La centaine de représentants de la presse écrite, en ligne et audiovisuelle réunis au Musée olympique à Lausanne ont notamment pu entendre les explications de Catherine Chammartin, directrice de l'Institut fédéral de la propriété intellectuelle (IPI), qui pilote le projet de droit voisin en Suisse.

Fin mai, le gouvernement a présenté un projet de révision du droit d'auteur qui vise à faire payer les grandes plateformes pour les courts extraits d'articles visibles dans les listes de résultats («snippets» en anglais). La consultation à ce sujet vient de s'achever. Et les résultats sont «controversés», a admis Catherine Chammartin.

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Alors qu'une étude d'impact mandatée par l'IPI n'a pas conclu à une défaillance du marché et préconise d'attendre, le Conseil fédéral veut aller de l'avant, car «il vaut mieux »prévenir que réparer«, selon les termes de la directrice de l'IPI.

»Personnellement, je n'y crois pas«

La juriste a souligné que la Suisse a choisi une autre voie que l'Union européenne. Le projet du Conseil fédéral mise en effet sur une solution collective qui permettrait à l'ensemble des médias de recevoir une contribution, y compris les plus petits. En Allemagne ou en France, ces derniers ont dû concéder des licences gratuites aux plateformes, pour éviter d'être »déréférencés« par ces dernières.

Catherine Chammartin ne partage ainsi pas les craintes de l’association des Médias d’Avenir (AMA), une coalition de 27 petites entreprises de presse indépendantes, qui estime que les grands médias profiteront de manière disproportionnée du droit voisin. »La voie de la gestion collective est meilleure pour un petit pays comme la Suisse, car cela donne davantage de pouvoir de négociation«, a souligné la directrice de l'IPI.

Mme Chammartin a par ailleurs indiqué qu'il n'était pas encore possible d'articuler un montant que les médias pourraient recevoir. Elle a relevé le grand écart entre le calcul de l'étude d'impact demandée par l'IPI (entre 2 et 46 millions de francs) et la somme espérée par les éditeurs (154 millions).

»Personnellement, je n'y crois pas, mais je vous le souhaite«, a lancé la directrice de l'IPI à l'adresse des éditeurs. Elle a précisé que les résultats de l'évaluation de la procédure de consultation seront disponibles dans la première moitié de 2024.

Publicité: la Suisse romande souffre

L'arrivée en force des outils d'Intelligence artificielle (IA) dans le monde du journalisme a été décrite par Kati Bremme, responsable de l'innovation chez France Télévisions. Elle a parlé d'une »disruption«, et pointé les dangers de désinformation.

Des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) ont présenté des initiatives portées par des jeunes dans les médias romands. Ils ont aussi présenté des exemples de réseaux sociaux qui attirent les audiences jeunes.

Le forum s'est achevé avec un débat sur les difficultés actuelles du marché publicitaire. Les intervenants ont constaté le recul des budgets publicitaires pour la Suisse francophone, en faveur de la Suisse alémanique, qui accueille les centres de décision. L'année 2023 a par ailleurs été qualifiée d'»annus horribilis" sur le plan publicitaire, en raison de la prise de contrôle du Credit Suisse par UBS.

Le Forum est porté par la RTS, Médias Suisses, Communication Suisse (l'association faitière de la publicité et de la communication), Ringier Axel Springer Suisse, ainsi que par les associations des télévisions et radios régionales romandes.

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SDA