernement populiste à Varsovie reproche à Bruxelles une réaction trop tardive face à l'afflux des céréales ukrainiennes.

A
ats