La BoJ a décidé vendredi d'être dorénavant plus flexible sur son contrôle des taux d'intérêt obligataires japonais à dix ans, en renonçant à les plafonner à 0,5% et en se fixant de facto une nouvelle limite à 1%.

Mais elle n'a pas pour autant renoncé à sa politique monétaire ultra-accommodante, continuant de penser qu'une inflation stable de 2% au Japon "n'est pas encore en vue", bien que cet objectif soit largement dépassé depuis l'an dernier et que cette situation devrait perdurer cette année.

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Lundi matin, alors que les rendements des obligations publiques japonaises (JGB) à dix ans montaient au-delà de 0,6%, la BoJ a annoncé une opération d'achat de JGB de maturité cinq à dix ans pour 300 milliards de yens (1,8 milliard de francs) aux taux du marché.

Cette mesure a eu pour effet immédiat de faire stagner les rendements à dix ans autour de 0,6% et de faire fondre le yen par rapport au dollar et à l'euro.

Le dollar valait 141,84 yens vers 06H00 GMT, alors qu'il était descendu jusqu'à 140,69 yens avant l'annonce de la BoJ. La Bourse de Tokyo a clôturé confortablement dans le vert (indice Nikkei: +1,26%), portée par cet effet de change favorable pour ses valeurs exportatrices.

Un "message" au marché

"La BoJ veut voir un développement plus flexible dans la formation des rendements sur le marché obligataire japonais, mais d'un autre côté, elle ne veut pas (de mouvements, NDLR) instables ou très volatils", a décrypté Shigeto Nagai, un spécialiste de la banque centrale japonaise chez Oxford Economics, interrogé lundi par l'AFP.

Son opération surprise de ce lundi est ainsi un "message" adressé au marché pour lui faire comprendre qu'elle n'acceptera pas de mouvements trop brutaux ou spéculatifs, a ajouté M. Nagai.

Vendredi, la BoJ a aussi annoncé qu'elle proposerait désormais d'acheter quotidiennement des JGB à dix ans au taux fixe de 1%, sa nouvelle ligne rouge.

Mais, actuellement, personne n'a intérêt à souscrire à une telle offre, car plus le rendement d'une obligation est élevé, plus son prix est bas, a encore souligné M. Nagai. Vendre des JGB à la BoJ dans ces conditions reviendrait ainsi à les vendre à perte.

Son intervention inattendue de ce lundi "est une tentative de réduire la pression à la hausse sur les rendements obligataires" japonais, a aussi commenté pour l'AFP Stefan Angrick, économiste de Moody's Analytics.

Les marchés financiers "sont en train de tester" la BoJ pour voir à quoi son nouveau contrôle flexible du marché obligataire va ressembler. "Cela va prendre du temps pour les marchés de digérer l'impact de son dernier ajustement", a ajouté M. Angrick.

S
SDA