"Je me réjouis de pouvoir renforcer la coopération entre l'Inde et la France au cours de cette visite", a tweeté le Premier ministre après avoir été accueilli sur tapis rouge à sa descente d'avion à la mi-journée par la Première ministre Elisabeth Borne. Il devait prendre la parole devant la communauté indienne de France jeudi soir, et assistera vendredi au défilé militaire auquel participera un fort contingent indien.

également interessant
 
 
 
 
 
 

Achat d'avions et de sous-marins

L'Inde, qui a déjà notamment commandé 36 de ces avions pour son armée de l'Air, a donné jeudi son accord de principe jeudi pour l'achat à la France de 26 avions de chasse Rafale, en version Marine pour porte-avions, et de trois sous-marins Scorpène. Le prix et d'autres conditions devaient encore être négociés avec le gouvernement français.

Les Rafale version Marine de Dassault Aviation sont destinés au premier porte-avions de fabrication indienne, baptisé INS Vikrant et mis en service l'an dernier. L'Inde avait déjà acheté six sous-marins Scorpène, conçus par Naval Group.

Convergence de vues

La France est le premier pays occidental avec qui l'Inde a noué un tel partenariat a rappelé M. Modi dans un entretien au journal Les Echos.

Les deux pays ont aussi une certaine convergence de vues en matière de relations internationales. Paris se veut une puissance d'équilibre, multipliant les canaux de dialogue et souhaitant être un pont entre le bloc occidental et le reste du monde.

"Nous avons le même désir d'autonomie stratégique. Nos deux pays sont profondément attachés au droit international et nous voulons que le monde soit multipolaire", a déclaré M. Modi aux Echos, affirmant que l'Inde voyait la France comme "l'un de (ses) principaux partenaires mondiaux".

New Delhi, géant asiatique en première ligne face à la montée en puissance de la Chine, est pour sa part adepte du multi-alignement, continuant par exemple de coopérer avec la Russie mise au ban par l'Occident depuis l'invasion de l'Ukraine.

Dîner au Louvre vendredi

Comme le soulignait cette semaine l'Elysée "l'Inde est un des piliers dans le cadre de notre stratégie indopacifique", cette vaste zone couvrant les océans Indien et Pacifique, théâtre de tensions internationales croissantes entre Pékin et Washington et où la France possède des intérêts et territoires d'outre-mer.

Après avoir parlé à la diaspora, M. Modi aura un dîner privé avec Emmanuel Macron au palais de l'Elysée et vendredi, outre le défilé, il aura divers rendez-vous avant le dîner officiel dans le prestigieux musée du Louvre avec plus de 200 convives. Une déclaration conjointe à la presse est également prévue.

"Coopération sécuritaire, spatiale, nucléaire civil, technologie, anti-terrorisme, cybersécurité, changement climatique, énergies renouvelables... seront au menu des discussions des deux dirigeants", a énuméré mercredi le secrétaire indien aux Affaires étrangères, Vinay Kwarta.

Poids-lourd incontournable

A la fois première puissance démographique du monde, géant économique, grand émetteur de gaz à effet de serre et puissance nucléaire, l'Inde est un poids-lourd incontournable, de plus en plus courtisé. Il y a quelques semaines, Narendra Modi avait eu les rares honneurs d'une visite d'Etat à Washington.

"L'Inde a vu son influence augmenter significativement ces dernières années", relève la chercheuse Fawa Aamer, d'ASPI, qui rappelle qu'elle occupe actuellement la présidence du G20.

Droits humains peu abordés

Si la France a réussi à tisser un lien privilégié avec elle, c'est aussi parce qu'elle "commente rarement les affaires internes indiennes", estime de son côté Constantino Xavier, du centre de réflexion CSEP. "Cela est apprécié en Inde".

Le gouvernement est pourtant dans le collimateur de plusieurs ONG et institutions internationales. Narendra Modi "avec son gouvernement nationaliste hindou, n'a cessé de porter atteinte aux droits humains et à la démocratie", dénoncent les signataires d'une tribune publiée la semaine dernière par le journal communiste l'Humanité.

Quelques dizaines de manifestants, dont deux députés de la gauche radicale sont réunis jeudi à Paris pour dénoncer cette visite. "Pas de tapis rouge pour un ennemi des droits humains" proclamait une banderole.

A Strasbourg (Est), le Parlement européen a demandé jeudi dans une résolution sans portée contraignante que les droits humains soient intégrés "à tous les domaines" couverts par le partenariat entre l'UE et l'Inde.