Sans changement, le pays le mieux noté est la Norvège et le dernier la Corée du Nord. La Suisse gagne deux places, mais ne figure qu'au 12e rang. La France est 24e. Globalement, les conditions d'exercice du journalisme sont mauvaises dans 7 pays sur 10.

Dans les deux tiers des 180 pays évalués, les spécialistes qui contribuent à l'élaboration du classement "signalent une implication des acteurs politiques" dans des "campagnes de désinformation massive ou de propagande", selon RSF. C'est le cas de la Russie, de l'Inde, de la Chine ou du Mali.

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Plus largement, ce classement "met en lumière les effets fulgurants de l'industrie du simulacre dans l'écosystème numérique". "C'est l'industrie qui permet de produire la désinformation, de la distribuer ou de l'amplifier", explique Christophe Deloire, secrétaire général de l'ONG.

"Déluge"

C'est, selon lui, le cas des "dirigeants de plateformes numériques qui se moquent de distribuer de la propagande ou de fausses informations" et dont "l'exemple type" est "le propriétaire de Twitter, Elon Musk".

Autre phénomène, les faux contenus créés par l'intelligence artificielle (IA). "Midjourney, une IA qui génère des images en très haute définition, alimente les réseaux sociaux en faux de plus en plus vraisemblables", souligne RSF, citant de fausses photographies de l'arrestation de Donald Trump "reprises de manière virale".

On assiste également à "des productions manipulatoires à grande échelle" par des sociétés spécialisées, pour le compte de gouvernements ou d'entreprises.

En février, une vaste enquête du collectif de journalistes d'investigation Forbidden Stories avait ainsi révélé les activités d'une société israélienne baptisée "Team Jorge" et spécialisée dans la désinformation.

Toutes ces "capacités de manipulation inédites sont utilisées pour fragiliser celles et ceux qui incarnent le journalisme de qualité, en même temps qu'elles affaiblissent le journalisme lui-même", prévient RSF. "L'information fiable est noyée sous un déluge de désinformation", juge M. Deloire. "On perçoit de moins en moins les différences entre le réel et l'artificiel, le vrai et le faux".

"L'un des enjeux majeurs, c'est de remettre des principes démocratiques dans ce gigantesque marché de l'attention et des contenus", estime-t-il.

Le Brésil remonte

Au classement, les baisses les plus importantes s'observent au Pérou (110e, -33 places), au Sénégal (104e, -31 places), à Haïti (99e, -29) ou en Tunisie (121e, -27). A l'inverse, le Brésil (92e) remonte de 18 places après le départ de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro, battu par Lula lors de la présidentielle à la fin octobre.

"Le Brésil avait beaucoup chuté avec Bolsonaro, qui était violent à l'encontre des journalistes", mais "il n'y a pas de caractère inéluctable au déclin de la liberté de la presse", note M. Deloire.

La Suisse, qui gagne deux places, se maintient parmi les pays où la situation est qualifiée par RSF de "plutôt bonne". Elle ne rejoint cependant pas les huit pays où la liberté d'informer est la mieux protégée. La légère progression de la Suisse s'explique avant tout avec la fin de la crise sanitaire, marquée par une montée de l'hostilité envers les médias.

La France, elle, passe de la 26e à la 24e place. Ce "petit gain" s'explique "notamment parce que la situation se dégrade ailleurs", selon M. Deloire. Ainsi, l'Allemagne (21e) perd 5 places, en raison, selon RSF, d'un "nombre record de violences et d'interpellations de journalistes".

Maghreb dangereux

Au classement régional, "la région Maghreb/Moyen-Orient reste la plus dangereuse pour les journalistes" et l'Europe celle "où les conditions d'exercice du journalisme sont les plus faciles".

Le classement mondial de la liberté de la presse est réalisé par RSF sur la base "d'un relevé quantitatif des exactions commises envers les journalistes" d'une part et "d'une étude qualitative" d'autre part.

Cette dernière se fonde "sur les réponses de centaines d'experts de la liberté de la presse (journalistes, universitaires, défenseurs des droits fondamentaux) à une centaine de questions".

A
ats